Meloni Déclare la Guerre à Bruxelles : Le Début de la Fin de l’Union Européenne et l’Effondrement du Mur Anti-AfD en Allemagne.

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Le vent de l’histoire a brusquement tourné. L’Italie, sous la direction audacieuse de sa Première ministre, Giorgia Meloni, figure de proue du renouveau national en Europe, se tient officiellement aux portes d’une confrontation existentielle avec l’Union Européenne. Le ton n’est plus à la querelle politique, mais à la déclaration de guerre, lancée dans un discours d’une clarté déroutante. Meloni n’y va pas par quatre chemins : elle a condamné l’Union Européenne comme un duo voué à l’insignifiance géopolitique.

Alors que nos médias tentent encore de minimiser la portée de cette annonce, des millions d’Européens comprennent que ce que nous observons n’est rien de moins que le prélude à la fin d’une ère. Meloni règle impitoyablement ses comptes avec une Union qui, selon elle, a non seulement échoué, mais trahit activement les intérêts fondamentaux de ses États membres. La Première ministre italienne expose une vérité que tout observateur honnête connaît depuis longtemps : l’UE est incapable de répondre aux défis cruciaux de notre temps. Tandis que des puissances comme la Chine et l’Amérique tracent les lignes de l’avenir, l’Europe s’étouffe dans une bureaucratie sclérosante. Mais Meloni ne se contente pas de critiquer ; elle passe à l’action.

 

L’Offensive de la Souveraineté : Vers un Rééquilibrage Historique

 

L’Italie, loin d’être isolée, est à la tête d’une offensive historique. Aux côtés du Danemark et de sept autres nations farouchement attachées à leur souveraineté – dont la Pologne, l’Autriche et les États baltes – Meloni exige une révision fondamentale de la Convention Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). L’accusation est sans appel : la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), par une interprétation de plus en plus extensive de la Convention, aurait détruit l’équilibre délicat entre les droits individuels et l’intérêt public. De manière systématique, elle minerait la souveraineté démocratique des États-nations.

Le message diplomatique est clair et tranchant : « Nous devons rétablir le juste équilibre ». En langage populaire, cela signifie : « Nous reprenons le contrôle de nos frontières et de notre droit ». Meloni le dit sans ambiguïté : les réalités géopolitiques ont changé radicalement depuis l’adoption des conventions après la Seconde Guerre mondiale. Il est grand temps d’ouvrir une discussion sur la manière dont ces conventions internationales peuvent être adaptées aux défis contemporains.

La question centrale est la reconquête de la capacité d’action sur le sujet décisif de notre époque : la migration. Or, l’attaque contre la souveraineté nationale ne vient pas uniquement de la CEDH. Presque simultanément, Meloni doit faire face à un nouveau coup dur porté par l’Establishment européen. La Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE), à Luxembourg, a rendu un jugement de grande portée qui augmente massivement les obstacles à la classification des pays d’origine sûrs. Désormais, les États membres de l’UE doivent prouver, non pas qu’une grande majorité, mais que l’intégralité de la population d’un pays, y compris les minorités marginales, est en sécurité.

Pour le projet phare de Meloni – les procédures rapides pour les migrants dans les centres d’accueil en Albanie – ce jugement représente une menace existentielle, risquant d’anéantir son modèle migratoire tout entier. La réaction de la cheffe du gouvernement italien est vive. Elle contre-attaque en accusant la justice de s’arroger des compétences qui ne lui reviennent pas. Selon elle, le jugement donne plus de poids à des juges isolés, s’appuyant sur des sources discutables, qu’à des gouvernements démocratiquement légitimes. Le conflit fondamental est mis à nu : d’un côté, des gouvernements élus qui veulent protéger leurs citoyens et leurs frontières ; de l’autre, une justice déchaînée qui s’érige en super-gouvernement.

Le Nouveau Bloc de l’Atlantique : Contourner Bruxelles

 

La stratégie de Meloni est un programme complet, dont la dimension géopolitique est particulièrement frappante. Bien avant l’investiture de l’ancien président américain, elle s’est rendue à Mar-a-Lago pour le rencontrer, se positionnant délibérément comme une bâtisseuse de ponts transatlantiques qui contournent sciemment Bruxelles. Son assentiment public aux critiques du Vice-Président américain JD Vance concernant le déficit démocratique de l’Europe n’était pas un faux pas, mais une déclaration de principe : « Je dois dire que je suis d’accord. Je le dis depuis des années. L’Europe s’est un peu perdue ».

Meloni n’est d’ailleurs pas seule dans cette remise en question radicale. Ce mouvement trouve son représentant le plus conséquent en la personne du Hongrois Viktor Orbán. Orbán va un pas plus loin que Meloni, affirmant que la Hongrie n’adoptera jamais l’euro. Sa justification est un camouflet pour tous les fédéralistes de l’UE : la Hongrie ne doit pas lier plus étroitement son destin à l’Union Européenne, et l’introduction de l’euro serait le lien le plus étroit possible. Orbán, tout comme Meloni, a compris que l’UE est en pleine désintégration. Il ne se contente pas de bloquer l’euro ; il est le seul chef d’État de l’UE à s’opposer fermement à l’adhésion de l’Ukraine. Son refus d’abandonner son veto a contraint les autres États membres à une manœuvre antidémocratique : voter en l’absence du Premier ministre hongrois. Voilà comment fonctionne la « solidarité » européenne en pratique : une forme d’extorsion institutionnalisée.

Les véritables centres de pouvoir se révèlent lors des négociations. Pendant que des dirigeants comme le Chancelier Merz et Ursula von der Leyen doivent se présenter humblement à Washington, Orbán négocie d’égal à égal. La grande politique mondiale ne se résume pas à des sermons moralisateurs du dimanche, mais aux intérêts nationaux, une leçon que l’élite politique allemande a visiblement oubliée.

