Surprise !« L’Amour est dans le pré » : on a retrouvé Dominique, premier agriculteur marié de l’émission

Dominique, éleveur breton, a participé à la première saison de l’émission de M6 en 2005 et y a trouvé l’amour. Avec sa femme Anne, il a eu deux enfants. Il nous raconte ses souvenirs d’une aventure où il partait dans l’inconnu.

Dominique, éleveur breton qui a participé à la première saison de l'émission de M6, « L’Amour est dans le pré », ici avec sa femme Anne et ses deux enfants, Théo et Léonie. DR

C’est l’histoire d’une romance qui a commencé il y a plus de vingt ans ! Alors que la saison 20 de « L’Amour est dans le pré » se porte toujours très bien en termes d’audiences et se poursuit ce lundi soir, à 21h10 sur M6, un agriculteur a connu l’émission bien avant qu’elle ne devienne un phénomène. Il s’appelle Dominique et il a été l’un des tout premiers à tenter l’aventure lors de la saison 1 en 2005 ! Vingt ans plus tard, il en sourit encore et ouvre sa boîte à souvenirs.

Nous sommes au début des années 2000. À l’époque, « L’Amour est dans le pré » n’existe pas encore en France et la société de production Fremantle veut adapter pour M 6 ce format déjà diffusé à l’étranger. Ce lancement commence par un premier défi : trouver des agriculteurs célibataires prêts à se lancer dans l’inconnu.

Il y a des émissions qui marquent une époque. Et il y a des participants qui, sans le savoir, écrivent la légende. « L’Amour est dans le pré » est plus qu’un programme télévisé ; c’est un miroir sociétal, une machine à rêves qui, parfois, se heurte à la dure réalité. Mais avant les scandales, avant les couples qui se déchirent sur les réseaux sociaux, avant même que Karine Le Marchand ne devienne la confidente officielle des cœurs agricoles, il y avait un homme. Un pionnier.

Cet homme, c’est Dominique.

Pour les nouveaux venus, ce nom ne dira peut-être rien. Mais pour les fidèles de la première heure, ceux qui ont vu naître le phénomène, Dominique est une icône. Il est le symbole que tout était possible. Il est, et restera à jamais, le tout premier agriculteur de l’histoire de l’émission à s’être marié grâce à elle.

Et puis, le silence. Après avoir été le visage du succès, Dominique a disparu. Volatilisé. Loin des prime-times, loin des couvertures de magazines, il est retourné à ce qu’il était avant tout : un homme de la terre. Pendant des années, la question a subsisté : que sont-ils devenus ? Le premier couple emblématique a-t-il survécu au retour à la réalité, cette réalité impitoyable qui ne pardonne ni la fatigue ni les dettes ?

Nous l’avons retrouvé. Non sans mal. Car chercher Dominique, c’est chercher un homme qui ne veut pas être trouvé. Pas par fierté, mais par pudeur. Par protection.

Le pionnier de la saison 3

L'amour est dans le pré 20 ans déjà : qu'est devenu Dominique, le premier  agriculteur à avoir trouvé le bonheur grâce à l'émission de M6 ? - Voici.fr

Remontons le temps. Nous sommes au milieu des années 2000. « L’Amour est dans le pré » en est à ses balbutiements. Le concept, adapté d’un format britannique, semble simple : aider des agriculteurs isolés à trouver l’âme sœur. Dominique, éleveur de vaches dans le Grand-Est, décide de tenter sa chance. Le portrait est touchant. On y découvre un homme timide, travailleur, dont les mains calleuses racontent plus d’histoires que sa bouche. Un homme écrasé par la solitude de l’exploitation, qui se lève avant l’aube et se couche après le soleil, avec pour seule compagnie le bruit du bétail.

« À l’époque, c’était la honte de dire qu’on était seul », nous confie-t-il aujourd’hui, un sourire en coin, le regard fixé sur ses terres qui s’étendent à l’horizon. Nous sommes assis à la table en bois de sa cuisine. La même que les caméras avaient filmée il y a plus de quinze ans. Elle est juste un peu plus usée.

À l’ouverture des courriers, une lettre se distingue. Celle de Sophie. Une citadine, qui n’y connaît rien à l’agriculture, mais qui a été touchée par la « tendresse maladroite » de Dominique.

Le speed-dating à Paris fut un calvaire pour lui. « J’étais terrifié », avoue-t-il. « Plus habitué au comice agricole qu’aux salons parisiens. » Mais quand Sophie est arrivée, quelque chose s’est passé. La suite, c’est l’histoire que la France a suivie avec passion : l’arrivée à la ferme, la découverte d’un monde inconnu pour elle, les premiers rapprochements gauches, et ce baiser, volé derrière une botte de foin, qui a scellé leur destin.

