Le thermomètre a explosé à l’Arena du Pays d’Aix, et ce n’était pas seulement à cause de la météo légendaire du Sud. Ce soir-là, France 3 et “Le grand concert des régions” avaient une mission : célébrer le Sud dans toute sa splendeur, sa chaleur et sa diversité musicale. Et quelle mission ! Animée par le duo complice Laury Thilleman et Laurent Luyat, la soirée s’est transformée en une véritable déclaration d’amour à cette région, portée par un fil rouge musical d’exception : l’incontournable Chico et les Gypsies.

Dès les premières minutes, le ton est donné. “Ce soir, c’est ne plus penser à rien, profitez de l’instant, chantez, dansez en célébrant le Sud”, lance Laurent Luyat. Une promesse tenue au-delà de toutes les espérances. La scène, baignée de lumières chaudes, n’a pas tardé à devenir le plus grand “dancefloor” de France.

Une “Fiesta” Ininterrompue : De “Born to be Alive” à “La Fête”

La promesse d’une “fiesta” n’était pas vaine. Quand on célèbre le Sud, on célèbre la fête. Et qui de mieux pour incarner cet esprit que des légendes du rythme ? Patrick Hernandez, enfant du Vaucluse, a prouvé que son “Born to be Alive”, standard planétaire né en 1973, n’a pas pris une ride. L’énergie était palpable, la foule en délire.

À peine le temps de reprendre son souffle que le Collectif Métissé a pris le relais, transformant l’Arena en une vague humaine dansant au son de “Laisse tomber tes problèmes”. Leur medley de tubes a rappelé à quel point la musique est un vecteur de joie simple et directe. Et que dire de William, de Début de Soirée ? Il a ramené tout le monde dans les années 80 avec l’iconique “Nuit de folie”. C’était une véritable machine à remonter le temps, festive et décomplexée.

L’énergie d’Amir, invité plusieurs fois sur scène, a également été un point fort. Avec son tube “La Fête”, il a offert un hymne à la joie de vivre, avant de revenir plus tard avec la puissance de “Sommet”, montrant une autre facette de son talent.

Les Icônes et la Générosité du Partage

Mais le Sud, ce n’est pas que la danse effrénée ; c’est aussi des voix, des mélodies intemporelles et des artistes de légende. Dany Brillant, avec son élégance habituelle, a transporté le public dans les années 70, époque qu’il chérit et qu’il explore dans son nouvel album “Seventies”. Il a expliqué son amour pour cette décennie : “J’étais enfant dans les années 70 et je crois que tout m’éblouissait : la chanson, le cinéma… et la liberté”.

Un autre monument de la chanson française a illuminé la soirée : Patrick Bruel. L’artiste a montré une fois de plus sa générosité légendaire. D’abord en partageant un duo inattendu et magnifique, “Café des Délices”, avec Mima, la jeune révélation de la soirée. Un passage de flambeau symbolique et touchant. Plus tard, seul au piano puis rejoint par ses musiciens, il a fait chanter des milliers de personnes avec l’hymne générationnel “Place des grands hommes”, rappelant à chacun ses propres souvenirs.

L’Émotion Pure : Des Larmes pour Daniel Lévi à la Fierté de “Corsica”

Si la fête était le moteur, l’émotion a été le cœur battant de ce concert. Le moment le plus poignant de la soirée a sans conteste été l’hommage rendu à l’inoubliable Daniel Lévi. Cet artiste, qui avait choisi Marseille comme terre d’adoption, a été célébré avec une dignité et une puissance incroyables. L’interprétation de “L’envie d’aimer” par Benjamin Bocconi et la nouvelle troupe des 10 Commandements a été un moment de grâce suspendu, où le temps s’est arrêté. Les applaudissements nourris ont prouvé à quel point sa voix manque au public français.

L’émotion s’est poursuivie avec un autre hommage, celui rendu à Michel Sardou, à travers la troupe de la comédie musicale à succès “Je vais t’aimer”. Le medley, incluant “Femmes des années 80” et “La Java de Broadway”, a fait vibrer la foule. Mais c’est avec “Je viens du Sud”, interprété avec une ferveur palpable, que la troupe a touché en plein cœur, rappelant les racines et la fierté d’une région.

Comment parler du Sud sans évoquer la Corse ? Patrick Fiori, enfant de l’île de Beauté, a offert une performance magistrale de “Corsica”. Accompagné par les puissants “Cœurs du Sud”, sa voix s’est élevée comme un chant de la terre, un hymne à la fois majestueux et intime qui a donné des frissons à toute l’assemblée.

La Relève Flamboyante et les Voix du Sud

Ce concert a aussi été une vitrine exceptionnelle pour la nouvelle génération. Chimène Badi, la voix d’Occitanie, a prouvé son immense talent. D’abord dans un duo enflammé avec Chico et les Gypsies sur une reprise de “La Foule” d’Edith Piaf, puis en surprenant tout le monde avec une version gospel époustouflante de “Noir c’est noir” de Johnny Hallyday.

La véritable “révélation” de la soirée, mise en avant par les animateurs, fut sans aucun doute Mima. La jeune femme originaire d’Alès a littéralement enflammé la scène avec sa reprise très personnelle de “La Lambada”. Flamboyante, pleine d’énergie, elle a défini avec humour ce qu’était pour elle une “cagole” : “Une fille du sud qui ose et qui n’a pas peur d’être elle-même”. Une définition qui lui va comme un gant.

Dans la même veine, Carla Lazzari, la jeune Niçoise révélée par l’Eurovision Junior et “Bim Bam Toi”, a montré qu’elle avait bien grandi. Son interprétation de “D’amour ou d’amitié” de Céline Dion, aux côtés de Chico et les Gypsies, a révélé une maturité et une assurance nouvelles.

L’Humour, l’Autre ADN du Sud

Aucune fête du Sud ne serait complète sans une dose massive d’humour et d’autodérision. Et pour cela, le public a été servi ! Les Chevaliers du Fiel ont débarqué dans leur salon de coiffure pour un sketch hilarant, opposant avec tendresse les “gens du Sud” aux “gens du Nord”. Les répliques cultes ont fusé, provoquant un fou rire général.

Mais la tornade comique de la soirée fut sans conteste l’arrivée de Zize du Panier. Personnage iconique de Marseille, elle a raconté avec un “verbe haut” et un accent inimitable comment elle avait été élue “Miss Marseille 1974” sous une tempête, simplement parce qu’elle était la seule à être restée “tanquée avec le cavouet”. Un moment d’humour authentique, pur jus du Sud, qui a conquis tout le monde.

Une Communion Inoubliable

Du rire aux larmes, de la nostalgie la plus pure à l’énergie de la jeunesse, “Le grand concert des régions” a été bien plus qu’une simple émission de télévision. Ce fut une communion, une célébration vibrante de ce qui fait l’âme du Sud : la passion, le partage, la musique comme langage universel, et un sens de la fête qui ne ressemble à aucun autre.

En réunissant sur une même scène des légendes comme Bruel, des icônes des années 80 comme Mader ou Hernandez, des voix puissantes comme Fiori ou Chimène Badi, et des révélations comme Mima, la soirée a dressé un portrait vivant et moderne du Sud. Le public d’Aix-en-Provence, fabuleux, ne s’y est pas trompé, participant à chaque chanson, à chaque blague, à chaque moment d’émotion. Une nuit magique, qui a prouvé une fois de plus que le cœur de la France bat très fort, ici, dans le Sud.