Rarement une session parlementaire aura basculé d’une dispute de procédure à une confrontation avec l’horreur la plus immédiate, pour se conclure par une décision gouvernementale d’une portée sans précédent. L’Assemblée Nationale a été le théâtre d’une séquence politique d’une intensité explosive, où les débats sur la politesse et la souveraineté industrielle ont été brutalement éclipsés par l’émergence d’un scandale moral et sécuritaire que le député Vert Morel Marquez a baptisé le « Fast Crime ». Face à la mise en vente libre d’armes de catégorie A et de contenu pédocriminel sur une plateforme majeure issue de Chine, le gouvernement, par la voix du ministre des Petites et Moyennes Entreprises, Serge Papin, a annoncé l’engagement d’une procédure de suspension.

C’est un moment de vérité où la République a été contrainte de tracer une ligne rouge, faisant passer la morale publique et la sécurité nationale avant toute autre considération, y compris les lois non écrites du marché.

 

L’Ouverture Irascible : Quand la Crise de l’État s’Affiche

 

Dès les premières minutes, le ton était donné. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a dû intervenir avec force, le visage fermé, pour tenter de ramener l’ordre dans un hémicycle manifestement agité. C’est à la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, Marie-Pierre Vedrenne, qu’il revenait d’apporter des clarifications sur un acte tragique survenu à Oléron.

« Vous n’avez pas honte ! Elle n’a pas encore ouvert la bouche ! », a tonné la Présidente, dénonçant l’attitude irrespectueuse de certains députés. « Soyez respectueux des membres du gouvernement et des femmes qui s’expriment dans cet hémicycle ». Cette intervention, musclée et nécessaire, n’a pourtant pas suffi à dissiper le malaise.

La ministre Vedrenne, peinant à lire ses notes, a confirmé les faits dramatiques, assurant de l’engagement total du gouvernement et du déplacement immédiat du ministre de l’Intérieur sur les lieux. Elle a appelé à la prudence en l’attente des éléments de l’enquête. La réponse, factuelle et contrainte, a cependant donné lieu à une nouvelle salve de critiques acerbes. Un député a fustigé le spectacle : « Madame la ministre, avoir besoin d’une fiche pour annoner un tel constat sur votre incapacité à lutter contre cette menace. C’est nul ».

Ce début houleux a posé le décor d’une Chambre où la confiance et le respect se sont érodés, annonçant une série de débats qui mettraient à nu les vulnérabilités de l’État.

Le Spectre de la Souveraineté Industrielle : Le Dossier Novasco

Le second acte de cette séance tendue a basculé vers un sujet tout aussi brûlant, mais d’une autre nature : la souveraineté industrielle et le désarroi des familles touchées par les liquidations d’entreprises. Le député, dont la question a ensuite été traitée par le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, s’est attaqué à la gestion des fleurons nationaux, dressant un parallèle entre l’affaire Alstom et la possible liquidation de Novasco.

La cible principale était la dernière aciérie de Moselle à Agondange, menacée de fermeture, jetant des centaines de familles dans le désarroi. Le critique visait la sous-traitance des reprises industrielles à des acteurs peu scrupuleux, notamment Europlasma, « repreneurs en série » de Luxfer, Satma, Valdune et les Fonderies de Bretagne. Le constat, implacable, était le même à chaque fois : « Les promesses n’ont pas été tenues. […] L’action effondrée a ruiné les petits actionnaires au bénéfice d’Alpha Blue Ocean, un fond voyou domicilié dans un paradis fiscal ».

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L’intervention accusait directement le Premier ministre d’avoir facilité l’ascension d’Europlasma lorsqu’il était ministre des Armées, en permettant à cette société d’affirmer, « contre toute vraie semblance », qu’elle pourrait produire des obus. Il s’agit là d’une dénonciation d’un « jeu de dupe » où l’intérêt général et la souveraineté industrielle sont sacrifiés sur l’autel de la doctrine du « Je laisse faire le marché, après moi le déluge ».

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a répondu en assurant qu’il suivrait le dossier de Novasco de très près. Il a rappelé le succès de la reprise des 300 salariés de Fos-sur-Mer par le groupe italien Marcegaglia, mais a dû reconnaître le fiasco des sites d’Agondange, Dune, Custine et Marè, repris par le fonds Gréboule, qui a « littéralement fait défaut ».

