Le corps sans vie d’Agathe Hilairet, 28 ans, a été retrouvé dans un sous-bois, un mois après sa disparition. Tandis que les causes de sa mort restent inconnues, les enquêteurs explorent toutes les pistes et misent désormais sur un outil d’analyse criminelle de pointe.

lors qu’elle avait disparu le 10 avril durant son jogging, dans la Vienne, Agathe Hilairet a finalement été retrouvée morte le 5 mai. Son corps sans vie et en décomposition a été découvert dans un sous-bois à une dizaine de kilomètres de chez ses parents. Que s’est-il passé ? Les premiers résultats de l’autopsie, pratiquée à Poitiers, ne permettent pas de déterminer les causes du décès. “Plusieurs analyses complémentaires sont en cours afin de poursuivre les investigations”, a déclaré le procureur Cyril Lacombe. Pour l’heure, toutes les possibilités sont envisagées : la piste criminelle reste d’actualité, tout comme celle d’un accident. Mais pour tenter de faire la lumière sur cette affaire qui captive la France, la police n’hésite pas à utiliser une technologie de pointe.

La technique de pointe utilisée par la police pour le cas Agathe Hilaret

Afin d’en savoir plus sur les circonstances de la mort d’Agathe Hilairet, les enquêteurs multiplient les expertises : toxicologie, anatomopathologie, entomologie… L’objectif est de dater la mort et de repérer d’éventuelles violences invisibles. “On va rechercher sur le corps des traces, des violences, de l’ADN ou du micro-ADN”, décrypte auprès de Ici Poitou David Galtier, ex-sous-directeur de la police judiciaire pour la gendarmerie nationale. Jacques Dallest, ex-juge d’instruction, se questionne quant à lui : “Le corps a-t-il été déposé après les recherches ? Une tierce personne est-elle intervenue ?”. Alors pour connecter tous les éléments du dossier, la police scientifique serait déjà en train d’avoir recours au logiciel AnaCrim, déjà utilisé dans l’affaire du petit Émile.

Il s’agit d’un outil de pointe qui permet d’analyser les liens entre appels téléphoniques, témoignages ou traces numériques. “Lorsque vous entrez les données, le logiciel va relever que vous avez eu une conversation avec moi. À partir de cette information, plusieurs déductions sont possibles : souhaitiez-vous m’acquitter une opération criminelle ? Étions-nous en train de comploter ? Sommes-nous complices ? Si le logiciel relève que nous ne nous sommes appelés qu’une fois en trente ans, on peut déduire que ce n’est pas une affaire d’État. Si nous nous sommes parlé 25 minutes alors nous ne sommes pas étrangers l’un à l’autre…”, illustre Alain Bauer, professeur en criminologie, auprès du magazine Challenges. Si des bornages téléphoniques révèlent des passages suspects dans la zone, de nouvelles auditions et perquisitions pourraient suivre. Un atout précieux pour faire parler les données quand le corps, lui, reste muet.