Le dernier Clásico, disputé en finale de la Coupe du Roi, restera non seulement comme une défaite cinglante pour le Real Madrid (3-2 en faveur de Barcelone), mais aussi comme l’épisode le plus marquant d’une saison où la « Maison Blanche » semble avoir perdu son sang-froid et sa dignité face à son rival éternel. Le match, clôturant une série de trois défaites consécutives face au Barça, a mis à nu la frustration extrême et l’orgueil blessé du club madrilène, culminant par un chaos disciplinaire sans précédent sur la pelouse du Stadio de La Cartuja.

L’apogée du drame survient à la 120ème minute, dans un moment de tension maximale. Kylian Mbappé commet l’irréparable en adressant une légère tape sur la joue d’Eric Garcia du Barça. Bien que le geste ait pu être involontaire ou juste une bousculade, il n’échappe pas à l’arbitre, dont le coup de sifflet déclenche une scène de chaos immédiate. L’interruption de l’attaque madrilène a provoqué une explosion de rage. Les joueurs du Real Madrid, y compris ceux sur le banc et le personnel technique, se sont rués sur le terrain, protestant violemment contre la décision.

L’incident le plus scandaleux fut le fait d’Antonio Rüdiger. Le défenseur allemand, déjà sous l’emprise d’une colère noire, saisit une bouteille d’eau et la lance en direction de l’arbitre. Cet acte d’une rare indiscipline, ainsi que la virulence des protestations, ont forcé l’arbitre, M. De Burgos, à sévir sans attendre. Conséquence immédiate : deux cartons rouges directs sont distribués, l’un à Lucas Vázquez et, bien sûr, l’autre à Rüdiger.

Loin de calmer les esprits, l’expulsion n’a fait qu’accentuer la furie de l’Allemand. Rüdiger, les yeux exorbités et le visage déformé par la rage, a continué à défier l’arbitre, tentant même d’en venir aux mains, malgré les efforts désespérés du personnel d’encadrement pour le maîtriser. Selon les rapports d’après-match de la presse espagnole, le défenseur aurait tenté de lancer un sac de glace après la bouteille d’eau, n’étant empêché que par l’intervention de coéquipiers comme Ferland Mendy et Vallejo.

Le rapport d’après-match de l’arbitre De Burgos a confirmé les faits : Rüdiger a reçu le carton rouge pour avoir lancé un objet depuis la zone technique sans atteindre personne, suivi d’une attitude agressive nécessitant l’intervention de membres du Real Madrid.

Le spectacle indigne s’est prolongé jusqu’au coup de sifflet final. Jude Bellingham, autre star du Real, a ajouté un troisième carton rouge à l’ardoise madrilène après le match, en raison des paroles agressives qu’il aurait adressées à l’arbitre, révélant une frustration accumulée tout au long de la rencontre. Déjà furieux à la mi-temps, l’Anglais avait été entendu par ses coéquipiers se plaindre que toutes les décisions litigieuses (les « 50/50 ») favorisaient le Barça.

L’amertume du Real Madrid a atteint son paroxysme lors de la cérémonie de remise des trophées, où Bellingham a de nouveau terni l’image du club. Il fut le seul joueur du Real Madrid à refuser ostensiblement de serrer la main aux joueurs du FC Barcelone lors de leur passage pour recevoir la médaille. Ce geste, dénué de tout esprit sportif, a couronné le « hat-trick » de cartons rouges et une série d’images déplorables qui ont gravement nui à la réputation du club, qui se targue pourtant d’une « phong thái hoàng gia » (style royal) et d’une dignité légendaire.

Ces défaites consécutives en trois Clásicos (un 0-4 en Liga et deux finales de coupe perdues) ont clairement touché au plus haut point l’orgueil du Real Madrid. La défaite n’était plus seulement une question de résultat ou de tactique, mais un choc psychologique se manifestant par une perte de contrôle.

Pendant que le Real Madrid sombrait dans la colère et le chaos disciplinaire, le FC Barcelone, mené par l’exemple de ses jeunes talents, affichait une froideur et un professionnalisme remarquables. Loin de se laisser entraîner dans les querelles, des joueurs comme Pedri ont laissé leur talent parler sur le terrain. Alors que Bellingham s’auto-excluait du respect de la tradition, Pedri inscrivait un but splendide qui mettait les Blaugrana sur la voie du succès. Le contraste était saisissant : les têtes brûlées du Real face à la concentration impassible du Barça.

Le jeune Lamine Yamal a incarné cette légèreté insolente du côté catalan. Auteur de deux passes décisives, il a continué à tourmenter la défense madrilène. Lors de la célébration, il a même fait preuve d’une espièglerie moqueuse, se pavanant avec des lunettes de soleil, sautillant et faisant des clins d’œil, accentuant la frustration du camp adverse. Interrogé sur la mauvaise conduite des joueurs du Real, Yamal a simplement répondu avec une confiance déconcertante : « Nous avons parlé avec Ronald Araújo à l’hôtel et je lui ai dit que si le Real Madrid marquait, ce n’était pas un problème. Cette année, ils ne peuvent pas nous battre. Le Barça l’a prouvé. Nous sommes tous vraiment heureux. »

Cette victoire non seulement donne une autre coupe au Barça mais le lance également dans la course à un possible quadruplé (tứ bề). Pour le Real Madrid, c’est l’amère déception de voir trois titres s’envoler, ne laissant que la Liga comme unique espoir de salut, bien que les chances s’amenuisent. Le message de ce Clásico est clair : la victoire sourit à celui qui, au moment crucial, reste calme, se concentre sur le ballon et refuse d’être aspiré par les « querelles inutiles » que le Real Madrid, à sa grande honte, a laissé dicter la fin de son match.