 

La Paralysie Allemande et le Scandale des ONG

 

Que fait l’Allemagne en cette heure historique ? Tandis que l’Italie et la Hongrie défendent bec et ongles la souveraineté de leurs nations, le Chancelier Merz (malgré son changement de camp) poursuit la politique de l’ancienne coalition. L’exemple le plus criant est le financement des ONG de gauche. Alors qu’il était chef de l’opposition, Merz posait encore 551 questions sur ce gaspillage scandaleux de l’argent des contribuables. Aujourd’hui, en tant que Chancelier, ses réponses aux questions parlementaires de l’opposition sont identiques à celles de l’ancien gouvernement. L’entêtement et la continuité du système sont pathétiques.

Alors qu’on nous serine qu’il faut faire des économies partout, Merz injecte 192 millions d’euros par an dans des organisations de campagne de gauche qui méprisent les valeurs nationales et sapent la démocratie. Le juriste des médias Hubertus Gersdorf a mis en garde contre cette dérive : dans une démocratie, le processus de formation de l’opinion et de la volonté doit s’effectuer du peuple vers l’État. Si l’État intervient par le biais d’ONG pour diriger ce processus, il l’inverse, un signe caractéristique des autocraties, voire des dictatures.

Ce scandale est d’autant plus pertinent que la Commission Européenne elle-même a dû admettre pour la première fois que des associations environnementales avaient mené des campagnes politiquement partiales avec des fonds de l’UE. Le programme européen LIFE, doté de milliards, a été systématiquement détourné pour combattre les opposants politiques à la politique climatique de Bruxelles. L’Allemagne de Merz s’affiche ainsi comme faisant partie du problème, et non de la solution.

 

L’Effondrement du Mur : La Réalité Contre l’Idéologie

L'Union européenne prête à « coopérer » avec le gouvernement d'extrême  droite de Meloni | Radio-Canada

Le « mur » politique dressé par Merz contre le parti d’opposition, l’AfD, est en train de s’effondrer. L’automne des réformes promis s’est avéré n’être qu’une promesse électorale vide. L’AfD est désormais la première force politique en Allemagne avec 27% dans les derniers sondages, creusant son avance sur l’Union. En Saxe-Anhalt, elle a même dépassé la barre des 40%. Ces chiffres sont la sanction de longues années de politiques ratées.

Mais au lieu d’accepter la réalité, Merz veut ériger le mur encore plus haut, affirmant qu’il faut accentuer les différences. Cette posture est non seulement déconnectée de la réalité, mais elle est ouvertement rejetée par des figures de plus en plus influentes au sein de la CDU. Andreas Bül, chef du groupe parlementaire CDU en Thuringe, l’a dit sans détours : si une loi jugée correcte pour des raisons objectives obtient l’approbation des marges politiques, ce n’est pas une raison pour la réviser. Pour lui, « celui qui aligne sa politique uniquement sur ceux qui l’approuvent confond la morale et la politique ».

Le Secrétaire Général de la CDU de Saxe, Tom Unger, a établi un diagnostic dévastateur : la manière dont tous les autres partis ont traité l’AfD au cours des dernières années n’a en rien contribué à l’affaiblir. Les faits lui donnent raison. La résistance ne se limite plus à l’Allemagne de l’Est. Trois anciens politiciens de l’Union de premier plan, dont l’ancien Secrétaire Général Peter Tauber, l’ancien Ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg, et Andreas Rödder, ont appelé à la fin du mur. Leur analyse est impitoyable : la stratégie d’isolement s’est avérée contre-productive. Zu Guttenberg est particulièrement clair : « la désenvoûtement ne réussit pas par le boycott ». L’Union doit apprendre à reprendre à l’AfD l’hégémonie thématique sur des sujets conservateurs tels que la migration, la sécurité ou la politique énergétique. Se refuser à cela, c’est ne faire qu’ouvrir davantage la voie au parti d’opposition.

La crise qui secoue l’Union Chrétienne-Démocrate est le symptôme d’une crise plus profonde du système politique. Les gouvernements des dernières années ont fait entrer des millions d’étrangers qui ne cotiseront jamais aux systèmes sociaux, mais génèrent des coûts considérables. Face à l’effondrement du système de santé, à l’infrastructure déliquescente (où 500 milliards d’euros du fonds spécial sont gaspillés sans construire une seule nouvelle autoroute) et à une insécurité croissante, la population a perdu patience.

La confiance dans les institutions s’est effondrée. Seuls 31% des Allemands font encore confiance aux médias publics ; seulement 17% au gouvernement fédéral. Cette désillusion se traduit par une attente massive : plus des deux tiers des Allemands s’attendent à au moins un gouvernement régional dirigé par l’AfD après les prochaines élections en 2026.

L’Italie n’est donc pas seule. Le règlement de comptes de Meloni avec l’UE résonne partout. En France, le Rassemblement National gagne du terrain chaque jour ; aux Pays-Bas, Geert Wilders a pris la tête du gouvernement ; en Autriche, le FPÖ atteint des records. Le continent est en pleine effervescence contre la « dictature de Bruxelles » et pour la redécouverte de la Nation.

Le séisme politique qui s’annonçait depuis des années a commencé. Tandis que Merz tergiverse et met en place des commissions pour se décharger de toute responsabilité, Meloni prépare la sortie de l’Italie du carcan européen. Les partis établis doivent choisir : continuer comme si de rien n’était et perdre encore plus de confiance, ou enfin reconnaître la réalité et s’attaquer aux problèmes concrets du pays. La question n’est plus de savoir si le mur tombera, mais quand. La réalité aura le dernier mot.