Maryse DASSIN témoigne : « JOE s’est suicidé à la cocaīne »

Joe Dassin : L’aveu glaçant de son ex-épouse Maryse – « Il s’est suicidé à la cocaïne, c’était un gâchis »

C’est un témoignage rare, chargé d’émotion, mais surtout d’une vérité que la légende a longtemps enveloppée de mystère. Quarante-cinq ans après la disparition brutale de Joe Dassin à l’âge de 41 ans, sa première épouse, Maryse Dassin, a accepté de revenir sur les 14 années de leur amour inoubliable et, pour la première fois avec une telle clarté, d’évoquer les causes réelles de sa mort. Loin de l’image d’une fatalité cardiaque, Maryse Dassin pointe du doigt un chemin d’« imprudence » et une addiction dévastatrice, concluant sans détour : « Il s’est suicidé à la cocaïne, c’était un gâchis. »

Cette confession est un coup de projecteur poignant sur l’homme derrière l’artiste éternel de L’Été indien et Les Champs-Élysées, un homme complexe, timide, dont le succès fulgurant a masqué une fêlure profonde.

Quand l’amour forge la légende

L’histoire de Joe et Maryse commence comme un conte moderne, à un bal masqué où elle est déguisée en Jeanne d’Arc et lui en pirate. Un hasard magnifique, d’autant plus qu’ils ne se reconnaissent pas immédiatement, ayant déjà passé une soirée ensemble deux ans auparavant, avant que le destin ne les rattrape. Maryse, qui ne faisait alors « rien » professionnellement, ne se doutait pas qu’elle allait devenir la muse et le moteur de l’un des plus grands succès de la chanson française.

Car Joe Dassin, fils du réalisateur Jules Dassin et d’une violoniste virtuose, n’avait aucune intention de chanter. Américain dans l’âme, passionné par le cinéma – il fut assistant réalisateur et acteur, tournant notamment dans Topkapi – il rêvait d’écrire des romans. Le chant, il ne le pratiquait que pour faire la cour à Maryse, guitare à la main.

C’est l’amour qui a été l’étincelle : « Joe a commencé à chanter pour me faire la cour, » confie-t-elle. Voulant un souvenir sonore de ces moments, Maryse convainc une amie chez CBS de presser un petit disque souple avec la chanson qu’il lui chantait, une adaptation du titre américain Freight Train. C’est cette initiative, ce geste d’amour, qui a mis le pied de Joe Dassin dans la porte de l’industrie musicale. Il a pourtant résisté, « il a refusé pendant presque un an » de signer un contrat, par timidité et par attachement à ses rêves de cinéma.

Le triomphe partagé et l’âme américaine

Le succès n’est pas venu immédiatement. Après une période difficile chez CBS, marquée par une direction inefficace, tout bascule avec l’arrivée de Jacques Plait, un véritable directeur artistique. Le style Joe Dassin prend forme : une voix chaude, reconnaissable, malgré un accent imperceptible – le français n’étant pas sa langue maternelle, ce qui lui causait parfois de terribles « fautes de genre » dans la conversation.

Maryse Dassin est aux premières loges de cette ascension. Leur vie est simple, « comme des jeunes ». Elle est son premier public, son chauffeur, sa confidente, toujours présente en studio, en tournée. Elle se souvient de la fierté immense de Joe lorsque les arènes de Béziers affichaient complet : « Ça a été peut-être un des plus beaux jours de sa vie. »

Mais Maryse est aussi lucide et pragmatique, la gardienne des pieds sur terre : « Jo, n’oublie jamais que si aujourd’hui c’était plein, tu reviendras peut-être l’année prochaine, il n’y aura plus personne. » Une humilité qu’il partageait. C’est le début d’une succession de tubes, de Bip Bip à Siffler sur la colline, jusqu’à la consécration de L’Amérique et Les Champs-Élysées.

Le couple traversait la France et le monde, vivant leur vie comme une aventure permanente, entre tournées et moments de vacances très normaux, le chanteur se passionnant pour la pêche au gros.

La fêlure : un enfant refusé, une vie perdue

Sous les lumières du succès et des tournées, une ombre tragique vient obscurcir leur bonheur : la perte de leur premier enfant, un petit garçon, qui ne survit que cinq jours. C’est un moment « très très dur dans sa vie, » raconte Maryse. Elle y voit le premier grand refus que la vie a opposé à Joe Dassin, qui, jusque-là, semblait tout obtenir.

