David Hallyday, 59 ans, brise la glace : « Je ne pardonnerai jamais à Laeticia » – L’histoire secrète d’une trahison impardonnable

Dans le théâtre tumultueux de la vie des Hallyday, où chaque acte est un événement national et chaque silence une énigme, David Hallyday a toujours tenu le rôle de l’antihéros stoïque. Fils de deux icônes incandescentes, Johnny Hallyday et Sylvie Vartan, il a grandi dans l’ombre assourdissante du plus grand mythe du rock français. Il a appris à vivre non pas sous les projecteurs, mais à travers leur halo, préférant la discipline du studio à la fureur de la scène, le calme de la composition au chaos de la célébrité. Pendant des décennies, sa réserve fut son armure.

Mais le 10 janvier 2025, cette armure s’est fissurée. Dans une interview accordée au Figaro Magazine, l’homme de 59 ans, à la carrière musicale accomplie et à la vie familiale préservée, a prononcé une phrase. Une seule. Sept mots qui ont fait s’effondrer des années de diplomatie feinte et de rumeurs d’apaisement. Interrogé sur sa relation avec Laeticia Hallyday, la veuve de son père, et sur la possibilité d’une réconciliation après la guerre de succession la plus médiatisée de France, sa réponse fut dénuée de colère, mais d’une clarté terrible : « Je ne pardonnerai jamais à Laeticia. »

Ce n’était pas une déclaration de guerre. C’était une déclaration de vérité. La fin d’une pièce que David Hallyday refusait de continuer à jouer. Pour comprendre la puissance de cette bombe, il faut remonter le fil d’une vie passée à chercher l’équilibre dans un monde qui n’en avait aucun.

Né en 1966, David Michel Benjamin Smet a dû, très tôt, apprendre à exister par lui-même. Le divorce de ses parents en 1980 le partage entre Paris et Los Angeles, entre la lumière éblouissante de sa mère et le tumulte de son père. Il trouve son salut dans la musique, non pas celle qui imite le rugissement paternel, mais une pop-rock plus introspective, plus mélodique. Le succès arrive vite avec “True Cool” en 1988. Il devient David Hallyday, un artiste à part entière, pas seulement “le fils de”. Il se marie, devient père à son tour, d’abord avec Estelle Lefébure, puis trouve une stabilité sereine avec Alexandra Pastor. Sa vie est une quête de normalité, de contrôle, tout ce qui semblait échapper à son père.

Leur relation, complexe, est un mélange d’amour filial profond et de distance imposée par deux univers. Johnny vit à 200 à l’heure, David cherche le silence. Pourtant, la musique les réunit. David composera pour son père l’un de ses plus grands albums, “Sang pour sang”, un dialogue musical où les non-dits trouvent enfin une voix. On les croit réconciliés, apaisés. David pense avoir trouvé sa place, un équilibre fragile entre son monde et celui, gigantesque, du “clan” Hallyday.

Cet équilibre vole en éclats le 5 décembre 2017. Johnny Hallyday meurt. La France pleure son idole, et David pleure son père. Mais le deuil est immédiatement volé, confisqué par une réalité plus brutale. Quelques semaines après l’hommage national, la nouvelle tombe : le testament américain de Johnny, rédigé à Los Angeles, déshérite totalement ses deux aînés, David et Laura Smet. Tout est légué à Laeticia Hallyday et à leurs deux filles, Jade et Joy. Une fortune estimée à près de 100 millions d’euros, mais aussi, et surtout, le droit moral sur une œuvre d’une vie.

Pour la France, c’est une hérésie morale et juridique. Le droit français protège les enfants, la “réserve héréditaire” est sacrée. Pour David et Laura, c’est une humiliation publique, une négation. La “guerre des clans” Hallyday commence, déversant son lot d’audiences, d’interviews exclusives et de règlements de comptes par avocats interposés. Laeticia, en pleurs, se défend, assure qu’elle ne fait que respecter les volontés de son mari, qu’il avait déjà “pourvu” à ses aînés. David, lui, reste fidèle à sa nature. Il parle peu. Quand il le fait, c’est pour préciser que l’enjeu n’est pas l’argent. C’est “une question de respect”.

Pendant plus de deux ans, la famille se déchire sur la place publique. Les tribunaux français gèlent les avoirs. Puis, en juillet 2020, un accord est annoncé. Un miracle, pense-t-on. Laeticia conserve les propriétés, mais hérite aussi des dettes fiscales colossales de Johnny, estimées à 30 millions d’euros. Laura reçoit 2,6 millions et des droits sur une chanson. David, quant à lui, ne demande rien. Ou plutôt, il demande ce qu’il a toujours cherché : la paix. « Dieu merci, c’est fini », déclare-t-il sobrement. L’affaire semble close.

Les années suivantes, les signes d’apaisement se multiplient. La communication reprend, glaciale puis cordiale, entre David et Laeticia, pour gérer l’image et l’œuvre de Johnny. David sort un album de reprises de son père, “Réquiem pour un fou”, un hommage personnel, un acte de clôture. Il parle tendrement de ses demi-sœurs, Jade et Joy, assurant que “sa porte est ouverte”. Laeticia, de son côté, inclut David et Laura dans ses hommages publics à Johnny. La guerre froide fondait, pensions-nous. La famille Hallyday, enfin, respirait.

C’est cette illusion que David Hallyday vient de pulvériser. Sa phrase, « Je ne pardonnerai jamais », n’est pas le fruit de la bataille testamentaire. Elle est l’écho d’une blessure bien plus ancienne, bien plus intime.

Pour comprendre ce refus de pardon, il faut remonter à 2009. Johnny Hallyday est à Los Angeles, plongé dans un coma artificiel après une opération du dos qui a mal tourné. Sa vie est en jeu. David, alerté, se précipite à l’hôpital. Là, il découvre avec stupeur que des photographes sont postés devant la porte de la chambre. L’agonie de son père est en train de devenir un spectacle. Pour David, l’instigatrice de ce cirque médiatique indécent, c’est Laeticia. Ce jour-là, la confiance est rompue. Définitivement. La souffrance intime, le moment le plus vulnérable d’une famille, a été, selon lui, sacrifié sur l’autel de l’image, de la communication.

La guerre du testament, huit ans plus tard, n’a été que la confirmation de cette trahison originelle. L’effacement de son nom sur un document légal n’était que le prolongement de cet effacement de sa place de fils, de sa légitimité à vivre sa douleur en privé.

Aujourd’hui, à 59 ans, David Hallyday n’est plus en colère. Il est libéré. Il n’a plus besoin de se battre pour de l’argent ou une reconnaissance. Il a dit sa vérité. Ce n’est pas un acte de vengeance, mais un acte de survie. C’est un homme qui pose enfin des limites, qui refuse d’effacer la douleur pour se conformer à une image de famille réconciliée.

Après son interview, David a été photographié quittant les studios de RTL, le visage calme, sa femme Alexandra à ses côtés. Il n’a pas répondu aux questions des journalistes. Le silence, son plus vieil allié, était redevenu son bouclier. Il a dit ce qu’il avait à dire. Le pardon, pour lui, n’est pas un devoir moral, c’est un choix. Et il a fait le sien. Il ne s’agit pas de haïr ; il s’agit de ne plus prétendre. Pour David Hallyday, le temps n’a pas guéri la blessure. Il lui a seulement appris à vivre avec, et à refuser qu’on la nie. Il a perdu son père deux fois : une fois par la mort, une fois par l’histoire que d’autres ont tenté d’écrire à sa place. Aujourd’hui, il reprend la plume.