« Enfer Fiscal » et « Armée d’Occupation » : Les Accusations Explosives d’Éric Zemmour Face au Déclin Français

Débat de motions de censure : 'Les institutions nous contraignent à mêler  nos voix à celles de l'extrême gauche', déclare Marine Le Pen | LCP - Assemblée  nationale

Article: « Guerre contre la Civilisation » : Le Sursaut d’Éric Zemmour Face à une France en Ruine

Invité sur le plateau de BFMTV et RMC pour la sortie de son ouvrage, La messe n’est pas dite, le président du parti Reconquête, Éric Zemmour, a une fois de plus livré un diagnostic d’une brutalité sans concession sur l’état de la France. Loin de se limiter à la promotion de son livre, qui appelle à un « sursaut judéo-chrétien, » l’ancien candidat à la présidentielle a déroulé une vision apocalyptique du pays, articulée autour d’une double menace existentielle : une guerre culturelle et civilisationnelle menée par l’intérieur, et un effondrement économique engendré par un État omniprésent et confiscatoire. De l’arrestation des voleurs du Louvre à l’aberration fiscale française, l’analyse d’Éric Zemmour est un appel à la rupture radicale, transformant le plateau de télévision en tribune de l’ultime résistance.

Le Pillage du Louvre et le Spectre de l’Armée d’Occupation

Le point de départ de son intervention, et la première déflagration, fut l’analyse des arrestations concernant le vol au musée du Louvre. Après avoir félicité les enquêteurs – preuve, selon lui, que la police travaille « avec efficacité » dans de bonnes conditions – Éric Zemmour a immédiatement politisé le profil des individus appréhendés. Relevant leur origine (Seine-Saint-Denis) et leur destination de fuite (Algérie et Mali), il a émis un « voilà » en levant les épaules, sous-entendant l’évidence et l’absence de surprise quant à l’identité des auteurs.

Cette anecdote a servi de tremplin pour réaffirmer sa théorie du « Djihad du quotidien. » Face au scepticisme de l’intervieweuse, qui demandait une explication de son soupir résigné, Zemmour a insisté : « un fait divers et un fait divers. 1000 faits divers ne sont plus des faits divers. Il faut les analyser de façon globale. » Son analyse est que tous ces actes, des vols aux viols, des pillages au trafic de drogue, forment un « continuum de violence. » Il emprunte d’ailleurs volontiers cette expression aux féministes pour la retourner contre ce qu’il perçoit comme une menace civilisationnelle unique.

L’Idéologie de la Revanche : Le « Djihad du Quotidien »

Pour Éric Zemmour, ce « continuum » n’est pas une simple délinquance mais une « revanche historique » et une véritable « guerre que ces gens-là mènent à notre civilisation, à la France, » animée par la « haine des infidèles » et une soif de « récupération » coloniale. Cette idée est centrale : puisque l’école en Algérie enseignerait que la France coloniale a pillé le pays, de nombreux jeunes Français d’origine algérienne considèrent leur délinquance non pas comme un crime, mais comme un acte de « récupération » ou de « revanche. »

Poussant son raisonnement à l’extrême, Zemmour a utilisé une analogie militaire pour décrire la mentalité de cette population : « C’est ce que fait une armée d’occupation. Qu’est-ce qu’elle fait une armée d’occupation ? Elle vole, elle viole. » En comparant la délinquance actuelle à l’action d’une « milice d’occupation » qui pille et sème la terreur, il a transformé la question de la sécurité en celle, beaucoup plus explosive, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale.

La France, un « Enfer Fiscal » à Déconstruire

L’entretien a ensuite glissé vers les questions budgétaires, occasion pour Éric Zemmour de dénoncer l’autre front de la guerre contre la France : l’État prédateur. Interrogé sur la taxe Zucman – même dans sa version « light » ciblant les patrimoines de plus de 10 millions d’euros – Zemmour a opposé un refus catégorique.

Sa philosophie économique est simple et radicale : « Nous sommes le pays le plus taxé du monde. […] Je pense que tout le monde est trop taxé. » Pour lui, la France est un « enfer fiscal. » La solution ne réside pas dans de nouvelles taxes, mais dans une baisse « massive » de toutes les impositions, rendue possible par une réduction tout aussi « massive » des dépenses publiques.

