e. “Vous faites le deuil de votre fille, vous vous préparez à lui dire adieu, et soudain, on vous apprend qu’elle a été assassinée. Qu’elle s’est battue. Qu’elle a eu peur.”

La dévastation de la famille Morvan est double. Il y a le choc de la violence, de la haine que cet acte implique. Qui pouvait en vouloir à Cindy au point de lui ôter la vie de manière si cruelle ? L’absence d’effraction suggère qu’elle connaissait son agresseur, qu’elle lui a ouvert sa porte. Cette pensée est un poison qui s’infiltre dans l’esprit de ses parents. Chaque ami, chaque connaissance, chaque ex-petit ami devient un suspect potentiel.

Mais il y a aussi la dévastation de la trahison. Le sentiment que, pendant une semaine, ils n’ont pas pleuré la bonne histoire. Ils ont pleuré une fatalité, alors qu’ils auraient dû crier à l’injustice. “On nous a volé notre deuil”, a murmuré sa mère aux enquêteurs.

Une enquête relancée, un drame décuplé

Pour le procureur de la République, saisi de ces nouveaux éléments, l’affaire change radicalement de dimension. D’un dossier classé “mort suspecte” mais probablement naturelle, on passe à une qualification criminelle : homicide volontaire. Une enquête en flagrance a été ouverte et confiée à la police judiciaire.

L’appartement de Cindy, qui avait été scellé par précaution, est désormais le centre de toutes les attentions. Les techniciens de l’identité judiciaire y sont retournés pour un examen millimétrique. Chaque fibre, chaque empreinte, chaque donnée téléphonique est réexaminée à l’aune de cette nouvelle vérité.

Pour les proches, c’est le début d’un nouveau calvaire. Le deuil est suspendu, remplacé par la colère et l’angoisse. Les funérailles, prévues en fin de semaine, sont reportées. Le corps de Cindy, preuve centrale de l’enquête, reste sous la garde de la justice.

L’autopsie, cet examen de la mort, a paradoxalement ramené Cindy au centre d’une histoire bien vivante, une histoire de violence et de trahison. Elle a donné la parole à la victime, qui, de sa table de métal froid, a crié qu’elle ne s’était pas simplement endormie.

La communauté locale est sous le choc. Sur les réseaux sociaux, où Cindy partageait ses photos de paysages brumeux et de cafés parisiens, les messages de condoléances se muent en appels à la justice. La peur s’est installée. Si une fille “sans histoires” comme Cindy peut être assassinée dans son propre appartement, qui est en sécurité ?

La douloureuse quête de justice

Je garde précieusement ton sourire bienveillant", le monde du vélo pleure  Cindy Morvan tuée par balles à Calais

La famille Morvan, anéantie par cette vérité, doit maintenant trouver la force de se battre. Ils ne se battent plus contre le chagrin, mais contre un meurtrier. Ils devront affronter les détails sordides de l’enquête, les interrogatoires, peut-être un procès. L’autopsie n’était pas la fin du chemin, c’était le début d’une guerre.

“Ils voulaient savoir comment elle était morte,” résume l’ami de la famille. “Ils ont découvert pourquoi ils devaient se battre.”

Le rapport d’autopsie de Cindy Morvan n’est pas qu’un document médical. C’est le testament brutal d’une vie volée et le premier chapitre d’une enquête qui s’annonce complexe et douloureuse. Pour ses parents, la paix est désormais une destination lointaine, bien au-delà de la simple compréhension de la mort. Elle ne réside que dans la justice.