Kendji Girac face à ses propres démons : comment la naissance de sa fille a bouleversé son destin, transformé ses doutes en force et changé à jamais le prodige gitan

Le succès, quand il arrive comme une vague déchaînée, peut porter un artiste vers les sommets… ou l’écraser sous son propre poids. Pour Kendji Girac, l’enfant prodige révélé par The Voice en 2014, la gloire fut un cadeau empoisonné, à la fois bénédiction et fardeau. Derrière son sourire éclatant, son accent chantant du Sud-Ouest et ses mélodies gitanes, se cachait un jeune homme rongé par un doute profond : avait-il vraiment sa place parmi les grands de la musique française ?

Aujourd’hui, à seulement 28 ans, Kendji n’est plus ce gamin solaire qui séduisait les foules avec sa guitare et son énergie contagieuse. Il est devenu un homme, un père, un artiste en pleine mutation. Et c’est précisément cette paternité – l’arrivée d’Eva Alba, sa petite fille née en 2021 – qui a tout changé.

Le choc du fauteuil rouge

Lorsque la production de The Voice Kids lui a proposé de devenir coach, Kendji a d’abord cru à une plaisanterie. Lui, juger des enfants qui rêvaient de musique comme il l’avait fait quelques années plus tôt ? Impensable. “Quand on me l’a proposé la première fois, j’ai tout de suite dit non”, avoue-t-il.

Son refus n’était pas une question d’ego, mais de légitimité. “À mon âge, c’était un peu prétentieux de juger des artistes, je me sentais trop jeune”, explique-t-il avec une sincérité désarmante. Comment, à 26 ans, pouvait-il incarner le rôle du sage, du guide, du mentor ? Pour lui, ce fameux fauteuil rouge n’était pas un simple siège de télévision : il symbolisait la responsabilité d’éclairer un chemin, de protéger des jeunes rêves fragiles.

Le poids de cette responsabilité l’a presque écrasé. Pendant des mois, Kendji a décliné, douté, reculé. Mais la vie allait lui donner une nouvelle raison de dire oui.

Eva Alba, le soleil qui éclaire les ombres

La naissance de sa fille a agi comme un électrochoc. Subitement, Kendji n’était plus seulement un chanteur adulé, il devenait un père. “Le fait d’être papa, ça m’a beaucoup changé. Ça m’a fait prendre conscience de plein de choses”, confie-t-il, la voix chargée d’émotion.

Eva Alba est devenue son ancrage, son moteur, sa boussole. Là où il voyait auparavant un trône inaccessible, il a fini par percevoir un rôle plus doux, plus humain : celui de transmettre. “Je ne veux pas juger, je veux aider. Être un grand frère, un guide”, dit-il désormais.

Son rapport à la scène, à la célébrité, à la pression a radicalement changé. Car désormais, il chante aussi pour elle. Et c’est pour elle qu’il accepte de relever ce défi, convaincu que l’exemple qu’il donne à sa fille vaut plus que toutes les récompenses.

De la guitare aux caméras : une carrière en métamorphose

Ce passage du micro au fauteuil rouge n’est qu’un chapitre d’une transformation plus vaste. Kendji a prouvé qu’il ne se contentait pas d’être “le petit gitan à la guitare”. En 2022, il surprend tout le monde en incarnant Zack dans Champion, un téléfilm poignant diffusé sur TF1.

Son rôle ? Un jeune boxeur illettré, en quête de dignité. Un personnage qui résonne douloureusement avec son propre passé. Car Kendji sait de quoi il parle : lui aussi a quitté l’école tôt, lui aussi a vécu l’exclusion silencieuse. En osant incarner ce rôle, il a brisé un tabou, porté un message : celui que la vulnérabilité peut devenir une force.

Son interprétation a été saluée par la critique. Soudain, Kendji n’était plus seulement une voix, il devenait un acteur engagé, un témoin des luttes invisibles.

Le poids des attentes et le courage du doute

Pourtant, cette ascension n’a rien d’un conte de fées. Kendji n’a jamais caché ses doutes, ses fragilités. “On me voyait toujours souriant, mais je ne l’étais pas toujours à l’intérieur”, reconnaît-il. Le succès fulgurant, les tournées interminables, les projecteurs constamment braqués sur lui… tout cela aurait pu le briser.

Mais aujourd’hui, il assume : c’est précisément cette fragilité qui l’a sauvé. En avouant ses peurs, il les a apprivoisées. En partageant ses doutes, il a trouvé une force nouvelle. Et en devenant père, il a transformé ce vertige en une énergie indestructible.

Un passage de flambeau

Accepter de s’asseoir dans le fauteuil rouge de The Voice Kids, ce n’est pas une prise de pouvoir. C’est un passage de relais. Kendji n’y voit pas une consécration personnelle, mais un acte de générosité. “Je veux protéger ces jeunes, leur éviter les pièges que j’ai connus”, répète-t-il.

Derrière lui, une décennie de tubes, de disques d’or, de salles combles. Devant lui, un rôle inédit : celui d’un guide, d’un grand frère, d’un père symbolique pour des enfants qui s’apprêtent à vivre le vertige de la lumière.

Kendji Girac n’est plus seulement un phénomène. Il est une inspiration. Un homme qui a appris que la vraie force naît du doute, que la vraie maturité s’écrit dans la transmission.

Un avenir en clair-obscur

Aujourd’hui, le jeune gitan de Périgueux s’avance avec une sérénité nouvelle. Sa carrière ne se limite plus à la chanson : elle s’ouvre au cinéma, à la télévision, et surtout, à l’accompagnement des autres.

Mais derrière cette assurance, demeure une part d’incertitude. Car Kendji reste fidèle à lui-même : un artiste qui doute, qui trébuche parfois, mais qui ne cesse jamais d’avancer. Et c’est peut-être cela, sa plus grande force : ne jamais se croire arrivé, toujours se remettre en question, toujours tendre la main à ceux qui suivent.

Conclusion : le prodige devenu guide

Il y a dix ans, un adolescent enjoué faisait vibrer la France avec sa guitare et ses rythmes ensoleillés. Aujourd’hui, ce même garçon est devenu un homme, un père, un artiste en pleine évolution. Kendji Girac n’a pas renié l’enfant qu’il était : il l’a sublimé.

Ses doutes, qu’il croyait faiblesse, sont devenus une boussole. Sa fille, qu’il chérit plus que tout, est devenue son moteur. Et le fauteuil rouge qu’il redoutait tant est désormais son trône de cœur, non pas pour juger, mais pour transmettre.

Kendji Girac n’a pas seulement gagné The Voice. Il a gagné une voix intérieure : celle d’un père, d’un mentor, d’un homme prêt à écrire la suite de son histoire, sans fard, sans masque.