Il a utilisé l’exemple de l’impôt universel, souvent mis en avant par la gauche. Il a rappelé que les prélèvements obligatoires aux États-Unis, pays qui pratique cet impôt, sont de 33 % du PIB, un chiffre qui correspondait à la France sous le général de Gaulle. Aujourd’hui, avec 46 % du PIB, la France détient l’un des « records du monde. » C’est cette pression fiscale écrasante, et non l’évasion vers l’Italie ou le Portugal (qui ne sont pas des paradis fiscaux selon lui), qui est la cause du départ des fortunes.

Le Piège des Alliances : Le RN, un Partenaire « Socialiste »

Profitant du débat budgétaire, Éric Zemmour a lancé une attaque virulente contre le Rassemblement National, l’accusant d’« accointances » quasi permanentes avec La France Insoumise. Le point de friction fut précisément l’amendement sur l’impôt universel. Selon Zemmour, quand le RN et LFI « votent ensemble, ça s’appelle accointance. »

Il a clarifié l’écart idéologique avec le parti de Marine Le Pen : « Sur le budget, je ne suis pas proche du Rassemblement national. Le Rassemblement national est socialiste en économie et il l’assume. » Il a ainsi reproché au RN d’avoir inventé onze taxes l’année précédente et huit cette année.

Le différend va au-delà des chiffres. Éric Zemmour a vivement critiqué la phrase de Jean-Philippe Tanguy (RN) : « fuir la France est immoral, » qu’il a comparée à une maxime de Robespierre pendant la Terreur, suggérant que cette rhétorique punitiviste est incompatible avec la liberté individuelle qu’il défend.

Les différences sont également fondamentales sur l’immigration : si les deux partis partagent un objectif de baisse de l’immigration, Zemmour persiste sur l’incompatibilité de l’islam avec la République, sur l’existence d’un « grand remplacement » et sur la nécessité de la « remigration » des délinquants et des chômeurs de longue durée – des positions que Marine Le Pen refuse d’endosser.

L’Algérie et la Guerre d’Immigration Organisée

Sur la question algérienne, Zemmour a exprimé un désaccord total avec le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui souhaite « reprendre le dialogue avec les Algériens » sur la sécurité. Pour le leader de Reconquête, cela relève de la naïveté ou de la compromission.

Il a porté une accusation extrêmement grave et sans précédent médiatique : « Le gouvernement algérien nous mène une guerre par l’immigration. » Il va jusqu’à détailler le processus : les dirigeants algériens organiseraient des bus pour acheminer des jeunes gens vers les côtes espagnoles, d’où ils rejoignent la France. « J’appelle ça une invasion et en plus organisée par l’État algérien. » Dans ce contexte, toute idée de renouer le dialogue avec des « gens qui organisent l’invasion de notre pays » est pour lui risible et doit être remplacée par le combat.

Foi Contre Identité : Le Paradoxe du « Sursaut » Chrétien

L’essence de son livre repose sur un constat : la France est « un pays chrétien » et s’islamise, cessant par conséquent d’être la France. Il rejette l’idée d’admirer l’islam, qu’il voit comme une « religion totalitaire » niant la liberté, mais reconnaît que les musulmans portent « haut leur identité, » ce que les chrétiens français ont cessé de faire.

Zemmour a défendu son appel aux chrétiens en s’appuyant sur l’histoire. Citant le Général de Gaulle (« L’histoire de mon pays commence avec la conversion de Clovis »), il affirme que la France a été « faite par le christianisme, » non par l’islam. D’où la nécessité pour les chrétiens de se ressaisir de leur identité, une démarche qu’il refuse aux musulmans. Pour ces derniers, le choix est binaire : « Soit ils acceptent de se plier aux règles de la [France], soit il y a 50 pays musulmans. »

L’enjeu est terrifiant, selon lui, pour l’avenir : « votre fille ne pourra plus sortir sans le voile dans 20 ans. » Il lie sans ambiguïté l’agression des jeunes femmes non voilées dans le RER à la doctrine islamique selon laquelle les femmes qui ne se couvrent pas sont des « prostituées, » justifiant ainsi l’agression.

Malgré le déclin démographique des baptêmes d’enfants et la position du Pape François, qui anticipe un futur de la chrétienté en Afrique et en Asie, Éric Zemmour reste optimiste. Il perçoit un « frémissement » encourageant chez la jeunesse qui n’est plus dans les schémas culturels de leurs parents, un signe que la messe n’est pas dite pour le sursaut identitaire et civilisationnel qu’il appelle de ses vœux.