“On repart en tournée tous les deux” : la révélation déchirante de Jacques Dutronc sur Laeticia Hallyday et la nuit où Johnny a été brisé

Article: Le Silence Brisée d’une Légende : Les Derniers Jours Aigres de Johnny Hallyday

À 82 ans, Jacques Dutronc, le plus farouche défenseur de la discrétion et de l’omerta dans le paysage musical français, a choisi de rompre son silence. Et quand le dandy de la chanson française décide de parler, ce n’est pas pour une simple anecdote, mais pour lâcher une véritable bombe. Le sujet de sa révélation explosive ? Laeticia Hallyday et la dispute violente qui a gâché la toute dernière soirée de la tournée des Vieilles Canailles en 2017, une fracture qui a laissé Johnny Hallyday, son ami de toujours, profondément affecté, seul et désabusé, quelques mois seulement avant sa mort.

Les mots de Dutronc, courts et secs, résonnent avec une tristesse poignante : “Le dernier soir à Carcassonne, Eddy s’est engueulé avec Laeticia. Du coup, après tout le monde est parti dans son coin.” Cette simple phrase dévoile un pan sombre et méconnu de la fin de vie du Taulier, un moment où les tensions, longtemps contenues, ont explosé, révélant la solitude du rocker et l’imminence d’une guerre qui allait embraser la France entière.

Le Contexte Suicidaire : La Tournée de la Survie

Pour comprendre la portée de cette querelle finale, il est crucial de se remémorer le contexte de cette tournée mythique de l’été 2017. En mars de la même année, Johnny Hallyday reçoit un diagnostic dévastateur : cancer du poumon. Un coup de massue pour le guerrier du rock, usé par des décennies d’une vie à 100 à l’heure. Les médecins sont formels : il doit se reposer, suivre un traitement lourd, se préserver.

Mais Johnny n’est pas fait pour le repos. Sa raison de vivre, c’est la scène. Et justement, le trio des Vieilles Canailles—lui, Eddy Mitchell et Jacques Dutronc—a dix dates programmées à travers la France, affichant complets depuis des mois. Laeticia, son épouse, est absolument contre. Pour elle, c’est “suicidaire.” Elle le supplie d’annuler, de reporter, de se soigner. Elle confiera plus tard avoir eu “peur pour lui.” Affaibli par les chimiothérapies, assisté par une machine à oxygène en coulisses, recevant des piqûres dans le ventre avant chaque show, comment pouvait-il monter sur scène ?

C’est là que Johnny prononce la phrase qui la marquera à jamais : “Si je ne la fais pas, je meurs.” Pour l’idole, la scène est vitale. Elle est le seul rempart contre la maladie, son oxygène mental. Il refuse de céder. Contre toute attente et malgré ses peurs, Laeticia accepte de le suivre, de l’accompagner. Elle dira que cette tournée a été “sa survie.”

Les Coulisses : L’Omniprésence Contestée et l’Étouffement

Si sur scène le miracle opère—Johnny redevient le Taulier, masquant la maladie sous les projecteurs—en coulisses, l’ambiance est tout autre. Laeticia est omniprésente. Une présence constante dictée par l’inquiétude et la nécessité de veiller à la survie de son mari. Elle contrôle les médicaments, exige du repos entre les morceaux, surveille qu’il ne force pas. Elle est partout : loges, bus, hôtels.

Cette vigilance, nécessaire selon les uns, est perçue par d’autres comme un contrôle excessif, voire un étouffement. Les tensions montent, discrètes d’abord, puis de plus en plus ouvertes. Eddy Mitchell, ami de Johnny depuis les années 60, supporte de plus en plus mal cette situation. Lui qui pensait connaître Johnny mieux que quiconque, se retrouve face à un ami surprotégé, encadré, presque isolé par l’équipe et, surtout, par Laeticia. Il souhaite passer du temps seul avec son frère de cœur, rire, discuter sans filtre, comme avant. Mais Laeticia est toujours là, interposée entre eux. Les frustrations s’accumulent.