Le premier “Oui” qui a tout changé

Dominique et Sophie ont été une évidence. Si bien que la production, pour la première fois, a été confrontée à un cas inédit : une demande en mariage. « Je n’avais pas prévu de le faire devant les caméras », raconte Dominique. « Mais c’était le bilan, Karine [Le Marchand] était là, et j’ai senti que c’était le moment. Je n’avais jamais été aussi sûr de quelque chose de ma vie. »

Leur mariage, célébré quelques mois plus tard, fut un événement national. La chaîne l’a diffusé. C’était la consécration du programme. La preuve irréfutable que le concept fonctionnait. Dominique et Sophie sont devenus, malgré eux, les ambassadeurs de l’amour rural.

« C’était fou », se souvient Sophie, qui nous a rejoints. Elle a gardé le même sourire lumineux. « On nous reconnaissait partout. On recevait des cadeaux, des lettres par centaines. Les gens nous voyaient comme un conte de fées. »

Mais c’est là que le rêve a commencé à se fissurer.

La disparition volontaire

Après le mariage, la vie a dû reprendre. Mais elle ne pouvait plus être la même. « Les caméras sont parties, mais la célébrité est restée », explique Dominique, le visage soudain plus grave. « Les gens venaient en pèlerinage à la ferme. Ils prenaient des photos, sonnaient à n’importe quelle heure. Ils voulaient toucher le ‘couple de la télé’. Mais nous, on n’était pas un couple de la télé. On était juste un couple. »

La pression médiatique a failli les briser. Sophie, citadine devenue fermière, a dû apprendre un métier, mais aussi gérer une belle-famille et une notoriété qu’elle n’avait jamais demandée. « J’ai eu des moments de doute terribles », confie-t-elle. « Je me demandais si j’aimais Dominique ou l’image que j’avais de lui. Et j’ai compris que pour survivre, il fallait qu’on se protège. »

La décision fut radicale. Du jour au lendemain, ils ont tout coupé. Plus d’interviews. Plus de photos. Ils ont refusé les invitations aux « bilans » des saisons suivantes, ont changé leur numéro de téléphone et ont décliné les propositions de « reportages anniversaire » grassement payés.

« On a choisi notre couple avant de choisir les paillettes », résume Dominique. « L’amour, le vrai, celui qui dure, il ne pousse pas sous les projecteurs. Il pousse dans le fumier, dans les engueulades à 3 heures du matin parce qu’une vache vêle, dans les factures qu’on n’arrive pas à payer, et dans les petites victoires du quotidien. »

La vie, la vraie, quinze ans après

Aujourd’hui, Dominique et Sophie sont toujours là. Sur la même ferme. Leurs deux enfants, une fille de 14 ans et un garçon de 12 ans, n’ont jamais regardé l’émission qui a fait naître leurs parents. « Ils s’en fichent », rit Sophie. « Pour eux, on est juste papa et maman. »

La vie n’a pas été facile. Ils ont affronté les crises agricoles, la sécheresse, les normes européennes. Dominique a dû diversifier son exploitation, se lancer dans la vente directe. Sophie gère la comptabilité et l’accueil à la ferme. Ils travaillent 70 heures par semaine. Ils n’ont pas pris de vacances depuis trois ans.

Mais ils sont heureux.

« Vous savez quel est notre secret ? », demande Dominique en nous raccompagnant à la voiture. « C’est qu’on a oublié la caméra. L’émission, c’était le facteur. Elle a livré la lettre. Mais c’est nous qui avons dû lire, écrire la réponse et poster l’histoire. »

En quittant la ferme, on comprend pourquoi Dominique a choisi le silence. Il n’a pas disparu ; il a vécu. Il n’a pas fui la célébrité ; il a choisi la réalité.

L’histoire de Dominique et Sophie n’est pas la plus glamour que « L’Amour est dans le pré » ait produite. Il n’y a pas de posts sponsorisés, pas de démêlés judiciaires, pas de drames en public. Il n’y a que la vie. Une vie simple, dure, mais authentique.

Dans un monde où l’amour se met en scène sur Instagram, leur silence est le plus beau des messages. Ils n’étaient pas les premiers participants d’une émission de télé-réalité. Ils étaient les derniers témoins d’une époque où trouver l’amour était une quête, pas un spectacle. Et c’est pour ça que Dominique, le pionnier, restera le plus grand succès de l’émission. Parce qu’il a réussi là où tant d’autres ont échoué : il a construit une famille, pas une carrière.