La rupture houleuse entre Patrice et Justine, révélée lors de la saison 2023 de L’amour est dans le pré, et la séparation plus récente entre Jean-Louis (du Nord) et Isabelle, qui a éclaté juste avant le bilan de la saison 2025, présentent à la fois des motifs distincts — personnalité agressive et pression médiatique pour le premier couple, désaccords et incompréhensions quotidiennes pour le second — et des lignes de force communes qui disent beaucoup du format télévisuel et de la vulnérabilité des candidats exposés : dans les deux cas on retrouve d’abord un décalage profond entre l’image projetée dans les portraits (ou les premiers rendez-vous) et la réalité de la vie commune lorsque les caméras s’effacent, un décalage qui se traduit par des attentes non satisfaites et par un ressentiment qui finit par se cristalliser en rupture ouverte ;

ainsi, pour Patrice et Justine, les tensions s’étaient accumulées autour d’un mode de vie et d’un comportement jugé trop directif par l’entourage de l’agriculteur et par le public, au point que Patrice a déclaré être « au bord de la rupture » et a posé des ultimatums à sa compagne pendant l’émission, une escalade suivie par une visibilité médiatique importante.

De même, chez Jean-Louis et Isabelle, malgré des moments très attendrissants et des balades « romantiques » mises en avant par la production, des périodes de silence, des doutes et des départs — notamment des allers-retours entre la ferme et le domicile des prétendantes — ont montré que la vie à deux ne se construit pas seulement lors d’un tournage, mais au fil d’habitudes ordinaires que certains n’ont pas su concilier, entraînant une rupture brutale révélée dans un épisode diffusé juste avant les bilan(s).

Ensuite, la pression du regard public et des réseaux sociaux a joué un rôle aggravant dans les deux dossiers : Patrice et Justine, déjà au centre d’un débat vivace sur le ton et le comportement de la prétendante pendant leur « vie à la ferme », ont été accablés par des commentaires haineux qui les ont poussés, par la suite, à se retirer définitivement des réseaux sociaux pour se protéger d’un harcèlement en ligne jugé toxique, une conséquence directe de l’extrême médiatisation de leur conflit intime.

Pour Jean-Louis et Isabelle, si l’onde de choc sur les réseaux est d’un autre ordre (plus de spoilers, d’interprétations des images et d’analyses de leur incompatibilité), elle contribue néanmoins à amplifier le malaise : chaque silence, chaque absence de réponse devient message, et le montage télévisuel — qui choisit les plans et les séquences — peut transformer des hésitations légitimes en preuves d’un désintérêt, accélérant un effet domino où la confiance se fissure plus vite qu’à l’abri des caméras.

Sur le plan des causes objectives, on peut rapprocher les deux ruptures par la présence d’un facteur « pratique » très concret : chez Patrice/Justine, la dispute portait sur des éléments tangibles du quotidien (rythme de vie, propreté, organisation, recherche d’emploi) qui ont servi de révélateur d’incompatibilités plus profondes ; chez Jean-Louis/Isabelle, ce sont les différences de disponibilité, de priorités (temps passé loin de la ferme, nécessité de temps pour poser un projet commun) et des malentendus accumulés (silences, attentes non exprimées) qui ont rendu la cohabitation impossible.

Dans les deux scénarios, ces « détails banals » finissent par contrarier l’idéal romantique mis en scène par l’émission, montrant que l’amour télévisé se heurte souvent à la réalité matérielle de la vie rurale. Une autre similarité est la manière dont la production, par l’organisation des rendez-vous, des voyages et par la mise en lumière de certains instants, concentre les tensions — le contexte du tournage accélère les choix (ultimatums, décisions de partir) et peut pousser des protagonistes à conclure trop tôt ou sous le coup de l’émotion, parce que la temporalité artificielle du programme demande des réponses rapides et publiques plutôt que des négociations longues et privées.

Enfin, malgré ces convergences, il existe des différences notables dans les retombées : Patrice et Justine ont subi un lynchage médiatique d’une part et ont choisi de couper les ponts avec les réseaux pour préserver leur santé mentale, une stratégie de retrait qui dit l’épuisement post-exposition ; Jean-Louis et Isabelle, eux, voient leur séparation se jouer davantage dans l’immédiateté du montage et des épisodes diffusés, avec des réactions contrastées du public mais encore une marge d’apparition de bilans ou de retours (possibilité de réconciliation hors caméra restant ouverte, du moins dans l’imaginaire des téléspectateurs).

En conclusion, ces deux ruptures, si elles diffèrent par leurs déclencheurs et par l’intensité des attaques extérieures, se ressemblent par la mécanique : mise en scène initiale, choc des attentes, accumulation de petites contrariétés concrètes, amplification par les médias et rupture prononcée sous le regard du public — un schéma qui réinterroge la capacité d’un format télévisuel à construire des histoires d’amour durables quand la vie quotidienne et la pression médiatique imposent leur loi. (Le HuffPost)