“🚨 Violences et humiliations en ligne : le drame du streamer Jean Pormanove secoue la France ! Enquête ouverte, témoignages accablants et révélations glaçantes sur ce qui a mené à sa mort… Tout ce que l’on sait jusqu’ici fait froid dans le dos.”

Le streamer français Raphaël Graven, alias Jean Pormanove ou « JP », est décédé à 46 ans dans la nuit du 17 au 18 août à Contes, près de Nice (Alpes-Maritimes). Il s’était fait connaître via des vidéos diffusées en direct le montrant se faire frapper et humilier. La justice a décidé, mardi 19 août, d’ouvrir une enquête après son décès. « Ouest-France » revient sur les conditions de sa mort en « live » qui a fait réagir jusqu’au gouvernement.


Le streamer Jean Pormanove, de son vrai nom Raphaël Graven, dans une vidéo YouTube diffusée le 27 juillet 2022. | CAPTURE D’ÉCRAN : JEAN PORMANOVE / YOUTUBE

Violences diffusées en direct, humiliations à répétition, réaction gouvernementale… La mort en direct du streamer Raphaël Graven alias « Jean Pormanove » sur la plateforme de streaming Kick a fait réagir, ce mardi 19 août 2025. Le parquet de Nice a annoncé ouvrir une enquête pour déterminer les causes de la mort de l’homme âgé de 46 ans. Le gouvernement s’est également saisi du dossier, la ministre déléguée chargée du Numérique dénonçant « une horreur absolue »Ouest-France fait le point sur ce que l’on sait sur ce drame, aux répercussions inattendues.

Une mort filmée en direct, après 300 heures de diffusion

« Jean Pormanove », surnommé « JP » par sa communauté d’internautes, était suivi par des centaines de milliers d’abonnés pour ses vidéos le montrant subir des violences et autres humiliations, notamment de deux partenaires connus sous les pseudos de Narutovie et Safine. Ces vidéos étaient diffusées sur différents sites, notamment Kick, plateforme australienne, grande concurrente du leader mondial du live streaming Twitch.

Sur certaines vidéos, encore visibles sur divers réseaux, on peut voir « JP » se faire tirer dessus sans porter de protection avec des projectiles de paintball, être frappé par ses partenaires lors de séances de « gaming », ou se retrouver systématiquement dans le rôle de souffre-douleur en privé ou en public, tout en semblant consentir à ce rôle. « De nombreuses saisies de matériels et vidéos » ont été réalisées « afin notamment de préciser les faits intervenus en amont du décès et susceptibles d’avoir pu contribuer à celui-ci », indique le procureur de Nice.

Lors de son ultime live, une séquence montre, selon des internautes, Jean Pormanove juste avant son décès ou la découverte de celui-ci. Il est allongé inanimé sous une couette dans un lit, avec deux autres hommes, dont l’un, apparemment Narutovie, jette une petite bouteille d’eau en plastique dans sa direction.

L’homme réalisait alors un « live marathon », consistant à enchaîner les heures de diffusion en direct, jour et nuit, pour amasser un maximum de soutiens – le plus souvent sous la forme de dons pécuniaires. Avant que le stream soit coupé, le compteur de temps indiquait plus de 298 heures de direct qui avait permis de recueillir la somme de 36 411 €. Quelques heures plus tard, Narutovie annonçait le décès de Jean Pormanove via une publication Instagram.

Des sévices signalés il y a plusieurs mois

Avec plus de 160 000 abonnés, Narutovie et Safine produisaient depuis plusieurs mois des contenus dans lesquels ils frappaient et infligeaient des sévices à Jean Pormanove, ainsi qu’à Coudoux, un autre souffre-douleur. En décembre 2024, les faits sont dénoncés par Mediapart , ce qui conduit la plateforme de streaming Kick à suspendre la diffusion des lives… avant de finalement les autoriser de nouveau. Les journalistes révèlent alors dans le même temps les revenus générés par ces contenus : « Au moins 13 500 € sur le mois de novembre 2024. »

Quelques jours plus tard, une première enquête est ouverte par la police judiciaire de Nice, portant notamment sur des faits de « violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables […] et diffusion d’enregistrement d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne ».

Des gardes à vue ont lieu, du matériel est saisi, mais « tant les personnes susceptibles d’être mises en cause que celles d’être victimes contestent la commission d’infractions », souligne à l’époque le parquet.

C’est cette même brigade de la police judiciaire qui est aujourd’hui mobilisée pour faire la lumière sur la mort du streamer. Selon les informations de Franceinfo, les streamers Safine et Narutovie ont été entendus en qualité de témoins, en audition libre. De plus, le procureur de la République a annoncé ce mercredi que ces auditions « ne permettent de donner une orientation quant aux causes » du décès et que l’autopsie du streamer sera réalisé jeudi matin.

L’avocat de ce dernier a affirmé ce mardi à l’Agence France-Presse que son client n’avait « aucune responsabilité » et qu’il se tenait « à la disposition » des enquêteurs. Il a annoncé dans un communiqué son intention de déposer plainte à la suite d’une « campagne de cyberharcèlement » dont son client ferait l’objet après cette affaire.

Un signalement entre les mains de l’Arcom

Les faits se sont déroulés sur la plateforme de streaming Kick, réputée pour être un refuge de streamers et créateurs de contenus bannis de YouTube ou encore Twitch, en raison de contenus trop violents ou porteurs de propos illicites voire discriminatoires. La ministre chargée du Numérique, Clara Chappaz, a indiqué avoir « contacté les responsables de la plateforme pour obtenir des explications. La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi », a-t-elle souligné.

Par ailleurs, elle a indiqué avoir « saisi l’Arcom et effectué un signalement sur Pharos », le service de lutte contre la violence en ligne. L’agence de régulation a, par ailleurs, informé l’AFP que si Kick ne disposait pas d’un représentant légal dans l’Union européenne, comme c’est apparemment le cas, l’autorité pourrait d’elle-même « mettre en œuvre les obligations auxquelles la plateforme est tenue » par la réglementation européenne.

« Nous sommes profondément attristés par la perte de Jean Pormanove, a réagi par mail à l’AFP un porte-parole de Kick. Nous examinons de toute urgence les circonstances et collaborons avec les parties prenantes concernées. Les règles de la communauté Kick visent à protéger les créateurs, et nous sommes déterminés à les faire respecter sur l’ensemble de notre plateforme. »

Ce mercredi, la plateforme australienne a annoncé sur ses réseaux sociaux avoir banni « les co-streamers ayant participé à cette diffusion en direct dans l’attente de l’enquête en cours » et avoir entrepris « une révision complète » de leur contenu en français.

Drake pourrait financer les frais funéraires

La mort de Jean Pormanove choque également jusqu’aux États-Unis. Ce mardi soir, l’un des streamers les plus célèbres de la plateforme Kick, Adin Ross, a annoncé « prendre en charge les frais funéraires » engendrés par le décès de « JP ». Ce créateur de contenus américain est connu pour avoir interviewé Donald Trump lors de la dernière campagne présidentielle et pour avoir proféré des propos homophobes ou encore racistes lorsqu’il était hébergé par la plateforme de streaming Twitch.

Pour Adin Ross, « c’est la moindre des choses ». Il dénonce au passage des faits « horribles et dégoûtants » et souhaite que « quiconque ayant participé à cela mérite de subir de graves conséquences ». L’homme de 24 ans a aussi annoncé que la prise en charge des frais funéraires serait partagée avec le rappeur Drake. Une information qui n’a pas encore été confirmée par le célèbre rappeur, lui aussi actif sur Kick avec ses plus de 300 000 abonnés.