Richard Cross : le courage d’un homme face à la maladie et à la vie

Figure emblématique de la Star Academy, Richard Cross a marqué plusieurs générations de téléspectateurs par sa bienveillance et son exigence en tant que coach vocal. Mais derrière le sourire du professeur de chant, l’homme de 70 ans cache un parcours de vie bouleversant, marqué par la maladie, la souffrance et une immense résilience. Invité sur le plateau de Ça commence aujourd’hui, l’émission de Faustine Bollaert diffusée le 6 novembre sur France 2, il a livré un témoignage bouleversant sur son combat contre le VIH et sur le moment où il a failli mettre fin à ses jours.

Une figure incontournable de la Star Academy

Pour les fans du célèbre télé-crochet de TF1, Richard Cross reste l’un des visages inoubliables du château. Professeur de chant lors des saisons 5, 6 et 7, il a accompagné de nombreux élèves dans leur apprentissage artistique, leur transmettant passion et rigueur. Son nom reste associé à d’autres figures mythiques de l’émission comme Kamel Ouali, Armande Altaï, Matthieu Gonet ou encore Oscar Sisto.

Depuis la première victoire de Jenifer en 2002, la Star Academy a connu de multiples changements, mais Richard Cross, lui, a laissé une empreinte durable. Son approche humaine, son écoute et son sens du détail ont fait de lui un mentor respecté et aimé. Pourtant, lorsque l’émission s’arrête pour lui en 2008, il s’éloigne peu à peu de la lumière médiatique.

Pendant plusieurs années, le coach vocal se fait discret. Ce n’est que récemment qu’il a décidé de briser le silence sur une part intime et douloureuse de son existence.

Une révélation bouleversante sur France 2

Le 6 novembre dernier, Richard Cross a accepté de participer à l’émission Ça commence aujourd’hui, consacrée au thème : « Personnalités : pourquoi ont-elles fait le choix de cacher leur maladie ? ». Un sujet qui fait écho à sa propre histoire. Devant Faustine Bollaert, il a choisi de parler sans fard, avec une sincérité désarmante.

C’est dans les années 1980, alors qu’il connaît une belle carrière dans la musique, que le diagnostic tombe : il est séropositif. Les médecins lui annoncent alors qu’il ne lui reste que six mois à vivre. Un véritable séisme. À cette époque, le virus du VIH est encore largement méconnu et les traitements efficaces sont inexistants. Apprendre qu’on est porteur du virus revient souvent à recevoir une condamnation à mort.

Pourtant, Richard Cross ne présente alors aucun symptôme. Il continue à travailler, à chanter, à vivre, même si cette nouvelle bouleverse profondément son rapport à la vie.

Quand la maladie frappe de plein fouet

Les années passent, et la maladie finit par se manifester. Au sommet de sa carrière, alors qu’il est sollicité par les plus grands, son corps commence à céder. Il raconte notamment à Faustine Bollaert un épisode marquant : « Un jour, Jean-Michel Jarre m’appelle pour me demander de venir chanter à la Tour Eiffel. Et au moment où tout cela se passe, je commence à cracher du sang. »

Pensant à un simple problème dentaire, il consulte un spécialiste. Mais la réalité est bien plus grave. Le dentiste lui annonce sans détour : « Je pense que vous avez un cancer. » Et lorsque Richard Cross lui précise qu’il est séropositif, le diagnostic se confirme : il souffre de deux maladies opportunistes liées au sida – un cancer de la bouche et la cachexie, une forme extrême de dénutrition qui le fait fondre à vue d’œil.

« On aurait dit que je m’étais évadé d’un camp de concentration », confie-t-il avec émotion. Le corps affaibli, la douleur physique et morale, l’isolement… tout devient insupportable.

Le soir où tout aurait pu basculer

Face à la déchéance, à la souffrance et à l’absence de perspectives, Richard Cross sombre dans le désespoir. Un soir de Noël, accablé par la maladie, il prend une décision dramatique : en finir avec la vie.

Il raconte : « Je décide de mettre fin à mes jours et je décide de me défenestrer. » Mais au moment fatidique, quelque chose – ou peut-être quelqu’un – le retient. « J’ai le vertige et je ne peux pas sauter. C’est ça qui va me sauver », confie-t-il avec pudeur.

Cette peur instinctive du vide devient paradoxalement le déclencheur de sa renaissance. Ce refus inconscient de mourir, ce sursaut de vie au bord du précipice, marque un tournant dans son histoire.

Survivre et se reconstruire

Après cet épisode, Richard Cross entreprend un long chemin de reconstruction. Grâce aux progrès médicaux, aux traitements antirétroviraux et à une prise en charge adaptée, il parvient peu à peu à stabiliser son état de santé. Aujourd’hui, à 70 ans, il vit avec le VIH, mais il n’en est plus prisonnier.

Son rapport à la vie a changé. Loin des plateaux télé et des feux de la rampe, il se consacre désormais à la transmission autrement. Dans une interview accordée à Télé Loisirs, il explique qu’il s’occupe désormais « de la formation des coachs », partageant son expérience et son savoir-faire à la nouvelle génération d’enseignants vocaux.

Il continue également de travailler sur des projets artistiques et pédagogiques, fidèle à sa passion première : la musique et la voix.

Un témoignage nécessaire

En livrant ce récit poignant, Richard Cross brise un tabou encore trop présent autour du VIH. Si les mentalités ont évolué, le regard porté sur les personnes séropositives reste parfois empreint de préjugés. En témoignant publiquement, il offre une parole rare, précieuse et inspirante.

Son courage rappelle que derrière les artistes, il y a des êtres humains faits de fragilité et de force, de doutes et d’espérance. Son message, profondément humaniste, résonne comme un appel à la bienveillance et à la compréhension.

Richard Cross n’est pas seulement un professeur de chant. Il est aussi, à sa manière, un professeur de vie.

Une leçon d’espoir

Aujourd’hui, son histoire inspire. Elle montre que même au bord du gouffre, une simple étincelle – ici le vertige – peut suffire à ranimer la flamme de la vie. Elle prouve aussi que la maladie, si terrible soit-elle, ne définit pas une personne.

À travers son témoignage, Richard Cross rappelle que la force ne réside pas dans l’absence de faiblesse, mais dans la capacité à se relever, à transformer la douleur en expérience, et à continuer d’avancer.

Son parcours est celui d’un survivant, d’un artiste et d’un homme qui, malgré la souffrance, a choisi la vie. Et c’est sans doute là sa plus belle victoire.

À 70 ans, Richard Cross continue de chanter, d’enseigner et de transmettre. S’il a longtemps gardé le silence sur sa maladie, c’est aujourd’hui avec dignité et sérénité qu’il en parle. Son témoignage n’est pas seulement celui d’un combat médical, mais celui d’une renaissance. Une histoire qui rappelle que, parfois, le courage se trouve au moment même où tout semble perdu.