“Scandale aux Francofolies de Spa – Un collectif d’artistes ‘mal à l’aise’ face à la venue du chanteur Amir. Pourquoi cette controverse ? Vous ne croirez pas ce qui se cache derrière cela.”

Berzane Nasser/ABACA

La présence d’Amir aux Francofolies de Spa suscite la polémique. À quelques jours du festival, dix artistes programmés expriment leur malaise face à la venue du chanteur franco-israélien, qu’ils accusent de connivence avec des actions soutenant l’armée israélienne.

L’affiche du festival belge des Francofolies de Spa ne fait pas l’unanimité. Alors que l’événement s’apprête à ouvrir ses portes, dix artistes programmés ont fait savoir publiquement leur malaise face à la présence d’Amir, le chanteur franco-israélien révélé par The Voice. Dans une lettre ouverte, ils dénoncent une programmation qu’ils jugent incompatible avec leurs valeurs, en raison des prises de position du chanteur dans le cadre de la guerre en Palestine. “En tant qu’artistes programmés aux Francofolies de Spa, nous nous désolidarisons fermement de la décision de programmer Amir”, écrivent-ils.

Des faits qui “dérangent fortement”

Dans leur communiqué, les signataires, parmi lesquels Colt, Lovelace, Nicou, Lauravioli, Isaac, Libra Romea, CHOSE, SMR, Nkey et Mado, s’appuient sur des informations relayées par le collectif Liège Occupation Free. Ils pointent notamment la participation d’Amir à un événement dans la colonie illégale d’Hébron en août 2014, ainsi que sa présence à une soirée organisée par Yoni Chetboun, officier de Tsahal décoré et figure du parti d’extrême droite HaBayit HaYehudi.

Autre point mis en avant ? “Son absence de prise de position critique face aux crimes commis par le gouvernement israélien”. Un des artistes signataires, ayant choisi de garder l’anonymat, a expliqué à la RTBF : “Nous sommes un ensemble d’artistes mal à l’aise par rapport à la participation d’Amir au festival, suite aux révélations faites par des associations militantes, parce qu’elles témoignent de faits qui nous dérangent fortement”.

Yoa, seule à renoncer à sa venue

Si les dix artistes expriment leur désaccord, ils ont toutefois décidé de maintenir leur présence sur scène. Une position que ne partage pas Yoa, qui a annoncé se retirer purement et simplement du festival. Elle devait initialement se produire ce vendredi à 19h. Dans un message publié sur Instagram, elle explique : “Mes convictions sociales, politiques et humanistes vont à l’encontre du faire de partager la scène avec un artiste qui ne reconnaît pas le génocide en cours en Palestine, et ayant participé à des événements organisés en soutien à l’armée israélienne”.

Le coup de coeur de Télé 7

Les organisateurs maintiennent Amir malgré les pressions

Face à cette fronde artistique et à de nombreux messages reçus ces derniers jours, les organisateurs du festival ont choisi de ne pas déprogrammer Amir. À la RTBF, ils reconnaissent la légitimité des interpellations : “Dans un contexte dramatique, il est compréhensible que des citoyens et artistes nous interpellent sur les engagements d’un artiste à l’affiche. Nous sommes révoltés par la tragédie en cours à Gaza et profondément choqués par les souffrances inacceptables infligées à la population civile”.

Mais ils justifient leur choix ainsi : “Nous n’avons donc aucune raison d’y projeter autre chose que ce que dit et chante l’artiste”, ajoutant qu’ils n’ont pas à “évaluer moralement l’intégralité de sa trajectoire personnelle ou d’accéder à l’intime de ses convictions”. Et de conclure : “Nous avons fait le choix de programmer Amir pour ce qu’il est : un artiste de chanson populaire (…) Ses concerts sont connus pour leur caractère rassembleur et festif”.

Un message de paix… sous forme de remontrance

Lors de son concert donné à Lens le 21 juin pour la Fête de la musique, Amir a été interpellé par une partie du public. Plusieurs spectateurs ont brandi des drapeaux palestiniens, un geste visiblement en réaction aux prises de position pro-israéliennes du chanteur. Plutôt que d’ignorer ce geste, Amir a choisi d’y répondre sur scène, dans un discours mêlant émotion personnelle et reproche. “J’aurais pu vous ignorer, j’ai le pouvoir de vous ignorer. Je suis sur scène, vous êtes dans le public. Mais je vais vous donner un tout petit peu d’importance”, a-t-il lancé, avant d’expliquer qu’il venait d’interpréter Dans ta tête, une chanson dédiée à sa grand-mère.

Et d’ajouter : “Je chante une chanson en mémoire de ma grand-mère qui a grandi au Maroc, qui parle arabe. Moi, j’ai grandi en Israël. Il s’agit d’un message de paix, les amis. Et si vous n’êtes pas suffisamment fins, si vous n’êtes pas suffisamment sensibles pour le comprendre, et que vous choisissez le moment où je chante pour ma grand-mère défunte pour sortir ce drapeau…”. Le ton moralisateur n’a pas manqué de faire réagir, d’autant plus dans un climat déjà très tendu autour de la guerre d’Israël en Palestine.