Face aux accusations, le Ministre a défendu la nécessité d’accompagner les repreneurs, même Europlasma, allant jusqu’à affirmer : « Europlasma, vous l’avez dit, il a repris Valdumn. Heureusement qu’il était là pour reprendre Valdumne ». Cet échange illustre la difficulté pour le gouvernement de concilier la réalité amère de l’échec industriel avec l’impératif de trouver des solutions, quitte à soutenir des acteurs controversés. Le débat s’est conclu sur une note de désaccord profond : un député rappelant qu’Europlasma était une « fraude qui a ruiné des actionnaires », tandis que le Ministre insistait sur l’engagement des entreprises françaises dans la relance industrielle.

 

La Bascule dans l’Horreur : Le « Fast Crime »

 

C’est dans cet environnement déjà saturé de tension et de déception que la séance a connu son climax. Le député Vert Morel Marquez a repris la parole pour dénoncer une dérive qui dépasse de loin la simple concurrence déloyale de l’Ultra-Fast Fashion.

Le débat sur la « fast fashion », principalement celle de la « plateforme principale Chine », était déjà connu : concurrence déloyale, condamnation par la CNIL et la DGCCRF. Mais le député a franchi un nouveau seuil en révélant une escalade criminelle : « Nous sommes passés de la fast fashion au fast crime ».

Les faits, révélés par le député, sont terrifiants.

    Poupées Pédopornographiques : Des poupées à caractère pédopornographique ont été vendues en libre accès sur cette plateforme. « S’est fait du bénéfice sur le dos de nos enfants en vendant des produits à des pédocriminels », a-t-il affirmé, ajoutant qu’elles avaient été retirées, mais après avoir généré du profit.
    Armes de Catégorie A : Plus grave encore, le député a signalé au Procureur de la République de Paris la mise en vente d’armes de catégorie A – des armes dont la vente et la détention sont strictement interdites en France. Ces armes étaient non seulement en vente, mais proposées avec « une livraison gratuite et un black market en cours pour réduire le prix ».

L’analogie du député fut simple et dévastatrice : « à Rans dans ma circonscription, si un commerçant vendait des poupées pédocriminelles ou des armes en libre accès, automatiquement la préfet de la Loire prendrait un arrêté de fermeture ». L’ultimatum est clair : « Allez-vous oui ou non suspendre [la plateforme] en France ? ».

 

La Réponse Historique de l’État

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L’attente pour la réponse du gouvernement était électrique. C’est le ministre des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce et de l’Artisanat, Serge Papin, qui s’est avancé pour répondre. Il a d’abord pris la pleine mesure de l’horreur : « après les poupées pédopornographique maintenant les armes ».

Puis, il a asséné l’information qui a figé l’hémicycle : « et en effet, en discutant d’ailleurs avec le ministre de l’Intérieur Nunz, une des armes en vente sur ce site a servi, la même a servi à l’assassinat du jeune Elias le 26 janvier dans le 14e ». La boucle était bouclée : l’objet illicite vendu sur une plateforme en ligne était directement lié à un meurtre d’enfant dans la rue. Le virtuel avait rejoint l’horreur la plus tangible.

La réponse de l’État fut immédiate et sans équivoque : « Suite à votre courrier, suite à votre signalement, suite à votre vigilance et sur instruction du Premier ministre, le gouvernement engage la procédure de suspension de la plateforme le temps nécessaire pour que la plateforme démontre au pouvoir public que l’ensemble de ces contenus soit enfin conforme à nos lois, nos normes, nos règlements ». Un point d’étape est prévu dans les 48 heures, mobilisant tous les services de l’État.

Cette décision marque un tournant. Elle est la reconnaissance que l’impunité et le modèle économique du « laisser-faire » ont atteint un seuil moral et sécuritaire inacceptable. Dans le contraste saisissant avec le débat sur Agondange et Europlasma, où le marché est roi et les liquidations acceptées sous le prisme de la complexité économique, la République a affirmé ici que face à la vie, à la décence, et à la sécurité des enfants, aucune négociation n’est possible. Le « Fast Crime » a suscité une réaction « Fast Action » de l’État, une décision rare qui restera un jalon majeur dans la régulation des géants du commerce en ligne.