Accusé de soutenir l’occupation : le concert explosif de Kendji Girac qui a divisé le Liban
Juillet 2019. L’air estival de Beyrouth, habituellement empreint de musique et d’insouciance, se charge d’une tension électrique. Dans quelques jours, l’une des plus grandes stars de la pop française, Kendji Girac, doit se produire sur la scène mythique du Casino du Liban. Les billets se sont vendus comme des petits pains, et des milliers de fans attendent avec impatience de vibrer au son de ses tubes gitans. Pourtant, une ombre menaçante plane sur l’événement. Loin des projecteurs et des mélodies entraînantes, une controverse d’une gravité exceptionnelle est sur le point d’éclater, transformant une simple date de tournée en une affaire politique qui allait secouer le pays du Cèdre et bien au-delà.
Tout commence par un article. Pas n’importe lequel. Une enquête publiée par le célèbre quotidien libanais Al-Akhbar, connu pour ses positions tranchées et son journalisme sans concession. Le titre est une bombe : « Kendji Girac au Casino du Liban… un chanteur qui soutient l’occupation ». En quelques mots, l’idole des jeunes se retrouve projetée au cœur du conflit le plus sensible de la région. L’article ne se contente pas d’insinuer ; il accuse. La pièce à conviction ? La participation du chanteur, en mai 2018, à un gala de charité organisé à Paris par l’association « Migdal ».
Pour un lecteur non averti, ce nom n’évoque rien. Mais pour les militants pro-palestiniens et une grande partie de l’opinion publique libanaise, il est synonyme de provocation. « Migdal » est une organisation qui lève des fonds pour soutenir la police des frontières israélienne, le « Magav », une unité de l’armée souvent accusée d’exactions et de violences contre les Palestiniens dans les territoires occupés. En s’affichant à cet événement, Kendji Girac, consciemment ou non, a franchi une ligne rouge infranchissable pour beaucoup au Liban, un pays qui reste techniquement en état de guerre avec son voisin israélien et qui a connu sur sa propre chair les affres de l’occupation.
L’effet est immédiat et dévastateur. La nouvelle se répand comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. La machine militante s’emballe, menée par la très active « Campagne de Boycott des Partisans d’Israël au Liban », la branche locale du mouvement international BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions). Leur message est clair et inflexible : le concert doit être annulé. Pour eux, accueillir un artiste ayant manifesté un tel soutien, même indirect, à une entité de l’armée israélienne est une insulte à la mémoire des martyrs libanais et une trahison de la cause palestinienne.
La pression monte d’heure en heure. Les appels au boycott inondent la toile, les pétitions circulent, et les organisateurs du concert se retrouvent pris dans une tempête qu’ils n’avaient pas anticipée. Le public libanais, habituellement si uni dans sa passion pour les grands concerts internationaux, se fracture. D’un côté, les fans inconditionnels de Kendji, qui crient à l’injustice, arguant que l’art ne devrait pas être mêlé à la politique et que le chanteur ignorait probablement la nature exacte de l’association qu’il soutenait. Ils défendent un jeune homme de 22 ans, peut-être naïf, mais certainement pas un militant pro-occupation. De l’autre, une vague de citoyens indignés, pour qui la neutralité n’est pas une option. Pour eux, l’ignorance n’est pas une excuse, et la présence de l’artiste sur le sol libanais est tout simplement inacceptable.
Au milieu de cette tourmente, le silence du principal intéressé est assourdissant. Ni Kendji Girac, ni son management ne publient de communiqué. Pas un mot d’explication, pas une tentative de clarification, pas une once d’excuse. Ce silence est interprété de manières radicalement opposées. Pour ses défenseurs, c’est une stratégie sage pour ne pas envenimer une situation déjà explosive. Pour ses détracteurs, c’est la preuve ultime de son mépris, voire une confirmation silencieuse de ses sympathies. Chaque heure qui passe sans réponse de sa part ne fait qu’attiser la colère et renforcer la détermination des boycotteurs.
Malgré la controverse grandissante et les menaces qui pèsent sur l’événement, les organisateurs tiennent bon. Le concert n’est pas annulé. Le soir du 6 juillet 2019, la scène du Casino du Liban s’illumine. L’ambiance est étrange, un mélange de défi et de fête. La sécurité a été visiblement renforcée. Dans la salle, les fans sont bien présents, déterminés à profiter du spectacle pour lequel ils ont payé. Kendji monte sur scène, guitare en main, et livre la performance énergique et charismatique qu’on lui connaît. Il chante l’amour, la fête, la vie, comme si de rien n’était. Sur scène, la musique triomphe. Mais à l’extérieur, les échos de la polémique ne se sont pas tus.
Le fait que le concert ait eu lieu est une victoire pour les organisateurs et les fans, mais c’est une victoire au goût amer. L’affaire a laissé des traces profondes. Elle a mis en lumière la ligne de crête de plus en plus étroite sur laquelle marchent les artistes internationaux dans un monde globalisé mais profondément divisé. Ce n’est pas la première, ni la dernière fois qu’une célébrité se retrouve prise au piège du conflit israélo-palestinien. Des artistes comme Madonna, Lana Del Rey ou Radiohead ont tous fait face à des pressions similaires du mouvement BDS pour annuler leurs performances en Israël.
Le cas de Kendji Girac au Liban est cependant unique par sa complexité. Il ne s’agissait pas de se produire en Israël, mais dans un pays arabe, après avoir été associé à une cause pro-israélienne. L’incident a servi de puissant rappel : au Moyen-Orient, chaque geste, chaque association, chaque photo peut être scrutée à travers un prisme politique intense. Pour les artistes, le devoir d’information sur les causes qu’ils soutiennent n’a jamais été aussi crucial.
Finalement, les lumières du Casino du Liban se sont éteintes et Kendji Girac a quitté le pays. La musique s’est arrêtée, mais le débat, lui, a continué de faire rage. L’affaire a-t-elle changé la perception du chanteur dans le monde arabe ? Indéniablement. A-t-elle servi d’avertissement aux autres stars internationales ? Certainement. Plus qu’un simple concert, la soirée du 6 juillet 2019 restera comme le symbole d’une collision frontale entre la culture pop et la géopolitique la plus brûlante, une nuit où les notes de guitare gitane se sont mêlées, malgré elles, au fracas de l’histoire.
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