“Révélation de Patrick Bruel – ‘Essayer de surprendre, être là où on ne m’attend pas’ : ses projets guidés par la passion. Ce qui l’inspire vraiment pour ses prochains défis.”

Patrick Bruel répond à nos questions.  – Bertrand Exertier

Ses projets à l’Isle-sur-la-Sorgue (huile d’olivier, vin, hôtel…), sa série, son parcours, le cheminement de ses enfants, l’incendie de sa maison à Los Angeles : la star française nous a accordé un entretien.

Derrière le chanteur, l’acteur, il y a aussi aujourd’hui le viticulteur, l’entrepreneur, comment cette aventure a-t-elle pris corps à l’Isle-sur-la-Sorgue ?

Elle est née de la curiosité, de la passion d’entreprendre et de partager, de se tourner vers les autres. C’est le principe de tout ce que je fais, en chanson, en cinéma, en théâtre, mais aussi avec le vin. Tout ce qu’on a créé, c’est de l’art de vivre, de l’art de la table à l’art de la scène. C’est une façon d’essayer de colorer un peu la vie.

Connaissiez-vous le potentiel de ce territoire, lors de votre découverte au plateau de Margoye, en 2007, aux portes de l’Occitanie ?

En m’installant ici, je ne le savais pas du tout. J’étais guidé par la beauté de l’endroit, le plaisir d’être à l’Isle-sur-la-Sorgue, la ville des antiquaires dans laquelle j’aime venir depuis toujours. J’ai passé beaucoup de temps dans cette région. Je ne savais pas que ce terroir allait me donner de telles olives, de telles vignes, m’apporter autant de joie. Je pense qu’on a été chanceux, ensuite on a beaucoup travaillé pour optimiser ça et respecter le don de la terre dans un souci environnemental permanent et une exigence qui, aujourd’hui, nous amène une belle considération de nos consommateurs.

On continue à caracoler en tête de tous les concours avec l’huile d’olive, elle vient de gagner trois médailles à New York, et les confitures, les tapenades, le confit de thym sauvage issus de ce terroir connaissent un énorme succès et sont plébiscités par beaucoup de grands chefs.

Vous avez donné vie à une cuvée rosé et blanc Augusta, dédiée à votre mère, il y aura bientôt un vin rouge ?

La cuvée 2023 est prête, la cuvée 2024 vient d’être mise en bouteille. C’est un rouge qui tient toutes ses promesses. On va bientôt dévoiler son nom et ses arômes.

J’ai découvert le potentiel viticole sur ce terroir en voyant la qualité extraordinaire de l’huile d’olive et des feuilles d’olivier qui ont même donné vie à une ligne de cosmétique.

Et quand on a planté de la vigne, on a été très surpris de voir autant de profusion. On ne voulait pas passer à côté de ce cadeau, dès la première année, on a lancé un rosé qui n’a cessé de progresser, il se classe aujourd’hui, et j’en suis très flatté, parmi les meilleurs Côtes-de-Provence.

C’est une histoire qui va continuer à s’écrire à l’Isle-sur-Sorgue ?

On va déjà essayer de pérenniser tout ça et faire que ce soit en harmonie avec l’hôtel qui ouvrira ses portes, fin juin, à l’Isle-sur-la-Sorgue. Le spa sera interactif avec les produits issus du domaine. C’est un lieu que j’espère très apaisé, porteur des valeurs de la Provence.

C’est une façon aussi de remercier cette région, qui m’a accueilli avec beaucoup de tendresse depuis toutes ces années, dans laquelle je me sens très bien, où mes enfants se sentent très bien. J’ai planté un ancrage, au milieu des deux endroits importants de ma vie, mes racines françaises et mes racines d’Afrique du Nord : là où je suis né, l’Algérie, et là où j’ai vécu, c’est-à-dire Paris.

Leos, c’est une maison de famille, une maison d’amis, de retrouvailles, de création. J’ai fait beaucoup de chansons ici, j’en ai même enregistré. C’est un endroit très inspirant. On a poussé cette aventure un peu plus loin. J’espère que les gens ressentiront ce qu’on a voulu y mettre.

Votre vie s’inscrit-elle toujours entre Paris, le sud de la France et les Etats-Unis, où votre maison a brûlé lors des incendies de Los Angeles, en janvier dernier ?

Oui, tout cela a été un petit peu chaotique, forcément, avec ces événements aux USA. Perdre une maison, c’est assez violent, psychologiquement. On avait mis beaucoup d’énergie, beaucoup d’amour, beaucoup d’histoire dans cette maison de Los Angeles. C’était huit ans de vie. C’est aussi un ancrage, un autre refuge.

