Michel Drucker : ses confidences bouleversantes sur Johnny Hallyday et la face cachée du Taulier

Lorsqu’il s’agit d’évoquer les grandes figures de la chanson française, Michel Drucker est sans doute l’un des rares à pouvoir en parler avec autant d’émotion, de sincérité et de recul. Au cours de sa longue carrière, l’animateur a côtoyé les plus grands : Aznavour, Sardou, Gainsbourg, Coluche… et bien sûr, Johnny Hallyday. Une amitié forgée sur plusieurs décennies, marquée par le respect, la complicité et une profonde affection. Invité dans l’émission LEGEND de Guillaume Pley le 29 octobre dernier, Michel Drucker a accepté de se confier sur celui qu’il considérait comme un frère. Et au détour d’une phrase, il a révélé un épisode particulièrement sombre de la vie du Taulier : une tentative de suicide passée sous silence.

Une amitié indéfectible entre deux légendes

Dès les premières minutes de l’entretien, Michel Drucker a laissé transparaître une émotion intacte, près de huit ans après la disparition de Johnny Hallyday. L’animateur emblématique de Vivement Dimanche a en effet vécu la mort du chanteur comme celle d’un proche. Les téléspectateurs se souviennent encore de cette séquence bouleversante, diffusée le 5 décembre 2017, quelques heures après l’annonce du décès du rockeur. En larmes à l’antenne, Drucker s’était adressé directement à son ami, d’une voix tremblante : « Tu aurais pu vivre encore un peu. Je sais que nous nous reverrons un jour ou l’autre. Salut mon pote ! »

Ces mots, simples mais déchirants, avaient touché la France entière. Car derrière le professionnel chevronné, se cachait un homme meurtri par la perte d’un ami fidèle.

Dans LEGEND, Michel Drucker revient sur cette relation unique :

« Je suis allé souvent chez lui, j’ai vu des choses très drôles. Il me racontait des histoires incroyables, et un jour je l’ai même imité », confie-t-il avec un sourire teinté de nostalgie.

Mais au-delà du rire et des souvenirs joyeux, l’animateur a également perçu une autre facette du chanteur — celle d’un homme tourmenté, profondément mélancolique, malgré son image de rockeur invincible.

Johnny Hallyday, un homme blessé derrière le mythe

Derrière les paillettes, les stades remplis et les tubes à succès, Johnny cachait une douleur ancienne, enracinée dans son enfance chaotique. Michel Drucker n’a pas hésité à mettre des mots sur ce mal-être.

« C’était quelqu’un de malheureux, de triste », confie-t-il. « Il avait cette mélancolie constante, qu’on peut comprendre quand on connaît son histoire. »

Et quelle histoire… Abandonné très jeune par ses parents, Johnny est élevé par son oncle et sa tante, Lee et Desta Mar. Son père, Léon Smet, comédien de second plan, sombre dans la misère. Lorsque Johnny se rend à ses funérailles, des années plus tard, il se retrouve seul devant la tombe d’un père devenu SDF en Belgique. Une scène d’une immense tristesse, qui illustre le vide affectif dans lequel l’artiste a grandi.

Cette solitude originelle a marqué Johnny à jamais. Elle explique en partie son besoin d’amour, son rapport passionnel avec le public, mais aussi ses périodes de profonde dépression.

1965 : la descente aux enfers du Taulier

Si le grand public connaît les triomphes de Johnny, rares sont ceux qui se souviennent de ses années de doute. Michel Drucker, lui, n’a rien oublié. Il rappelle qu’au milieu des années 1960, le chanteur traverse une période particulièrement sombre :

« Il y a une période que tout le monde oublie, même les fans de Johnny. C’est que ça ne marchait pas du tout », raconte le présentateur.

Nous sommes en 1965. Johnny Hallyday a 23 ans. Marié à Sylvie Vartan, il vient tout juste de devenir père du petit David. Mais derrière cette apparente réussite, le jeune homme est au bord du gouffre. Son couple vacille, sa carrière connaît un creux, et sa santé mentale décline.

C’est alors que survient l’impensable. Michel Drucker révèle que son ami a tenté de mettre fin à ses jours :

« C’est en 1965, cure de sommeil, dépression nerveuse… Il est en Suisse, il a tenté de se suicider. Son couple bat de l’aile avec Sylvie Vartan. »

Un épisode tragique confirmé par Amanda Sthers, écrivaine et ancienne compagne de Patrick Bruel, qui a coécrit la biographie Dans mes yeux avec le chanteur. Elle y raconte les détails glaçants de cette tentative :

« Dans sa salle de bains, il avale une énorme dose de barbituriques, une demi-bouteille d’éther et s’ouvre les veines. Ses proches l’ont retrouvé allongé sur une moquette couverte de sang. »

Une scène d’une violence inouïe, passée presque sous silence à l’époque. Grâce à l’intervention rapide de ses proches, Johnny échappe de peu à la mort.

Une renaissance portée par la scène et le public

Cet épisode marque un tournant dans la vie de Johnny Hallyday. Sorti vivant de cette épreuve, il en ressort plus fort, mais profondément changé. La scène devient alors son refuge, son exutoire.

« La scène, c’était sa thérapie », dira plus tard Michel Drucker. « Quand il chantait, il oubliait tout : ses douleurs, ses blessures, ses angoisses. »

Johnny transformera ses failles en une force créatrice. Il enchaînera les tournées, les albums, les succès. Chaque performance devient un cri de vie, une revanche sur ses démons.

Pour Michel Drucker, cette résilience est ce qui rend Johnny si unique :

« Il avait ce besoin vital de reconnaissance. Il chantait comme s’il jouait sa vie à chaque note. C’est ça qui le rendait si bouleversant. »

Michel Drucker, gardien de la mémoire du Taulier

Aujourd’hui encore, Michel Drucker parle de Johnny au présent, comme s’il n’était jamais parti. À 82 ans, il continue de rendre hommage à son ami dès qu’il en a l’occasion, convaincu que la légende du rockeur reste vivante dans le cœur des Français.

« Johnny, c’était plus qu’un chanteur, c’était un symbole. Il représentait une époque, une génération, un mode de vie. Et puis, il avait cette humanité incroyable. Malgré ses excès, il restait profondément gentil, pudique, presque fragile », confie-t-il.

Le temps passe, mais la peine demeure. Huit ans après sa mort, Michel Drucker reste habité par le souvenir du Taulier, conscient d’avoir perdu bien plus qu’un ami célèbre : un frère d’âme.

« Je crois qu’il me manque toujours autant. On a partagé tant de choses. Il m’appelait parfois tard la nuit, juste pour parler, pour rigoler, pour se souvenir. Johnny, c’était la vie, la vraie. »

Un homme derrière la légende

L’émotion de Michel Drucker nous rappelle une vérité simple : derrière la légende du rockeur, il y avait un homme fragile, sensible, et profondément humain. Un homme qui, malgré les triomphes et les feux des projecteurs, n’a jamais cessé de chercher l’amour et la paix intérieure.

Grâce aux confidences de Michel Drucker, le public découvre un Johnny plus intime, plus authentique, loin des clichés. Un artiste qui a connu la gloire, mais aussi la solitude, la douleur et le désespoir.

Et c’est peut-être là que réside la grandeur de Johnny Hallyday : dans cette capacité à se relever, encore et encore, à transformer ses blessures en hymnes universels.

Comme le résume si bien Michel Drucker, les yeux embués :

« Johnny, c’était un phénix. Il renaissait toujours de ses cendres. Et c’est pour ça qu’on ne l’oubliera jamais. »

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