Il y a un peu plus d’un an, Elena n’était encore qu’une candidate parmi d’autres au sein de la Star Academy 2023. Une jeune artiste belge, timide, lumineuse, à la voix cristalline, qui découvrait pour la première fois l’ampleur d’une scène, l’excitation des directs et le poids des regards. Rien ne laissait imaginer que quelques mois plus tard, cette même jeune femme remplirait des salles en France et en Belgique, vendrait des milliers d’albums et deviendrait l’une des figures montantes de la musique francophone. Son parcours fulgurant ne se résume pourtant pas à une simple success story de télécrochet : il révèle quelque chose de plus profond, une manière d’être artiste dans un monde où tout semble parfois formaté.

Éliminée en demi-finale face à Pierre Garnier, vainqueur de cette onzième saison, Elena n’a pas eu besoin de remporter l’émission pour conquérir le public. Dès l’aventure, son charisme discret, sa sincérité désarmante et sa sensibilité ont touché les téléspectateurs. Elle n’a jamais cherché à forcer l’émotion, ni à se créer un personnage. C’est sans doute cela qui a fait la différence. À la sortie de l’émission, là où certains anciens candidats doutent, hésitent, ou peinent à trouver leur place dans l’industrie, Elena a suivi une voie claire. Elle a annoncé une tournée dans de petites salles, rapidement complète, puis une tournée des Zéniths, un fait exceptionnel pour une artiste encore considérée en développement par son label. Son public, lui, ne l’a jamais quittée.

Son premier album, porté par le titre « Mauvais garçon », inspiré d’une relation amoureuse toxique, mêle vulnérabilité, élégance et force émotionnelle. Les mélodies sont épurées, les textes sincères, loin de toute surproduction artificielle. Cette authenticité lui a valu une reconnaissance critique rare pour une si jeune artiste. Deux NRJ Music Awards sont venus couronner cette réussite : Artiste féminine francophone de l’année et Chanson francophone de l’année. Un doublé impressionnant, symbole d’un véritable engouement populaire.

Mais ce succès n’a pas été sans zones d’ombre. La saison 2023 de la Star Academy a également été marquée par un épisode sombre : les attaques racistes visant Candis, autre candidate talentueuse, solaire, aimée de ses camarades. Lors de la diffusion, une vague de messages haineux s’est déchaînée sur les réseaux sociaux. Beaucoup ont exprimé leur soutien, mais certains internautes ont reproché à Elena de ne pas s’être exprimée publiquement. Le silence, dans l’ère numérique, est souvent interprété comme une forme d’indifférence.

Longtemps, Elena a choisi de ne pas répondre. Non pas par désintérêt, mais par pudeur et par crainte de transformer la douleur de son amie en spectacle. Ce n’est que plus tard, dans un entretien accordé au Monde, qu’elle a expliqué sa position avec calme et lucidité : « Ce n’est pas à moi de les éduquer. Quand je ne parle pas, ça ne veut pas dire que je tolère. » Une phrase simple, mais puissante. Elena refuse de céder à l’injonction contemporaine qui impose aux artistes de commenter chaque sujet, d’être porte-parole, modèle, éducateur. Elle refuse d’endosser un rôle qu’elle ne se sent pas légitime à jouer.

Son engagement, à elle, est silencieux, intime. Elle supprime systématiquement les commentaires haineux sur ses réseaux, protège ses espaces d’expression, soutient Candis loin des caméras. Cela ne se voit pas, ne se partage pas, ne se revendique pas — et pourtant, c’est réel. Elena ne cherche ni l’applaudissement moral, ni la validation numérique. Elle préfère préserver ce qui compte vraiment : ses liens, ses valeurs, sa paix intérieure.

Cette relation avec Candis, justement, n’a jamais été altérée par le bruit médiatique. Les deux jeunes femmes ont continué à se soutenir, à s’écrire, à se retrouver. Pendant la tournée de la Star Academy, elles ont partagé les scènes, les chambres d’hôtel, les confidences nocturnes, les moments de doute et les éclats de rire. Elles sont devenues symboles d’une sororité moderne, simple, sincère. « C’est absurde. Les gens veulent nous opposer alors qu’on s’aime énormément », confiait Elena. Dans un monde où l’on crée des clans, des comparaisons, des divisions, leur amitié est un acte de résistance.

Aujourd’hui, à seulement 22 ans, Elena s’impose comme une artiste qui avance à contre-courant. Elle refuse la surexposition, les discours formatés, les polémiques dévorantes. Elle préfère le silence réfléchi à la réaction impulsive, la nuance à la certitude, la présence réelle à la performance de bienveillance. Sa musique porte cette même philosophie : elle est intime, douce, forte, jamais surjouée. Une voix claire, droite, profondément humaine.

Elena n’est pas seulement une révélation musicale. Elle est le symbole d’une nouvelle manière d’exister sur scène comme sur les réseaux : être soi, réellement, sans artifice. Et c’est peut-être cela, au fond, qui touche tant le public. Une vérité rare, lumineuse, simplement offerte.