Huit ans après la mort de son fils, Sheila explique ce qui lui a permis de ne pas s’effondrer, un appui qu’elle dit essentiel.

Lorsque Sheila évoque la mort de son fils Ludovic, survenue en 2017, son discours reste mesuré et précis. Invitée sur le plateau de C à vous pour présenter son nouvel album À l’avenir, la chanteuse est revenue sur cet épisode qui a profondément marqué son existence. L’une des chansons du disque, Une petite âme blanche, a naturellement suscité des interrogations : s’adresse-t-elle à son fils ? Sheila a confirmé que ce titre pouvait lui être dédié, mais également à Françoise Hardy, dont elle était proche. Elle explique qu’il ne s’agit pas d’un hommage figé, mais de la façon dont certains absents continuent d’occuper une place dans la mémoire affective.

Mort de Ludovic Chancel : les tristes confidences de sa mère Sheila - Public

La chanteuse ne minimise pas ce que la disparition de Ludovic a représenté. Elle rappelle que ce lien était central, « une part d’elle-même », et que sa perte a provoqué un choc profond. Sur le plateau, elle a reconnu que l’idée de ne plus continuer lui a traversé l’esprit. Elle a ainsi indiqué que la douleur était telle qu’elle aurait pu la laisser prendre toute la place. Elle a cependant souligné qu’un réflexe l’a retenue, un appui intérieur issu autant de son éducation que de sa longue expérience de scène.

Un soutien trouvé dans le public pour Sheila

Sheila s’est accrochée à la scène. « Quand vous perdez (…) c’est la chair de votre chair, donc vous vivez pour quoi ? », a-t-elle exprimé. À l’époque, seulement un mois après la mort de Ludovic, un concert était prévu à l’Alhambra avec son groupe H-Taag. Elle aurait pu l’annuler, mais a finalement choisi de le maintenir. Elle a partagé avoir appris très tôt à « faire ce [qu’elle] a à faire et pleurer ensuite ». Ce soir-là, monter sur scène s’est présenté comme un geste de survie.

Elle a expliqué avoir trouvé dans la scène et dans la présence du public un point d’appui essentiel. « Je vis pour ça (…) Ces gens-là m’aident à vivre », a-t-elle affirmé. La musique lui a ainsi offert un cadre où la douleur peut être reconnue sans prendre toute la place. Avec les membres de H-Taag, elle a dit avoir « partagé cette douleur qui ne s’effacera jamais », un partage qui a joué un rôle important dans sa manière de traverser cette épreuve.

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La scène et le public ont joué un rôle central dans la façon dont Sheila a traversé la perte de son fils

Sheila face à l’épreuve du deuil

Voir les spectateurs, sentir leur présence et prendre la mesure de ce lien lui a donné une direction. « Ça me donne un but pour la vie », a-t-elle résumé. Une phrase qui dit l’essentiel. Sans scène, sans ce mouvement vers les autres, elle aurait pu « être peut-être bien avec Ludo ». Cette confidence montre à quel point la ligne était ténue entre continuer et lâcher.

Sheila a néanmoins insisté : il ne s’agit pas de se forcer à aller mieux, ni de prétendre que la douleur disparaît. Elle parle plutôt d’un choix quotidien : « continuer de marcher », parce que « c’est mon chemin, c’est ma route ». Dans les signatures et les rencontres avec son public, elle constate combien les histoires personnelles circulent. Cette intimité partagée semble nourrir ce qui lui permet d’avancer.

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Le deuil reste présent, mais Sheila choisit d’avancer grâce à ce lien continu avec ceux qui l’écoutent

Sheila signe un nouvel album et repart en tournée

Ce nouvel album, qui sortira le 4 avril prochain, porte des textes plus affirmés, où Sheila aborde le racisme, le féminisme et notamment la place des femmes de sa génération dans la société. Rien de solennel : plutôt une manière de poursuivre son travail, d’être là, au présent, avec ce qui l’habite. L’enthousiasme et l’énergie qu’on lui connaît sont toujours là, mais accompagnés d’une profondeur qui vient de l’expérience.

En parallèle de la sortie annoncée de son album, Sheila prépare une nouvelle tournée intitulée 8.0. Elle la présente comme l’occasion de revisiter « un répertoire incontournable qui conjugue toutes les générations », tout en y intégrant des titres récents. Plusieurs dates sont prévues, notamment à Charleroi et Bruxelles en décembre, et un concert au Dôme de Paris le 18 novembre. La billetterie est ouverte, avec des places proposées entre 40 et 146 euros.