Nicolas Sarkozy : libéré et déjà de retour sur la ligne de départ

Nicolas Sarkozy libéré : cette addiction avec laquelle il a renoué, en petit  short - Public

Trois semaines de détention, puis la liberté retrouvée. Le 10 novembre dernier, Nicolas Sarkozy a enfin pu franchir à nouveau le seuil de son domicile parisien, dans le XVIᵉ arrondissement. Après vingt et un jours passés à la prison de la Santé, l’ancien président de la République a retrouvé les siens, son épouse Carla Bruni, leur fille Giulia, et une vie « presque normale ». Une libération très médiatisée, placée sous contrôle judiciaire, mais qui n’a pas empêché l’ancien chef de l’État de reprendre l’une de ses activités préférées : la course à pied.

Condamné à cinq ans de prison, dont deux fermes, pour « association de malfaiteurs » dans le cadre du financement présumé de sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait été incarcéré le 21 octobre. Une décision qui avait provoqué un vif émoi dans la sphère politique et parmi ses partisans. Devant son domicile, des dizaines de soutiens anonymes s’étaient rassemblés, pancartes à la main, pour exprimer leur solidarité à celui qui fut président de la République de 2007 à 2012. Le 10 novembre, la nouvelle de sa libération a été accueillie avec un certain soulagement.

S’il reste sous le coup de strictes mesures judiciaires – interdiction de quitter le territoire français et de contacter certaines personnalités, dont le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin – Nicolas Sarkozy goûte à nouveau à la liberté. Une liberté partielle, certes, mais qu’il savoure intensément. Chez lui, il a pu partager un déjeuner en famille, entouré de Carla Bruni et de leur fille Giulia, dans un climat que ses proches décrivent comme à la fois tendre et apaisé. Le chanteur et ami de longue date Didier Barbelivien est même venu lui rendre visite, témoignant de l’attachement indéfectible de son cercle intime.

Dès le lendemain, le couple Sarkozy-Bruni s’est offert une parenthèse gourmande dans un restaurant chic de la capitale. Après des semaines d’enfermement, l’ancien président a profité de ce moment de respiration pour se recentrer et reprendre pied dans une vie quotidienne qu’il connaît si bien, mais qu’il avait brutalement perdue.

L’homme de 70 ans, fidèle à son tempérament de battant, n’a pas tardé à renouer avec ses habitudes sportives. Mercredi 12 novembre, à la mi-journée, Nicolas Sarkozy a été aperçu en plein footing le long des quais de Seine. Short, maillot noir, allure concentrée : l’ancien chef de l’État, entouré de ses gardes du corps, affichait une forme étonnante. Après trois semaines derrière les barreaux, il semblait déjà prêt à se remettre en mouvement – au propre comme au figuré.

Un président sportif – L'Express

La course, pour lui, n’est pas un simple loisir. C’est une discipline, presque un exutoire. Un moyen de canaliser le stress, de s’entretenir physiquement, mais aussi de retrouver une forme d’équilibre intérieur. Ceux qui le connaissent savent que cette passion ne date pas d’hier.

L’histoire remonte à 1993. À l’époque, Nicolas Sarkozy est maire de Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, lorsqu’un forcené, connu sous le pseudonyme de « Human Bomb », prend en otage une école maternelle de la commune. Pendant des heures, le jeune maire mène les négociations, entre tension et sang-froid. Il finira par intervenir lui-même pour sortir plusieurs enfants de l’établissement, les rendant sains et saufs à leurs parents bouleversés. Cet épisode marquera profondément l’homme.

Dans les mois qui suivront, Nicolas Sarkozy confiera avoir pris près de dix kilos. « J’ai pris du poids à cause du stress », racontait-il dans une interview accordée au Figaro en 2018. « Je me suis dit que ce n’était pas possible, que je ne pouvais pas rester comme ça. » C’est alors qu’il enfile pour la première fois une paire de baskets, découvrant la course à pied comme un moyen de se reconstruire, de se dépasser et, surtout, de reprendre le contrôle.

Depuis, le sport fait partie intégrante de sa vie. Que ce soit la course ou le cyclisme, il ne s’en passe plus. Même lorsqu’il était à l’Élysée, Nicolas Sarkozy trouvait toujours un moment pour courir, souvent tôt le matin, avant les réunions ou les déplacements officiels. Ce goût pour l’effort physique, il le revendique volontiers : « Ce qui est fantastique avec la course, c’est que vous pouvez la pratiquer partout où vous êtes », confiait-il encore récemment.

EN IMAGES. Quand les présidents de la République se mettent au sport

Aujourd’hui, cette habitude prend une dimension symbolique. Après la prison, le footing devient une métaphore : celle d’un homme qui, à 70 ans, refuse d’abandonner, qui veut rester debout, actif, maître de son destin. Ses proches le décrivent comme « déterminé, lucide, mais combatif ».

Car l’épreuve n’est pas terminée. L’ancien président prépare désormais son procès en appel, prévu pour le printemps prochain. Il continue de clamer son innocence et entend bien défendre sa version des faits. En parallèle, il se murmure qu’il aurait commencé à écrire un nouveau livre, un témoignage sur cette période sombre de sa vie, entre introspection et plaidoyer.

Ce mélange d’intensité politique et de rigueur personnelle n’étonne guère ceux qui ont suivi sa carrière. Nicolas Sarkozy a toujours été un homme de vitesse, dans l’action, incapable de rester immobile trop longtemps. Ses adversaires y voient parfois de la fébrilité, ses partisans, eux, y lisent la marque d’un tempérament de chef.

Mais au-delà des considérations politiques, l’image du septuagénaire foulant les quais de Seine quelques jours à peine après sa libération en dit long. Elle montre un homme qui, malgré les épreuves, continue d’avancer. Un homme qui choisit de transformer la contrainte en énergie, la chute en redémarrage.

Son entourage le répète : Nicolas Sarkozy est un survivant politique, un éternel coureur de fond. Depuis ses débuts à Neuilly jusqu’aux sommets de l’État, il n’a jamais cessé de se battre, quitte à trébucher, mais toujours pour se relever. Cette dernière épreuve judiciaire, aussi rude soit-elle, semble renforcer cette image de ténacité.

Libéré, mais pas innocenté, affaibli, mais pas résigné, Nicolas Sarkozy entame une nouvelle étape de son parcours. Et s’il a retrouvé le goût de la liberté, c’est sans doute parce qu’il n’a jamais cessé de croire que, tant qu’on court, rien n’est perdu.