“Les Inconnus et Florent Pagny : leur guerre ouverte contre les impôts qui secoue le monde du showbiz !” Les Inconnus et Florent Pagny ont rempli leur déclaration musicale. © CHESNOT/SIPA

LE MATCH DES TUBES (15 / 40) – Dans « Rap-Tout » et « Ma Liberté de penser », Les Inconnus et Florent Pagny décident de s’attaquer à la fiscalité. Une belle déclaration… musicale.

Les impôts, c’est bien connu, sont une obsession française. Avec l’un des taux de prélèvement les plus importants du monde, l’Hexagone a su inspirer des comédies (« Signes extérieurs de richesse », « La soif de l’or »), des pièces de théâtre (« Le Dîner de cons ») et des chansons (« Mon dernier rêve sera pour toi ») liées à la fiscalité. Sans oublier les interviews de stars se plaignant de la pression. Pour ce quinzième match, nous avons choisi d’opposer Les Inconnus et Florent Pagny qui ont, semble-t-il, eu quelques comptes à régler avec les agents des impôts.

Au sommet de leur gloire sur scène et à la télévision, Les Inconnus sortent en 1991 une nouvelle parodie intitulée « Rap-tout ». Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus y incarnent des vampires qui passent en revue les différentes « taxes » qui touchent les Français. « Je t’offre un pot ! Et oui impôt ? Impôts fiscaux, impôts locaux, impôts directs et impôts indirects, impôts fonciers, impôts rentiers, impôts sur les grandes fortunes, impôts même si t’as pas de tunes, impôts sécheresse… » Le texte du sketch est sans doute le plus réussi : les jeux de mots s’enchaînent et décrivent une réalité qui parle à tous les Français. « Nous sommes URSSAF, CANCRAS et CARBALAS. Qui que tu sois, quoi que tu fasses, faut qu’tu craches, faut qu’tu paies, pas possible que t’en réchappes. Nous sommes les frères qui rappent tout. » La musique, signée Bourdon, porte la chanson au sommet, tout comme le clip où Pasqua, Cresson et Mitterrand se transforment en Dracula de la taxe. La chute du titre, imposée par Lederman – évidemment – est d’une ironie mordante. Au moment où le Français imposable est enterré, les « frères Rap-tout » lancent à la famille : « Nous comprenons votre douleur, c’est une triste disparition. Mais dans votre malheur, n’oubliez pas de régler vos droits de succession. »

Hymne contestataire

Douze ans plus tard, Florent Pagny, empêtré dans des problèmes fiscaux, fait son grand retour. Il est tonitruant. Plus rebelle que jamais, avec ses dreadlocks décolorées, il interprète « Ma liberté de penser », un manifeste anti-impôts – voire un brin démagogique – écrit par Lionel Florence et composé par Pascal Obispo. « Quitte à tout prendre, prenez mes gosses et la télé. Ma brosse à dents, mon revolver, la voiture, ça c’est déjà fait. Avec les interdits bancaires, prenez ma femme, le canapé, le micro-ondes, le frigidaire », commence-t-il. C’est un procès musical en bonne et due forme. « S’il y a quelque chose à prélever et que ça vous donne bonne conscience, mais vous n’aurez pas ma liberté de penser. » Le morceau devient un véritable hymne contestataire diffusé ad nauseam à la radio et à la télévision, sans compter les nombreuses interviews de l’artiste expliquant ses malheurs. Le titre s’écoule à plus de 500 000 exemplaires.

Faut-il choisir la parodie ou le véritable cri du cœur fiscal ? La mélodie un peu faiblarde et les paroles très premier degré nuisent au titre de Florent Pagny. Les Inconnus réalisent un sans-faute en proposant un sketch puissant, drôle et franchement entêtant (grâce au génie musical de Didier Bourdon). Une belle déclaration… musicale. Et au moment où les prélèvements fiscaux s’annoncent, le groupe mythique nous livre un message estival : « Salut, T.V.A bien ? »