Florent Pagny : 64 ans et toujours fidèle à ses convictions, y compris sur la fiscalité

Ce 6 novembre 2025, Florent Pagny souffle ses 64 bougies. Chanteur populaire et figure emblématique de la chanson française, il a traversé les décennies en imposant sa voix puissante, son charisme et un franc-parler qui ne laisse personne indifférent. Avec des titres comme Savoir aimer, Caruso, Et un jour, une femme… ou encore Ma liberté de penser, il a marqué durablement le répertoire musical français. Mais au-delà de ses succès sur scène et dans les charts, Florent Pagny a également construit sa réputation autour de son indépendance, de son audace et… de ses démêlés avec le fisc, une histoire qui remonte à plus de vingt ans.

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Les débuts des ennuis fiscaux

Les ennuis de Florent Pagny avec le fisc commencent à la fin des années 1990. À l’époque, le chanteur, alors au sommet de sa carrière, attire l’attention de l’administration fiscale en raison de certaines irrégularités dans ses déclarations. Selon le rapport du fisc, il aurait omis de déclarer environ 48 000 euros de TVA en 1997 et minoré ses revenus de 540 000 euros sur les exercices 1996 et 1997. Mais les révélations ne s’arrêtent pas là. En 2002, des objets de valeur, parmi lesquels une Bentley, quatre motos, des grands crus de vin et des œuvres d’art, destinés à être saisis par les huissiers, disparaissent mystérieusement quelques mois après avoir été recensés.

L’affaire ne s’arrête pas là. Le parquet de Versailles reproche également au chanteur d’avoir perçu, en décembre 1995, un faux prêt d’1,5 million d’euros de sa maison de disques Polygram. Ce prêt, selon l’accusation, constituait en réalité une avance sur recettes, et devait donc être considéré comme un revenu imposable.

À la barre : un artiste confronté à ses erreurs

Lors de son passage devant le tribunal, Florent Pagny se montre à la fois franc et lucide. Selon Le Monde, le chanteur arrive “souriant, tresses blondes et chemise sombre”, entouré de photographes. Il reconnaît sans détour son manque de rigueur : “Je travaillais tout seul, je n’avais pas d’avocat, de manager, de comptable. Je ne gardais pas les justificatifs, je les perdais. Aujourd’hui, je suis établi avec avocats, experts-comptables, etc.”

Il plaide partiellement coupable, en admettant sa méconnaissance des obligations fiscales : “Je plaide coupable d’une partie de mon ignorance. Gagner de l’argent en étant artiste, c’est une chose, savoir le gérer en est une autre. Il faut se faire taper sur les doigts pour apprendre. Ce genre d’ennuis, ça fait réfléchir.”

Cette confession révèle une réalité que beaucoup ignorent : la réussite artistique ne garantit pas une maîtrise des aspects administratifs et financiers. Pour Pagny, cette épreuve est autant une leçon personnelle qu’une source d’inspiration créative.

Le jugement : un mélange de sanction et de soulagement

Le 24 novembre 2003, le parquet requiert huit mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. Le jugement final est un compromis : le tribunal prononce six mois de prison avec sursis, 15 000 euros d’amende et 115 000 euros de dommages et intérêts à verser au fisc. Quant à l’affaire du prêt fictif, elle se solde par une relaxe, le tribunal estimant que l’accusation n’avait pas réussi à démontrer que le prêt constituait une avance déguisée.

L’avocat de Florent Pagny, Me Alain Fouquet, se montre soulagé : son client est “à jour de ses paiements d’impôts” et la condamnation reste “lourde sur des points accessoires”. Pour le chanteur lui-même, la sanction, bien que douloureuse, devient matière à création. Quelques mois plus tard, il publie Ma liberté de penser, un titre qui traduit sa révolte face à l’administration fiscale et qui deviendra rapidement un hymne pour ses fans.

Pour la première fois, Florent Pagny dévoile au grand public son  impressionnante collection de motos

Une position constante sur la fiscalité

Vingt ans après cette affaire, Florent Pagny n’a pas changé d’avis sur la fiscalité et la manière dont les riches sont traités en France. Le 12 septembre 2025, invité de Marc-Olivier Fogiel sur RTL, il livre à nouveau son analyse, cette fois en réaction à la chute du gouvernement Bayrou et aux propositions de la gauche visant à taxer davantage les riches : “C’est une mauvaise direction. Le riche, quand on vient le taxer, il s’en va. La chasse aux riches, c’est des conneries.”

Pour le chanteur, il s’agit avant tout de valoriser le rôle économique des personnes qui réussissent : “Le truc du riche, c’est qu’il consomme, il dépense, il entretient beaucoup de gens et il fait vivre beaucoup de monde.” Cette vision, assez classique du côté de certains économistes libéraux, reflète sa conviction que les excès de fiscalité peuvent être contre-productifs, non seulement pour l’individu mais aussi pour l’économie en général.

Vivant entre la Patagonie et la France, Pagny continue de payer ses impôts sur le sol français, mais son discours reste clair et assumé : “Si on réduisait pas mal de choses, peut-être qu’on gagnerait beaucoup plus que ce qui est en train de se passer.”

Une carrière toujours tournée vers la liberté

Au-delà de ses prises de position fiscales, Florent Pagny demeure un artiste engagé, fidèle à ses valeurs. À 64 ans, il continue de chanter, de produire et de coacher dans The Voice, où il est le coach le plus titré de l’histoire de l’émission. Avec son dernier album, Grandeur nature, il rappelle qu’il reste animé par la passion de la musique et l’envie de partager ses convictions, quitte à déranger.

Cette ligne de conduite, il l’a toujours assumée. En 2003, il chantait : “J’peux vider mes poches sur la table, ça fait longtemps qu’elles sont trouées”. Deux décennies plus tard, cette phrase résume parfaitement son parcours : un homme qui a connu la réussite, les erreurs et les leçons du passé, mais qui refuse de compromettre sa liberté de penser et d’agir.

Florent Pagny est ainsi l’exemple vivant d’un artiste qui n’a jamais séparé sa carrière de ses convictions personnelles. Ses succès commerciaux et sa popularité ne l’ont jamais empêché de défendre des positions parfois controversées, de transformer ses épreuves en art et de rester fidèle à lui-même, sans concessions.

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Conclusion : un artiste libre et engagé

Florent Pagny a traversé les tempêtes fiscales, les critiques et les polémiques, mais il continue d’affirmer sa vision du monde et de la réussite. À 64 ans, il est toujours cet artiste au franc-parler, capable de dénoncer ce qu’il considère comme des injustices tout en poursuivant sa carrière avec passion. Sa vie et son œuvre rappellent que derrière la célébrité et la voix puissante, il y a un homme qui valorise la liberté, la rigueur qu’il a dû apprendre à acquérir et le droit de défendre ses convictions, même lorsque cela choque.

En un mot, Florent Pagny reste fidèle à lui-même : un chanteur engagé, un esprit libre et un citoyen lucide sur les réalités économiques et sociales, prêt à chanter ses idées tout en assumant ses choix. Et cela, depuis toujours, malgré les épreuves et les polémiques, avec la même intensité qui a marqué toute sa carrière.