Patrick Sébastien fête ses 50 ans de carrière : « Le jour où je ne peux plus monter sur scène, je suis mort »

Patrick Sébastien fête ses 50 ans de carrière : « Le jour où je ne peux plus monter sur scène, je suis mort »

À 71 ans, Patrick Sébastien n’a rien perdu de sa fougue, de son rire tonitruant ni de sa passion contagieuse pour le spectacle. Jeudi 14 novembre, entouré de ses proches, dont son ex-compagne Nathalie, surnommée “Nana”, et leur fille Lilly, il a soufflé ses bougies — non seulement celles de son anniversaire, mais aussi celles de cinquante années de carrière artistique. Un demi-siècle d’humour, de chansons, de paillettes, de coups de gueule et surtout… de scène.

Et malgré le temps qui passe, le bonhomme est toujours là, infatigable. En cette année de célébration, il publie son 22e livre, intitulé Le Carnaval des ambitieux, propose une nouvelle compilation musicale, prépare des spectacles, et annonce même un nouveau projet intitulé “Le Plus Petit Cabaret du monde”, clin d’œil assumé à l’un de ses plus grands succès télévisuels, Le Plus Grand Cabaret du monde.

Une vie entière consacrée à l’art populaire

Patrick Sébastien est l’incarnation même de l’artiste populaire. Un homme qui a refusé de se laisser enfermer dans une case : imitateur, animateur, chanteur, écrivain, comédien, producteur… Il a tout fait. Et souvent avec un franc-parler qui a dérangé, mais toujours avec une sincérité qui a fini par séduire.

Depuis ses débuts en 1974, il a enchaîné les triomphes et les revers. Des rires aux larmes, de la télévision de grande écoute à la scène de province, Patrick Sébastien a traversé les décennies avec une énergie que rien ne semble pouvoir freiner. « Depuis le début de l’année, j’ai enregistré un album, écrit une pièce de théâtre, travaillé à une autre, enchaîné les galas avec des milliers de personnes à travers la France », confie-t-il. Une cadence qui ferait pâlir bien des artistes plus jeunes.

« Mon seul loisir, c’est créer »

Là où d’autres prennent leur retraite, Patrick, lui, accélère. Il ne joue pas au golf, ne passe pas ses après-midis à flâner — son terrain de jeu, c’est la création permanente. « Tant que physiquement je peux, il faut que je sois en suractivité », avoue-t-il avec une lucidité teintée d’obsession. Son carburant ? La scène. Et sans elle, il ne se voit tout simplement pas vivre : « Le jour où je ne peux plus monter sur scène, je suis mort. »

Il y a dans ces mots une gravité sincère. Pour cet homme qui a fait de la proximité avec le public un art de vivre, le spectacle est une raison d’être. Ce n’est pas seulement un métier, c’est un lien vital, presque existentiel. Il le dit sans détour : « Je ne fais pas ça pour la gloire ou l’argent, mais parce que j’en ai besoin. »

De la télé au théâtre : un virage assumé

Pendant près de vingt ans, Patrick Sébastien a été l’un des rois de la télévision française. Son Plus Grand Cabaret du monde rassemblait des millions de téléspectateurs sur France 2, chaque samedi soir. Un rendez-vous familial, festif, chaleureux, qui tranchait avec la froideur de certaines productions contemporaines. Mais en 2019, la chaîne met fin à l’émission. Un coup dur pour l’animateur, qui y voyait davantage qu’un simple programme : un hymne à la beauté du spectacle vivant.

Mais fidèle à lui-même, il ne s’est pas laissé abattre. Il a pris cette fin comme une opportunité de se recentrer sur la scène, là où tout a commencé pour lui. Il parcourt la France avec ses spectacles, entre chansons paillardes, sketchs provocateurs et instants plus sensibles. Le public est toujours là, fidèle, souvent ému de retrouver un artiste sans filtre, sans artifice.

Un 22e livre au vitriol

Parallèlement à ses projets de scène, Patrick Sébastien vient de publier Le Carnaval des ambitieux, un ouvrage dans lequel il dresse un portrait au vitriol du monde de la célébrité, des médias, et de la politique. Un livre à la fois drôle, grinçant et lucide, qui mêle anecdotes personnelles et fables caustiques.

« J’y dis des choses que d’autres pensent tout bas », confie-t-il. Fidèle à sa ligne, il refuse les compromis, dénonce l’hypocrisie ambiante et invite à plus de sincérité dans les rapports humains. Dans un monde où l’image prend souvent le pas sur le fond, Patrick Sébastien revendique son franc-parler comme un acte de résistance.

“Le Plus Petit Cabaret du monde” : l’hommage, la suite, le pied de nez

Et comme si cela ne suffisait pas, il travaille déjà à un nouveau projet plein d’humour : Le Plus Petit Cabaret du monde. Si l’on en croit le titre, il s’agira d’une version plus modeste — mais probablement plus libre — de son émission culte. Un projet encore mystérieux, mais que l’artiste promet “décalé, joyeux et chaleureux”, dans l’esprit de ses débuts.

Il y voit aussi une manière de rendre hommage aux artistes de l’ombre, ceux qui n’ont pas la visibilité des grandes scènes télévisées mais qui font vivre le spectacle vivant dans les villages, les salles des fêtes, les théâtres de province. « Ce sont ces artistes-là qui me touchent. Ils donnent tout sans attendre la gloire. Et c’est eux qu’on va mettre en lumière. »

Une popularité intacte malgré les tempêtes

Tout au long de sa carrière, Patrick Sébastien a connu des polémiques, des ruptures, des drames personnels — notamment la perte tragique de son fils Sébastien dans un accident de moto. Mais il a toujours choisi de se relever, de sourire, de rire même quand ça faisait mal.

Cette résilience, ce courage et cette générosité expliquent sans doute l’amour profond que lui voue une partie du public français. Là où certains artistes surfent sur les modes, lui a toujours suivi son instinct, quitte à se mettre à dos le système. Mais dans une époque souvent aseptisée, son authenticité fait mouche.

Une philosophie de vie : « Donner du bonheur »

Si l’on devait résumer Patrick Sébastien en une phrase, ce serait peut-être celle-ci : « Donner du bonheur. » Par le rire, la musique, les mots, le spectacle. Il sait que la vie peut être dure, injuste, violente. Et c’est précisément pour cela qu’il s’efforce de créer des bulles de joie, des moments suspendus.

« Je veux que les gens sortent de mes spectacles avec le sourire, qu’ils oublient leurs emmerdes pendant deux heures », dit-il. Une mission simple, mais profondément noble.

Conclusion : un artiste inclassable, vivant et debout

Patrick Sébastien fête donc 50 ans de carrière. Mais plus qu’un anniversaire, c’est une déclaration d’amour au spectacle vivant, à la liberté d’expression, et à la vie elle-même. À 71 ans, il ne ralentit pas. Il crée, il chante, il écrit, il rassemble. Et surtout, il aime.

Son message est clair : « Tant que je suis vivant, je monterai sur scène. Et le jour où je ne pourrai plus… alors je ne serai plus là. » Ce jour n’est pas encore arrivé. Et heureusement, le public n’a pas fini de rire, chanter et vibrer avec lui.