Valérie Kerusoré : l’amour au-delà de la maladie
Elle fut son épouse, sa confidente, son ancre. Valérie Kerusoré n’a jamais cherché la lumière, mais la vie l’a souvent placée sous les projecteurs. Fille du légendaire footballeur Raymond Kerusoré, figure adulée du public dans les années 1970, elle a grandi dans un univers où la notoriété et la passion se mêlaient déjà à la douleur des sacrifices. Pourtant, c’est loin des stades et des tribunes qu’elle a trouvé sa voie : le théâtre, la scène, la vérité nue des mots.
C’est d’ailleurs sur les planches qu’elle a rencontré Chiki, son futur mari, lors de la pièce Solness le constructeur d’Ibsen. Elle n’était alors qu’une jeune comédienne pleine d’ardeur, à la voix douce mais au regard déterminé. Lui, déjà installé, charismatique, de vingt ans son aîné, voyait en elle cette étincelle rare que seuls les grands artistes savent reconnaître. Ce soir-là, au théâtre, entre deux répliques, leurs destins se sont croisés pour ne plus jamais se quitter.
Leur histoire aurait pu être un conte, mais la réalité, comme souvent, a mêlé la beauté à la tragédie. Ensemble, ils ont bâti un foyer, une famille, un refuge. Deux enfants sont venus sceller cet amour : un garçon et une fille, aujourd’hui jeunes adultes, héritiers d’une sensibilité artistique et humaine que leurs parents leur ont transmise. Pendant plus de vingt-cinq ans, Valérie et Chiki ont traversé les hauts et les bas du métier d’acteur, entre tournées, projets, et périodes de doute. Mais jamais la distance ni le temps ne sont parvenus à éroder leur lien.

Dans les années 2000, Valérie s’est fait connaître du grand public grâce à son rôle marquant dans la série “Kaamelott”, où elle incarnait un personnage aussi drôle que touchant. Sa présence, discrète mais forte, a marqué les téléspectateurs. Beaucoup ignoraient alors la profondeur de son parcours, la discipline silencieuse derrière son sourire et la tendresse infinie avec laquelle elle parlait toujours de son mari. « Chiki, c’est mon socle », confiait-elle un jour dans une rare interview. « Il m’a appris à jouer, mais surtout à aimer sans peur. »
Quand le diagnostic est tombé, tout s’est figé. Un cancer, brutal, sans préavis, est venu bouleverser leur quotidien. Chiki, pourtant d’un tempérament fort et lumineux, a vu son monde s’assombrir. Mais Valérie, fidèle à elle-même, n’a jamais cédé à la panique. Elle s’est tenue à ses côtés, chaque jour, chaque nuit, dans les couloirs d’hôpital, dans le silence des traitements, dans l’attente interminable des résultats. « Elle a été son pilier, son oxygène », témoigne un proche du couple. « Même quand les médecins n’y croyaient plus, elle continuait d’y croire pour deux. »
Les derniers mois ont été d’une intensité rare. Chiki, affaibli, refusait de s’éloigner du théâtre. « Tant que je respire, je jouerai », disait-il. Valérie, elle, apprenait à transformer la douleur en énergie. Sur scène comme dans la vie, elle continuait à incarner la dignité, la tendresse et la force tranquille. Ensemble, ils ont vécu chaque instant comme un cadeau, chaque sourire comme une victoire. Jusqu’au dernier jour, elle est restée à son chevet, lui tenant la main, murmurant des mots qu’eux seuls comprenaient.
Après sa disparition, Valérie a choisi le silence. Pas de grandes déclarations, pas d’interviews. Elle s’est réfugiée auprès de ses enfants, dans la maison où tout parlait encore de lui. « Le vide est immense, mais il est partout », a-t-elle écrit quelques mois plus tard sur ses réseaux sociaux. « Dans chaque bruit de tasse, dans chaque lever du soleil. Mais je préfère ce vide à l’oubli. »

Aujourd’hui, plusieurs années après ce drame, Valérie a lentement retrouvé le goût de la scène. Elle rejoue, avec pudeur, dans des pièces intimistes, souvent inspirées par la perte et la résilience. Certains disent qu’elle ne joue plus vraiment un rôle, qu’elle revit à travers chaque texte ce qu’elle a traversé. Et peut-être ont-ils raison. Son art est devenu un acte de mémoire, une manière de faire vivre encore celui qu’elle a tant aimé.
Les proches de la comédienne évoquent une femme profondément transformée. Plus calme, plus spirituelle, mais toujours engagée. Elle participe désormais à plusieurs associations venant en aide aux malades et à leurs familles. Lors d’une cérémonie organisée en hommage à Chiki, elle a prononcé ces mots bouleversants :
« On m’a souvent demandé comment on survit à la perte d’un amour pareil. On ne survit pas, on apprend simplement à respirer autrement. »
Ces quelques mots ont ému toute la salle. Car ils résument à eux seuls la force de cette femme discrète, à la fois brisée et invincible. Si Valérie Kerusoré a connu le deuil, elle n’a jamais cessé d’aimer. Et c’est peut-être là sa plus grande victoire : avoir transformé la douleur en lumière, le chagrin en art.
Aujourd’hui, elle poursuit son chemin, entourée de ses enfants, de ses souvenirs et d’un public qui la respecte profondément. Son histoire rappelle à chacun que l’amour véritable ne s’éteint jamais — il se transforme, il persiste, il veille.
News
End of content
No more pages to load