C’est, selon elle, le point de bascule. Non pas que le chanteur sombre immédiatement dans la dépression, mais une vulnérabilité nouvelle s’installe. C’est à ce moment que la consommation de drogues entre dans sa vie.

Maryse Dassin ne mâche pas ses mots, désignant sans ambiguïté le véritable assassin de son mari : « Je pense que le malheur, c’est qu’il tombait dans la cocaïne. C’est ce qu’il a tué d’ailleurs. C’est pas autre chose. »

Elle témoigne l’avoir vu en consommer pendant près de deux ans, autour de 1977. Face à cette autodestruction, elle se retrouve impuissante. « J’allais pas l’attacher. Il était majeur, il savait ce qu’il faisait, » dit-elle.

Joe Dassin exprime alors un désir de rupture, une soif de nouvelle vie. Ses mots, avant leur séparation en 1977, résonnent aujourd’hui comme une funèbre prophétie. « Cette année, je vais m’éclater, » lui a-t-il dit textuellement. La réponse de Maryse était un avertissement fatal : « Oui, mais tu risques de ne plus être là pour ramasser les morceaux. » C’est exactement ce qui est arrivé.

Pour Maryse, le choix de la cocaïne, le choix de cette « autre vie », est une forme de suicide. Elle compare la situation à quelqu’un qui se jetterait « du dixième étage ». Il y avait chez lui une « imprudence » folle.

Le dernier adieu, le voyage fatal

Après leur divorce, fait à l’amiable et dans l’affection – « on s’est embrassé sur le trottoir » en sortant du palais de justice à Versailles – Joe Dassin s’est remarié, a eu deux autres enfants, mais a continué sa descente. Maryse ne l’a pas revu pendant trois ans, jusqu’à une visite qui scelle le drame à venir.

Deux mois seulement avant sa mort à Tahiti en août 1980, Joe Dassin vient la voir. Il est « très très mal en point », physiquement « au bout du rouleau ». Il vient pour lui demander de l’aide concernant son second divorce, qui est, lui, très compliqué, notamment pour la garde de ses enfants.

En voyant sa silhouette partir, Maryse le sait : « Je savais que c’était la fin. » Elle appelle immédiatement ses belles-sœurs : « Joe va mourir cette année. Faut vous en occuper. » Elle n’était pas Madame Soleil, mais la lucidité de son constat est frappante.

Le voyage à Tahiti, où il mourra d’un infarctus, est analysé par Maryse comme un ultime geste d’évasion, voire une « forme de suicide ». Il voulait partir le plus loin possible, s’éloigner de ses problèmes parisiens, mais son corps n’était plus en état de supporter la fatigue.

La lumière d’un souvenir éternel

Joe Dassin s’est éteint seul, loin de son succès et de ses proches. Il laisse derrière lui l’image d’une star dont l’imprudence l’a mené à une fin prématurée. « Il s’est fait une vie difficile par imprudence, » résume Maryse Dassin. Elle insiste sur le fait qu’il n’a pas été « entraîné » par son nouvel entourage : c’était son choix, celui d’un homme instruit et cultivé.

Malgré la tragédie, Maryse Dassin garde de ces 14 années un souvenir absolument intact et lumineux. « Je l’aime toujours, » avoue-t-elle avec pudeur. Elle écoute ses chansons avec plaisir. Leur relation n’a jamais été entachée par la dispute : « On s’est même pas disputé quand on a divorcé. »

L’image qu’elle retient est celle de leur vie heureuse, des moments merveilleux, des tournées inoubliables. Joe Dassin est pour elle « toujours présent », dans son cœur, dans sa tête. Et cette immortalité qu’il a conquise avec des titres comme Les Champs-Élysées, la jeunesse la fait perdurer. L’homme a fait un « mauvais choix », mais l’artiste reste.

Le témoignage de Maryse Dassin est un rappel brutal que derrière l’immense succès, se cachait une fragilité humaine. C’est le récit d’un immense gâchis, la destruction d’une vie par un choix fatal. Mais c’est aussi la preuve que, même après le drame, l’amour, la mémoire, et surtout la musique, peuvent survivre à tout. Joe Dassin est parti, mais ses chansons, et les bons souvenirs de Maryse, sont là pour toujours.