Carcassonne : Le Dernier Acte et l’Explosion Finale

Le 5 juillet 2017, au Théâtre Jean Deschamps de Carcassonne, a lieu le dernier concert de la tournée. Personne ne le sait, mais c’est le dernier concert de la vie de Johnny Hallyday. Malgré la fatigue, malgré le fait qu’il doive s’asseoir plus souvent que d’habitude, le rocker assure. La communion avec le public est totale, un dernier moment de magie.

Mais après le rideau, tout bascule. Le sujet précis de l’altercation entre Eddy Mitchell et Laeticia Holiday reste un mystère. Fut-ce un reproche d’Eddy à l’encontre de l’omniprésence étouffante ? Une mise en garde de Laeticia sur la fragilité extrême de Johnny ? Un vieux conflit qui ressurgit sous le coup de la fatigue accumulée ? Quoi qu’il en soit, l’engueulade est d’une violence inouïe. Elle est suffisamment grave pour que l’ambiance de cette soirée qui devait être une fête, un moment de célébration entre amis, soit instantanément plombée. Au lieu de trinquer dignement, “tout le monde est parti dans son coin.”

La Solitude du Rocker et la Fracture Irréparable

Le geste qui blesse le plus Johnny, c’est celui d’Eddy Mitchell. L’ami de toujours, filant en douce sans un mot, sans dire au revoir. Johnny se sent abandonné par son “vieux pote.” La dispute a tout gâché, brisant la belle histoire.

Jacques Dutronc descend au bar de l’hôtel, alerté par son fils. Il trouve Johnny seul, un verre à la main, le regard perdu dans le vide. L’homme le plus adulé de France, l’idole des jeunes, est seul. La solitude du rocker frappe de plein fouet.

C’est là, dans ce moment de vulnérabilité extrême, que Johnny lâche l’aveu le plus déchirant à Dutronc : “Bon bah, on repart en tournée tous les deux. Mon Jaco.” Une phrase qui en dit long. Pas les trois Vieilles Canailles. Juste les deux. Johnny a compris. Quelque chose s’est brisé irréparablement cette nuit-là. La magie du trio ne pourra plus opérer. Il imagine une tournée à deux, comme une tentative désespérée de sauver ce qui peut l’être, de maintenir un lien face à la fracture. Cinq mois plus tard, cette tournée ne verra jamais le jour. Johnny s’éteint le 5 décembre 2017.

La Vérité qui Dérange : L’Ombre de la Guerre Post-Mortem

La révélation de Jacques Dutronc, faite en 2020, prend tout son sens quand on la replace dans le contexte de la “guerre” de l’héritage. Cette engueulade à Carcassonne n’est pas une simple querelle de tournée ; elle est le symptôme que la division et les tensions couvaient déjà du vivant de Johnny.

Les accusations qui suivront sa mort—isolement progressif du rocker, contrôle total de Laeticia, amis écartés—s’inscrivent parfaitement dans ce récit. Eddy Mitchell qui explose, c’est peut-être la frustration accumulée d’un ami qui voit son “frère” sous cloche, étouffé par une protection qu’il juge excessive et intrusive. D’un côté, Laeticia, animée par l’amour et l’instinct de survie, voulant le protéger et le garder pour elle et leurs filles. De l’autre, ses amis, voulant la présence sans filtre, sans barrière du rocker qu’ils ont toujours connu.

Johnny s’est retrouvé au milieu, tiraillé entre ces deux amours, deux fidélités, incapable de satisfaire tout le monde. La conséquence fut dramatique : ses amis se sont éloignés et la fin de sa vie publique fut marquée par une amertume gâchée.

Jacques Dutronc, avec sa nonchalance habituelle, ne cherche ni à accabler ni à juger. Il fait un simple constat, celui d’une vérité qui dérange : une engueulade a eu lieu, l’ambiance a été plombée, et Johnny en a profondément souffert. Son témoignage, dénué de colère ou de rancœur, est d’autant plus puissant. Il raconte un gâchis, la fin d’une époque et la dernière fois où il a vu son ami vivant, avant que la maladie ne le rattrape et que le chaos ne s’installe. Cette fin, qui aurait dû être un triomphe entre frères de cœur, fut une amère solitude. Et c’est cette vérité-là, nue et triste, qui restera comme le dernier adieu public de Johnny Hallyday.