Mondiaux de natation: “J’ai toujours la flamme” : un an après, Léon Marchand toujours aussi gourmand, toujours aussi puissant

Alors qu’on aurait pu douter de ses performances après douze mois parfois chaotiques ou loin de son meilleur niveau, Léon Marchand a rappelé pourquoi il était le meilleur nageur du monde à Singapour. En allégeant son programme, il s’est donné les chances de continuer à régner sur le 4 nages. Aujourd’hui, il reste intouchable parce qu’il a fait les bons choix.

Summer McIntosh et Léon Marchand, élus meilleurs nageuse et nageur des championnats du monde 2025

Crédit: Getty Images

L’histoire de la natation regorge de champions qui appuient sur le bouton. Sans nécessairement tomber dans une forme de burn-out, ils manifestent simplement l’envie de souffler, de s’évader, de couper. Léon Marchand s’est posé ces questions à l’automne dernier après des Jeux Olympiques flamboyants. Comment donner du goût à la suite ? Quel challenge pour avancer ? Faut-il s’arrêter pendant un an ? Il a cherché puis est parti en Australie pour trouver des réponses. Il a tâtonné, s’est aventuré sur des distances qu’il maîtrisait moins et s’est blessé aux côtes.

En mai, le patron de l’équipe de France, Denis Auguin, DTN par intérim, s’interrogeait tout haut alors que Marchand zappait les championnats de France : “Le vrai questionnement est qu’est-ce qui anime vraiment Léon cette saison ? Je veux savoir s’il veut vraiment faire les Championnats du monde ou pas, expliquait le dirigeant, qui s’était déplacé voir le champion au Texas en avril. Quand on est quadruple champion olympique, si c’est pour aller se balader, je lui conseillerai de ne pas les faire.” La réponse est à la hauteur du champion qu’est Léon Marchand.

Quatre ans sans perdre, écarts insensés : Marchand, monstre marin

Des doutes et un record inimaginable

D’abord, il s’est écouté. Pas question de multiplier les épreuves comme à Paris : exit les 200m brasse et papillon. L’objectif numéro 1 claironné avant la compétition : le record du monde du 200m 4 nages. Il le fracassera dès les demi-finales dans des proportions inimaginables (1’52″69, soit une seconde et trois dixièmes de mieux que la marque précédente) : “Ce n’est pas parfait, parce que ce n’est jamais parfait, mais c’est plus que ce que j’attendais, surtout le record du monde du 200 m quatre nages, a-t-il commenté dimanche au moment de faire le bilan. Ça montre que j’ai toujours la flamme pour la natation, que j’aime ça, que c’est toujours ce qui me plaît le plus et que j’ai envie de continuer.”

Léon Marchand, champion du monde du 400m 4 nages à Singapour

Crédit: Getty Images

Il lui a fallu quelques mois pour retrouver le plaisir des bassins et de l’entraînement après le tourbillon olympique. S’extraire du brouhaha et de la fureur pour revenir à l’essentiel, se recentrer sur ses désirs. Ses deux nouveaux titres mondiaux l’installent dans ses convictions : “Cela prouve que j’ai fait les bons choix et que je fais ce que j’aime, a-t-il expliqué. Après, je n’avais pas besoin de ça, je pense que je le savais. Mais ça fait toujours du bien, quand on est sur la première marche du podium et d’entendre l’hymne national.” Pourtant ces Mondiaux restaient périlleux pour celui qui avait déjà tout gagné, tout prouvé.

Grande finesse d’analyse

Il faut sans doute les lire comme une transition entre ce qu’il a accompli à Paris et la suite qui s’annonce sans doute différente avec un accent mis sur le crawl et d’autres distances éventuelles (400m ?). À Singapour, il a bossé ses fondamentaux et mesuré que, malgré une préparation imparfaite, sa marge sur la concurrence reste gigantesque. Notamment sur ce 400m 4 nages où il est passé tout près de l’élimination en série avant de planer en finale : “Physiquement, c’était très difficile, plus que d’habitude, a-t-il confié. J’étais vraiment lourd dans l’eau en brasse et en crawl, mais je donne tout parce que j’avais envie d’être proche de mon record.

Cet été, Marchand n’était pas au sommet de ce qu’il peut accomplir et il avait pourtant une avance gigantesque. Il reste le patron malgré les aléas d’une année post-olympique toujours délicate à contrôler. On savait qu’il avait du talent et une éthique de travail. On sait désormais que sa carrière est gérée avec une grande finesse d’analyse. Ce garçon a-t-il des failles ?

Léon Marchand, triple champion du monde du 200m 4 nages

Crédit: Getty Images