Jean Pormanove est décédé en plein live sur la plateforme Kick. Son entourage évoque une “pièce de théâtre géante”. RTL a enquêté sur les dessous de cette tragédie.

Jean Pormanove

Dimanche 18 août au soir, Jean Pormanove, connu pour ses lives ultra-trash sur la plateforme de streaming Kick, est mort en direct sous les yeux de ses abonnés. Le streamer, de son vrai nom Raphaël Graven, faisait partie d’un collectif suivi par plus de 500.000 personnes, où les défis absurdes et les violences “consenties” étaient la norme.

Ce soir-là, quelque chose cloche. Les internautes remarquent que Jean ne réagit plus. Un membre du groupe lui balance une bouteille pour le réveiller. Rien. Le live est coupé. Un massage cardiaque est lancé, les secours sont appelés, le SAMU arrive. Trop tard : il ne reviendra pas.

Que s’est-il passé lors du live de Jean Pormanove avant sa mort ?

C’est un détail qui a mis la puce à l’oreille des spectateurs : l’enceinte qui diffuse les messages payants continue de sonner, mais l’homme de 46 ans reste totalement inerte. Le principe ? Pour 4 euros, un “viewer” (spectateur) peut envoyer un message audio destiné à réveiller les streamers pendant leur sommeil. Sauf que cette fois, Jean Pormanove ne se réveille pas. Gwen, frère de “Naruto”, qui intervenait dans les vidéos, a livré un témoignage glaçant au micro de RTL.

“Mon frère, qui est un peu éloigné, attrape une bouteille qui est à côté de lui, il envoie sur JP pour voir s’il se réveille, il se lève, il essaie de le réveiller et là, il est inanimé. Mon frère coupe le live pour que tout ne soit pas diffusé, il commence le massage cardiaque, il prévient les secours. Quand le SAMU est arrivé, ils ont pris le relais, mais malheureusement, c’était trop tard.” Le choc est immense, au sein de l’équipe, comme en dehors (la réaction d’Adil Rami a suscité une lourde polémique). “Nous qui vivions ensemble dans la vraie vie, on savait très bien que tout le monde allait bien, tout le monde était super heureux. JP c’était notre ami et un frère. On était à des années-lumière de penser qu’il pouvait arriver une chose comme ça.”

Enquête après la mort de Jean Pormanove : une “pièce de théâtre géante” selon ses proches

Depuis la diffusion du drame, Gwen a tenu à replacer le contexte : “Tout n’était qu’une pièce de théâtre géante. Tous les jours, on lançait notre live à 21h, c’était du contenu très ‘trash’, mais on assumait complètement. On faisait pas mal de défis, de conneries, c’était notre fonds de commerce (…) Dès qu’il y en avait un qui faisait une erreur, il avait une sanction, on se tirait dessus au paintball, on se jetait de l’eau. Voilà. C’étaient des jeux comme ça. Ça restait dans le cadre du divertissement et du streaming.”

Dans ce “jeu”, Jean Pormanove, qui s’était dit “séquestré” quelques semaines avant sa mort, était l’un des deux souffre-douleurs officiels, avec un autre participant handicapé et sous curatelle. Tous deux régulièrement frappés ou humiliés devant la caméra. Les meneurs, “Naruto” (23 ans) et “Safine” (28 ans), affirment que tout se faisait avec leur consentement. Malgré tout, le parquet de Nice a ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes du décès et vérifier s’il existe un lien entre les violences mises en scène et la mort du vidéaste. L’affaire soulève des questions graves sur les dérives du contenu extrême en ligne. Ce qui est sûr, c’est que le “spectacle” a tourné au cauchemar, en direct, et sans retour en arrière possible.