Tchéky Karyo, l’éternel second rôle devenu légende du cinéma français

Le cinéma français vient de perdre l’un de ses visages les plus emblématiques. Tchéky Karyo s’est éteint ce vendredi 31 octobre 2025, à l’âge de 72 ans. L’acteur, fidèle collaborateur de Luc Besson et figure marquante de nombreux films français et internationaux, laisse derrière lui une filmographie impressionnante et une carrière qui force le respect.
Une enfance entre deux cultures
Né Baruh Djaki Karyo le 4 octobre 1953 à Istanbul, en Turquie, il grandit dans une famille aux origines multiples. De père turc et de mère grecque, il a porté toute sa vie ce mélange de cultures comme une richesse intérieure, une ouverture sur le monde. Très jeune, il quitte la Turquie pour la France, où il grandit aux côtés de sa sœur Luna, disparue en 2017, et de son frère Michel. La France devient pour lui une terre d’accueil et d’expression, le pays où il construira son identité artistique et humaine.
Avant de devenir acteur, Tchéky Karyo se destine à une tout autre carrière. Élève studieux, il découvre tardivement le théâtre, presque par hasard, avant de rejoindre le Conservatoire national d’art dramatique. Ce n’est pourtant qu’à 39 ans, un âge tardif pour débuter une carrière au cinéma, qu’il fait ses premiers pas sur grand écran.
Une ascension fulgurante
En 1982, Chantal Akerman lui confie un petit rôle dans Toute une nuit. Mais c’est l’année suivante, en 1983, que tout s’accélère avec La Balance de Bob Swaim. Dans ce polar nerveux qui marque une génération, Tchéky Karyo impose son charisme brut et sa présence physique magnétique. Sa performance lui vaut une nomination au César du meilleur espoir masculin. Le public et la critique le découvrent, le cinéma français vient de gagner un acteur rare, habité, capable d’allier intensité et humanité.
Très vite, il se spécialise dans les rôles de durs, de marginaux, de flics torturés ou de truands au grand cœur. Son regard perçant, sa voix grave et son jeu tout en nuances en font un visage incontournable du polar français des années 1980 et 1990. On le retrouve notamment dans L’Amour braque aux côtés de Sophie Marceau, sous la direction d’Andrzej Żuławski, où il confirme son goût pour les personnages complexes et passionnés.
La consécration avec Luc Besson
C’est avec L’Ours de Jean-Jacques Annaud, en 1988, que Tchéky Karyo accède à une reconnaissance internationale. Mais c’est surtout sa rencontre avec Luc Besson qui marquera un tournant décisif dans sa carrière. En 1990, il incarne Bob, le mentor d’Anne Parillaud dans Nikita. Son personnage, à la fois dur et tendre, guide la jeune tueuse dans un monde de violence et de solitude. Ce rôle emblématique scelle une amitié durable entre le réalisateur et l’acteur.
Luc Besson lui renouvelle sa confiance à deux reprises : en 1999 pour Jeanne d’Arc, où il incarne le fidèle Dunois, puis en 2001 dans Le Baiser mortel du dragon, aux côtés de Jet Li. Ces collaborations lui permettent de naviguer entre cinéma d’auteur et production à grand spectacle, sans jamais trahir son exigence artistique.
L’ouverture vers Hollywood
Fort de cette notoriété, Tchéky Karyo s’exporte naturellement à l’étranger. Hollywood s’intéresse à lui, et il devient l’un des rares acteurs français à s’y faire une place durable dans les années 1990. On le retrouve aux côtés de Gérard Depardieu dans 1492 : Christophe Colomb de Ridley Scott, puis face à Will Smith dans Bad Boys de Michael Bay.
Toujours cantonné à des seconds rôles, il y impose néanmoins sa marque : celle d’un acteur capable de donner de la profondeur à des personnages souvent archétypaux. Que ce soit dans GoldenEye, Crying Freeman, The Patriot ou Fusion – The Core, Tchéky Karyo parvient à mêler intensité dramatique et élégance naturelle. Il devient ce que le cinéma américain appelle un “character actor” — un acteur de composition dont la seule présence enrichit le récit.
Un acteur fidèle et discret
Malgré ses succès internationaux, Karyo n’a jamais tourné le dos au cinéma français. Il alterne productions étrangères et films plus intimistes, toujours avec la même passion du jeu. En début d’année 2025, il apparaissait encore dans Rapide, un film porté par l’influenceuse et actrice Paola Locatelli, prouvant une fois de plus sa capacité à se renouveler et à dialoguer avec les nouvelles générations.
À la télévision, il laisse également une empreinte durable. Le grand public le redécouvre dans la série britannique The Missing, où il incarne le détective Julien Baptiste, rôle qu’il reprendra dans le spin-off Baptiste. En France, il multiplie les apparitions dans des séries à succès comme Kaamelott, Les Combattantes ou Les Disparus de la Forêt-Noire.
L’homme derrière l’acteur
Derrière le comédien reconnu se cachait un homme pudique, profondément humaniste. Tchéky Karyo n’a jamais cherché la lumière à tout prix. Il préférait la sincérité des projets à leur éclat médiatique. Chanteur à ses heures, il avait sorti plusieurs albums, où l’on retrouvait la même sensibilité que dans ses interprétations au cinéma.
En juillet 2024, dans une interview accordée au Parisien, il évoquait la mort avec sérénité et lucidité. “Le plus tard possible. En bonne santé. En dormant, peut-être. En même temps, partir dans la douleur, c’est un temps pendant lequel on dit au revoir. Je pense que la manière dont on meurt, c’est peut-être aussi la dernière leçon qu’on donne à nos enfants.” Ces mots résonnent aujourd’hui avec une émotion particulière.
Une dernière leçon d’élégance
Jusqu’à la fin, Tchéky Karyo aura incarné une certaine idée du cinéma : celle d’un art à la fois populaire et exigeant, ancré dans la vérité des émotions. Il n’aura jamais cherché la gloire facile ni les effets de mode. Sa carrière, discrète mais éclatante, témoigne d’une fidélité rare — à ses metteurs en scène, à ses partenaires de jeu, et à lui-même.
Lors de la 7ᵉ édition du Festival Cineroman à Nice, le 4 octobre 2025, il recevait le Prix Génius en clôture de la manifestation. Un hommage prémonitoire, quelques semaines avant sa disparition. Ce soir-là, il avait salué le public avec son éternel sourire mélancolique, sans savoir qu’il offrait sa dernière apparition publique à un monde du cinéma qui l’aimait profondément.
Un héritage indélébile
De La Balance à Nikita, de Jeanne d’Arc à The Missing, Tchéky Karyo laisse une œuvre dense, cohérente et profondément humaine. Son jeu, à la fois animal et spirituel, a marqué plusieurs générations de spectateurs et d’acteurs.
Le cinéma français perd plus qu’un acteur : il perd un poète du regard, un artisan du vrai, un homme dont chaque rôle semblait nous rappeler que la violence n’exclut jamais la tendresse, et que derrière chaque personnage se cache un cœur battant.
Tchéky Karyo s’en est allé, paisiblement, comme il l’espérait. Mais ses films, eux, continueront de vivre — et de nous rappeler que certains seconds rôles valent toutes les premières places.
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