La veille du match crucial des Bleus contre l’Ukraine, les projecteurs ne se sont pas uniquement braqués sur la préparation sportive, mais ont inévitablement glissé vers un sujet médiatique brûlant : la polémique opposant le capitaine de l’équipe de France, Kylian Mbappé, au rappeur normand acclamé, Orelsan. L’incident, né d’une simple phrase glissée dans un morceau, a pris des proportions inattendues, reflétant les tensions et les susceptibilités qui peuvent émerger lorsque les mondes du sport de haut niveau et de la culture populaire se rencontrent. L’article d’Elisabeth Sall, daté du, résume parfaitement cette situation où le silence et la distance deviennent les réponses privilégiées des deux personnalités face au tumulte médiatique.

Le déclencheur de cette discorde, désormais célèbre, est le titre “La Petite Voix”, extrait du nouvel album d’Orelsan, intitulé La Fuite en avant. Au détour d’un couplet, Aurélien Cotentin, le rappeur derrière le pseudonyme, lâche une phrase qui a eu l’effet d’une étincelle sur une poudrière : « Tu vas faire couler ta ville comme les Mbappé. » Pour la majorité de son public, cette ligne s’inscrit dans le style habituel d’Orelsan, mêlant une autodérision cynique à une critique sociétale voilée, souvent empreinte d’humour noir. L’album entier est, d’après les premières analyses et la défense du rappeur lui-même, une introspection où l’artiste se met en scène en train de se critiquer, lui-même, sa ville, sa famille et même sa notoriété. La phrase sur Mbappé, dans cette perspective, pourrait avoir été une figure de style utilisée pour illustrer la pression de la célébrité et l’impact que toute action publique peut avoir sur un territoire.

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Cependant, cette interprétation n’a pas été celle de Kylian Mbappé. Actionnaire majoritaire du Stade Malherbe Caen, club de la ville natale d’Orelsan, Mbappé a immédiatement perçu cette ligne comme une pique personnelle et indirecte à son engagement philanthropique et économique dans la région. Sa réaction, vive et cinglante, a été livrée sur les réseaux sociaux. Le capitaine des Bleus a reproché à Orelsan de « supplier pour entrer avec […] pour avoir la bonne image du petit gars de Normandie ». Cette riposte a mis en lumière une incompréhension fondamentale : là où Orelsan voyait peut-être une référence générationnelle à l’impact des sportifs sur l’économie locale, Mbappé a ressenti une mise en cause de son intégrité et de son investissement dans le tissu normand. La réponse de Mbappé a révélé une sensibilité à la critique, souvent liée aux attentes que le public place en lui, non seulement en tant que joueur, mais en tant qu’icône et homme d’affaires.

Face à la montée de la polémique, Orelsan a tenté de temporiser. Interrogé au micro de Fun Radio, il a reconnu un certain malaise mais a choisi de ne pas alimenter l’affrontement direct. Sa réponse était prudente : « Je n’ai pas vraiment envie de répondre. Je suis toujours à chaud et j’ai pas envie d’en parler. C’est une incompréhension. Il faut que je réexplique bien le concept de l’album et du film. C’est ça qu’il faut que je fasse. » Ce “regret de l’incompréhension” est une manière de désamorcer la tension tout en réaffirmant le contexte artistique de l’œuvre. Il insiste sur le fait que le morceau n’est pas un diss track dirigé contre Mbappé, mais s’inscrit dans une narration plus large d’introspection, d’ambition et des paradoxes de la célébrité. Orelsan, en tant qu’artiste reconnu pour la subtilité de ses textes, cherche à préserver la complexité de son message face à une interprétation simplifiée par l’emballement médiatique.

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Le dernier rebondissement, survenu à la veille du match contre l’Ukraine, est la réaction de Kylian Mbappé en conférence de presse. Face à la question inévitable des journalistes, le footballeur a choisi la stratégie du refus et de la distance. L’article mentionne un sourire initial, peut-être une expression de lassitude ou d’amusement face à l’absurdité de la situation, suivi d’une réponse laconique et définitive : « Rien à dire. Ça ne m’intéresse pas. »

Cette prise de position marque un tournant. Après une réaction initiale émotionnelle et acerbe sur les réseaux, Mbappé revient à une posture de capitaine et de professionnel du sport. En choisissant de balayer la question, il envoie un message clair : sa priorité est le football, le match à venir, et non de s’éterniser dans une querelle d’ego avec un artiste. Ce “rien à dire” est en réalité très parlant ; il signifie la volonté de clore le débat et de ne pas accorder plus d’importance médiatique à une phrase qui, selon lui, ne mérite pas de distraire son attention de ses obligations sportives.

La polémique Mbappé-Orelsan est révélatrice des tensions entre la figure de l’artiste qui se permet l’ironie et la critique (Orelsan) et la figure de l’icône sportive, hautement médiatisée, dont l’image est un actif précieux à défendre (Mbappé). Dans ce théâtre d’ombres médiatiques, le silence et la sobriété, adoptés par les deux parties après leurs réactions initiales, sont souvent la meilleure stratégie pour laisser une affaire se dégonfler. Les deux stars semblent avoir compris que le jeu de l’escalade verbale ne ferait que nuire à leur image respective, préférant chacun se recentrer sur ce qui fait leur succès : la musique pour Orelsan, le football pour Mbappé. L’affaire est donc, pour l’heure, placée sous le signe de l’évitement, laissant les fans et les observateurs avec une saveur d’inachevé mais une certitude : le talent des deux hommes continue de faire couler beaucoup d’encre, même quand ils choisissent de se taire.