C’est assez douloureux pour mes enfants et pour moi, même si évidemment d’autres sont plus à plaindre, certains ont absolument tout perdu. Il y a des gens qui ont perdu la vie. Donc il faut relativiser, mais c’est une partie de vie, de souvenirs qui s’effondre. On a été relogé en attendant éventuellement de reconstruire. Mais si on peut essayer de redonner vie à une maison au même endroit, ce serait bien.

Vous avez posté récemment une photo sur les réseaux sociaux, où vous posez sur une moto avec vos deux fils, une image très commentée. Quel regard portez-vous sur leur cheminement ?

Ils progressent bien, chacun dans sa voie, chacun dans sa passion et son exigence. Oscar fait une carrière plus scientifique. Il a un diplôme de neurosciences et il développe quelque chose. Léon se lance, lui, dans une carrière artistique en tant qu’auteur, compositeur, producteur, réalisateur, community manager.

Il prend ça très au sérieux, parce qu’il sait qu’il ne pourrait pas en être autrement. Ça lui réserve peut-être des jolis lendemains, parce qu’il a une belle énergie, une belle envie. Il travaille beaucoup et propose des chansons de plus en plus fortes.

Son talent est déjà salué, vous l’accompagnez, dans cette aventure ?

Non, chaque fois qu’il a besoin, je suis là. S’il y a un conseil, une direction, un avis, tout comme moi je leur demande beaucoup leur avis sur tout ce que je fais. Ça a toujours été un échange.

Après la tournée “On en parle”, qui a été restituée récemment au cinéma, retrouverez-vous la scène prochainement ?

Il reste deux dates. Les Sables d’Olonne, le 26 juin, et le 13 juillet aux Etats-Unis, ça va être chouette. C’est la troisième fois que je me produis à New York, cette fois ce sera à Central Park.

Ça va être une belle soirée, à la veille du 14 juillet. Ce sera une manière formidable de clôturer cette tournée qui nous aura réservé de merveilleux moments.

Vous deviendrez aussi pour la première fois le héros d’une série prochainement sur TF1.

Oui, cela va s’appeler “Menace imminente”. Je joue le rôle d’un agent secret qui va essayer de retrouver les gens qui ont dérobé un logiciel, il peut mettre la planète en danger. C’est un très beau rôle, c’est très bien fait. On attend avec impatience la sortie de la série à l’automne.

Vous êtes un fidèle du PSG, dans quel état d’esprit êtes-vous à l’approche de la finale de la Ligue des champions à laquelle vous assisterez à Munich ?

Il y a si longtemps qu’on attend. Peut-être qu’on a enfin chassé la malédiction. Peut-être qu’on va aller au bout. En tout cas, on a l’équipe pour ça. On a le public pour ça.

On a l’étoile pour ça, j’ai l’impression. On est sous une étoile qui peut nous rapporter cette étoile. Parce qu’on est passé un peu au travers de difficultés, dans les phases de poules notamment. Et on a quand même battu les meilleures équipes du championnat anglais. On est probablement à l’apogée de ce que peut faire le PSG. J’espère que ça se concrétisera.

On va jouer une équipe très forte, très difficile, très déterminée, qui a une expérience et a déjà deux étoiles sur son maillot. Donc, ça va être un très beau rendez-vous. Et, quoi qu’il arrive, on sera déjà content d’être allé en finale. Mais franchement, là, on aimerait bien que ça passe. Je pense que ça peut être une fierté pour tout le monde.

Vous avez célébré récemment les 35 ans de la sortie de l’album “Alors Regarde”, vendu à plus de 3 millions d’exemplaires, avec une édition spéciale, quel regard jetez-vous sur le chemin parcouru ? Imaginiez-vous pareil destin ?

J’avais fait cet album avec beaucoup de cœur, d’énergie, d’insolence. J’étais vraiment un gosse sans gêne qui voulait monter sur cette scène, prendre une place, dire qu’il existait. Cet album a été un passeport extraordinaire pour ouvrir la porte d’un beau parcours.

Avec beaucoup d’exigence, beaucoup de travail, beaucoup de remises en question. Essayer de surprendre, essayer d’être là où on ne m’attend pas, essayer de faire plaisir. Mais ne pas faire les choses pour faire plaisir. Faire les choses pour avancer avec son identité, avec son exigence. C’est vrai que les rendez-vous ont été extraordinaires, chaque tournée, chaque retrouvaille.

Cette tournée “On en parle”, qui va s’achever cet été à New York, j’en ai un souvenir indélébile. Au-delà de mes espérances. Donc, ça va manquer, forcément. Et quand ça manque, on commence à réfléchir à la suite, on écrit des chansons. Le dictaphone, le piano et la guitare ne sont jamais très loin…