“MeToo a fait tomber des têtes” : Marie Gillain évoque les “excès” qui doivent être jugés mais appelle aussi à la réconciliationDomine Jerome/ABACA

Dans un entretien accordé à Paris Match, Marie Gillain revient sur son rôle dans Une place pour Pierrot mais aussi sur son regard face aux bouleversements du cinéma depuis #MeToo. L’actrice appelle à “une tolérance zéro” envers les abus, tout en plaidant pour “des nuances” et “une forme de compassion”.

À l’affiche d’Une place pour Pierrot, réalisé par Hélène Médigue, Marie Gillain incarne Camille, une sœur confrontée à la différence et au rôle d’aidante. Un film sensible qui met en lumière ceux que l’on oublie trop souvent… Sur le rôle d’aidant, l’actrice a confié à nos confrères de Paris Match : “Oui, c’est une situation très lourde qui mêle à la fois l’amour, tout un tas de sentiments et la psychologie. Au-delà de l’amour fraternel que Camille a pour Pierrot, elle est aussi une femme pleine de failles, imparfaite, impulsive, qui ne sait pas gérer ses émotions, qui veut tout contrôler. Être aidant, accompagner, c’est être un bon soldat qui parfois explose face à un trop-plein. On ne choisit pas d’être aidant. On les pense toujours calmes et posés, mais non ! Le film d’Hélène évoque aussi toutes ces vulnérabilités”.

Marie Gillain donne son avis sur le mouvement #MeToo

Au-delà de ce rôle, la comédienne s’est également exprimée sur les bouleversements qui secouent le monde du cinéma depuis l’émergence de la libération de la parole. Elle ne cache pas avoir elle-même été confrontée à des expériences douloureuses. “Quand on est jeune actrice, on ne sait pas vraiment qui on est. On est beaucoup plus malléables pour devenir le fantasme d’un metteur en scène. Je ne sais pas si je suis activiste, si j’ai ce courage dans ma vie. J’en suis plutôt à me dire qu’il faut apprendre des erreurs du passé pour devenir des femmes et des hommes meilleurs“, a-t-elle déclaré. Sans détour, elle a ajouté : “Donc il y a des têtes qui sont tombées, il fallait qu’elles tombent, ça fait avancer. Il faut arriver à une tolérance zéro. C’est important, parce qu’il y a eu une tolérance maximale pendant des années. Un laisser-faire qui a fait des ravages”

La nécessité de trouver un équilibre

Pour autant, Marie Gillain plaide pour une société capable de juger avec justesse, sans tomber dans l’excès. “Mais je suis aussi pour la réconciliation, pour une forme de compassion – intrinsèquement, j’ai ce fond empathique –, même si elle a aussi ses travers. Donc je suis pour que les excès qui ont été commis soient reconnus et jugés. C’est un premier point”, a-t-elle commencé.

Et de poursuivre : “Mais on ne pourra pas non plus se contenter du tribunal permanent que sont devenus les réseaux sociaux ou même, je suis désolée, la presse, qui joue aussi un rôle. Parfois, on exacerbe, on montre du doigt avant même que la justice ne fasse son travail. Dans ces moments-là, dans la société dans laquelle on vit aujourd’hui, on a besoin de nuances”.