L’image de Kylian Mbappé, star mondiale au nez fracturé, brisant d’abord les cœurs des supporters parisiens puis suscitant l’inquiétude de sa propre nation après un Euro mitigé, est celle d’un athlète dont l’existence dépasse largement les limites du terrain. Son transfert tant attendu au Real Madrid devait être son manifeste, l’affirmation que le club de ses rêves venait de signer le meilleur joueur du monde. Pourtant, comme le texte le souligne, les drames et les triomphes de sa carrière sont intimement liés à l’influence d’une femme : Fayza Lamari.

L’ascension de Mbappé est, dès l’enfance, un projet pensé et exécuté avec une détermination acharnée. Fils d’un entraîneur de football, Wilfrid Mbappé, et d’une ancienne handballeuse professionnelle, Fayza Lamari, Kylian est né dans le sport à Bondy, dans cette banlieue parisienne réputée pour être un berceau de talents. Alors que Wilfrid inculque au jeune Kylian la passion dévorante du ballon rond sur les terrains de l’AS Bondy, Fayza Lamari, connue pour sa “détermination acharnée” sur les parquets, veille à ce que son fils ne se résume pas au football. Elle l’inscrit au Conservatoire pour y étudier la flûte et le ukulélé durant sept ans, instaurant même un carnet de liaison que ses professeurs devaient signer pour rendre compte de son comportement. Cette approche pratique et rigoureuse, dictée par l’ancienne sportive, pose les bases d’une personnalité confiante, voire “tête de ligne”, comme le rappelle son professeur de flûte.

Le véritable tournant survient lorsque l’intérêt des grands clubs se manifeste. En 2012, lors d’un essai à Chelsea, l’attitude de Fayza Lamari révèle l’agent qu’elle allait devenir. Lorsque le directeur du développement des jeunes, Jim Fraser, exprime le désir de revoir Kylian dans quelques années après qu’il ait amélioré son jeu sans ballon, la mère, protectrice et visionnaire, explose. “Si vous voulez le signer, vous le signez maintenant ! Dans cinq ans, vous reviendrez le chercher pour 50 millions de livres”, aurait-elle lancé. Cette prédiction, qui se révélera largement inférieure à la réalité, prouve qu’elle avait déjà saisi la valeur exponentielle de son fils.

L’AS Monaco est finalement choisi en 2013, non pas pour le prestige immédiat, mais pour être un “tremplin idéal”, garantissant au jeune prodige l’accès le plus rapide à l’équipe première. Ce choix stratégique, calqué sur le parcours d’un autre ancien de Clairefontaine, Thierry Henry, souligne une gestion de carrière privilégiant l’évolution sportive rapide. Le départ à 1000 km de Bondy marque la radicalisation du rôle de Fayza Lamari : elle quitte son métier de coordinatrice en centre de loisirs pour devenir l’agente de son fils. Leur relation devient “fusionnelle” et “symbiotique”, selon les propres mots de Kylian.

Dans l’ombre, elle se forme, allant jusqu’à rencontrer secrètement cinq avocats avant de choisir Delphine Verheyden, une avocate spécialisée dans les athlètes de haut niveau (comme Teddy Riner et Martin Fourcade), mais complètement indifférente au football. Cette démarche prouve sa volonté de s’entourer de professionnels compétents et de ne jamais être impressionnée par le monde du sport-business. Elle apprend à maximiser la valeur de son fils, créant même la société KÉWJF (dont le nom porte les initiales de la famille Mbappé) pour gérer ses droits à l’image, un sujet qui deviendra une source majeure de controverse.

Le transfert mirobolant à Paris en 2017, pour 180 millions d’euros, puis le feuilleton de sa prolongation en 2022, illustrent la puissance de négociation du clan Mbappé. Fayza Lamari n’a aucun scrupule à négocier des pourcentages avec son propre fils ou à faire les fortes têtes avec les dirigeants les plus puissants du football mondial, Nasser Al-Khelaïfi et Florentino Pérez. Elle cherche à maximiser le gain à court terme tout en maintenant le pouvoir de décision du joueur. Le contrat de 2022, lui offrant un salaire annuel de 72 millions d’euros, une prime à la signature de 180 millions d’euros et une année en option à la discrétion du joueur, est un coup de maître financier qui asseoit la domination du clan.

Comme l’a dit Fayza Lamari sans aucune culpabilité : “si on avait pu prendre 10 milliards on les aurait pris parce que le système veut ça et le milieu veut ça.” Le “monstre” qu’elle a créé, selon le terme employé dans le texte, n’est pas seulement un buteur hors pair, mais une entité commerciale dont la valeur est le fruit d’une stratégie familiale inébranlable. Les supporters du Real Madrid, s’ils sont heureux de l’accueillir, savent que le spectacle ne se limitera jamais aux pelouses. L’influence de Fayza Lamari, devenue l’une des figures les plus puissantes du football mondial, continuera de dicter le prochain chapitre, assurant que Kylian Mbappé reste non seulement un athlète d’élite, mais aussi l’épicentre des gros titres et des enjeux financiers.