“Ne me laissez pas mourir pour ma fille” : Le récit inédit du gendarme qui a sauvé Kendji Girac au cœur du chaos

Il y a des nuits où tout bascule, où les destins se jouent en quelques minutes dans le ballet anxiogène des gyrophares et des voix tendues. La nuit du 22 avril 2024, sur une aire d’accueil à Biscarrosse, fut l’une d’elles. Au cœur de ce drame qui a secoué la France, un homme en uniforme a été le premier témoin du chaos, le premier à voir la star à terre. Plus d’un an après les faits, ce gendarme, arrivé en première ligne, sort du silence pour raconter. Son témoignage n’est pas celui d’une intervention banale, mais le récit poignant de la rencontre entre un professionnel aguerri et un homme, célèbre soit, mais avant tout un père terrifié par la mort.

Quand l’alerte est donnée cette nuit-là, rien ne laisse présager que l’intervention concernera l’une des personnalités les plus aimées du pays. Pour le militaire, c’est un appel comme il en reçoit tant d’autres : une personne blessée par balle, une situation confuse et potentiellement dangereuse. En arrivant sur les lieux, il découvre une scène de panique. Des cris, de l’agitation, et au milieu de ce tumulte, un visage que tout le monde connaît, mais déformé par la douleur et la peur. Kendji Girac, le chanteur solaire, est au sol, gravement blessé à la poitrine.

“L’ambiance était électrique, chaotique”, se remémore le gendarme. Dans ces moments, l’instinct et la formation prennent le dessus. Il faut évaluer la situation, sécuriser la zone, et porter secours. En s’approchant de la victime, il ne voit plus l’artiste aux millions d’albums vendus. Il voit un homme qui se vide de son sang, dont le regard est empli d’une terreur absolue. C’est à cet instant précis que Kendji Girac, dans un souffle, prononce les mots qui resteront gravés dans la mémoire du secouriste.

“Ne me laissez pas mourir, je ne veux pas laisser ma fille toute seule.”

Cette phrase, ce n’est pas une supplique de star, c’est le cri primal d’un père. Dans ce qui aurait pu être ses derniers instants, la première, l’unique pensée de Kendji n’est pas pour sa carrière, ni pour sa gloire, mais pour Eva Alba, sa petite fille. En une fraction de seconde, tout le vernis médiatique s’effondre, révélant la vérité nue d’un homme face à sa propre finitude. Pour le gendarme, cette phrase change la nature même de l’intervention. Il n’est plus seulement en train de sauver une victime ; il est le garant de la promesse d’un père à son enfant.

Avec un sang-froid remarquable, lui et ses collègues prodiguent les premiers soins, ces gestes techniques qui permettent de stabiliser la victime en attendant les équipes médicales. Mais au-delà du protocole, il y a l’humain. Il faut rassurer, parler, maintenir le contact avec cet homme qui sent la vie lui échapper. “Il était très paniqué, il craignait vraiment de mourir, et nous avons tout fait pour le maintenir conscient et le rassurer en lui disant que les secours étaient en route et qu’on ne le laisserait pas”, confie le militaire. Chaque minute qui s’écoule est une éternité.

Ce témoignage, livré avec pudeur un an plus tard, offre une perspective unique et essentielle sur un drame qui a été sur-analysé et commenté. Il nous rappelle que derrière le fait divers et la conférence de presse du procureur qui a révélé les failles de l’homme, il y avait avant tout une tragédie humaine, une question de vie ou de mort. Le récit du gendarme est un contrepoint nécessaire à la froideur du dossier judiciaire.

Aujourd’hui, Kendji Girac va mieux. Il est remonté sur scène, est devenu père une seconde fois et parle de cette épreuve comme d’une “renaissance”. Mais cette résurrection n’aurait jamais été possible sans le professionnalisme et l’humanité de ces hommes de l’ombre qui, cette nuit-là, ont fait leur devoir. Le gendarme de Biscarrosse, lui, a sans doute repris ses patrouilles, répondant à d’autres appels, sauvant d’autres vies, loin de l’agitation médiatique.

Son histoire est un hommage à tous ces secouristes, pompiers, gendarmes, médecins, qui chaque jour, sont confrontés à la détresse humaine dans sa forme la plus brute. Ils sont les premiers maillons d’une chaîne de survie, ceux qui voient ce que personne ne voit et entendent ce que personne n’entend. Comme cette supplique d’un père qui, au seuil de la mort, ne pensait qu’à sa fille. Une leçon de vie, arrachée au cœur du chaos.