🌊 La Bretagne de Samuel Le Bihan : un attachement profond et sincère. L’acteur d’« Alex Hugo » confie son bonheur d’avoir vécu ces années au cœur d’une région qu’il décrit comme une terre de liberté, d’aventure et d’inspiration, une parenthèse lumineuse qui a marqué sa vie à jamais.

L’océan, les vents salés, les routes sinueuses bordées de talus fleuris… Pour Samuel Le Bihan, la Bretagne n’est pas une simple carte postale : c’est une part intime de son identité. Derrière le comédien connu pour ses rôles au cinéma (Le Pacte des loups, L’Ennemi public n°1) et à la télévision (Alex Hugo), il y a un adolescent qui a trouvé dans les rives de l’Odet et les côtes du Finistère un territoire de liberté, d’amitiés et d’aventure.

Rencontré en 2018 par Bretagne Magazine, l’acteur avait confié à quel point ces années bretonnes avaient marqué son parcours. Plus qu’un décor, la Bretagne est pour lui un lieu fondateur, un refuge et une source inépuisable d’inspiration.

Plougastel-Daoulas, le port d’attache

Pour Samuel Le Bihan, la Bretagne commence à Plougastel-Daoulas, petite commune du Finistère célèbre pour ses fraises, son calvaire monumental et ses panoramas sur la rade de Brest. C’est là que vivait son grand-père paternel, et c’est là qu’enfant, il venait passer ses vacances.

« J’y passais tous mes étés. Les odeurs, la lumière, les marées… tout est resté gravé. J’ai toujours eu l’impression d’y respirer mieux », confie-t-il.

En 1980, un tournant survient : sa famille s’installe définitivement à Plougastel. Samuel a alors 15 ans, l’âge où l’on se cherche et où l’on se façonne. « C’était le temps de l’adolescence, ce moment où l’on se construit. Et j’ai eu la chance de le faire ici, dans un environnement qui laissait une grande place à la liberté. »

Une adolescence au goût de sel et d’iode

À Plougastel, l’adolescent découvre un rythme de vie qui contraste avec celui des grandes villes. Le Finistère des années 1980 est encore préservé, sauvage, parfois rude. Les journées s’étirent entre baignades, parties de pêche, balades à vélo et longues soirées d’été.

Samuel se souvient surtout de son cyclomoteur, symbole de son indépendance naissante. « J’étais prêt à faire 50 kilomètres pour rejoindre une fête. C’était la liberté totale. On roulait de nuit sur des routes vides, avec le vent et parfois la pluie. On se sentait invincibles. »

Ces escapades ne sont pas seulement des souvenirs d’insouciance. Elles forgent un état d’esprit : curiosité, goût du mouvement, envie d’explorer. « La Bretagne m’a appris que l’aventure commence souvent au coin de la rue, pour peu qu’on sache regarder. »

Les rives de l’Odet : un lieu de ressourcement

Parmi ses lieux fétiches, l’acteur cite souvent les rives de l’Odet, ce fleuve côtier qui serpente entre Quimper et Bénodet avant de se jeter dans l’Atlantique. « C’est un endroit magique. On peut s’y promener des heures, suivre les méandres, respirer l’odeur des pins et de la vase. C’est un paysage apaisant et puissant à la fois. »

Ces moments au bord de l’eau ont façonné son rapport à la nature. Ils lui ont aussi offert des instants de solitude précieuse, où l’on prend le temps de réfléchir, d’observer, d’écouter. « Quand on grandit ici, on apprend à aimer le silence, à se confronter à soi-même. »

Une terre d’aventure et de caractère

Parler de la Bretagne, pour Samuel Le Bihan, c’est évoquer un territoire de contrastes : doux et rude, accueillant et sauvage, lumineux et tempétueux. « Il y a une force dans cette région. Les Bretons ont du caractère, ils savent ce que veut dire le mot solidarité. »

Il se rappelle les fêtes de village, les pardons, les marchés où l’on discute longuement avec les producteurs, les concerts improvisés dans les salles des fêtes. « C’est un esprit qu’on ne trouve pas partout. Ici, on aime se retrouver, on partage, on rit beaucoup. »

Pour lui, cette ambiance chaleureuse a été une école de vie. « Elle m’a appris à ne pas juger trop vite, à écouter les histoires des autres. »

La Bretagne comme boussole intérieure

Même après avoir quitté la région pour suivre sa carrière, Samuel Le Bihan a toujours gardé un pied — et le cœur — en Bretagne. « C’est ma boussole. Quand je sens que je m’éloigne de l’essentiel, je reviens ici. »

Il y retrouve la mer, les odeurs, les couleurs qui l’apaisent. Il revoit des amis d’enfance, se promène sur les mêmes chemins, prend un café dans les mêmes bistrots. « C’est rassurant. Ici, rien n’a vraiment changé, ou alors très lentement. »

L’influence sur l’acteur et l’homme

On pourrait croire que le lien entre un territoire et un acteur se limite à la nostalgie. Mais pour Samuel Le Bihan, la Bretagne a eu un impact concret sur son jeu, son approche de son métier.

« La Bretagne m’a appris la patience. Dans la nature, on attend la marée, le bon vent, la bonne lumière. C’est pareil pour un rôle. Il faut savoir observer, laisser venir les choses. »

Elle lui a aussi donné le goût des personnages entiers, solides, parfois un peu rugueux mais toujours authentiques. « Les Bretons que j’ai connus étaient comme ça : pas de chichis, pas de faux-semblants. C’est une leçon précieuse pour un comédien. »

Engagements et valeurs héritées

Très engagé dans des causes humanitaires et environnementales, Samuel Le Bihan voit là aussi une filiation avec ses années bretonnes. « Ici, on vit proche de la nature, on voit les marées, les tempêtes, la fragilité du littoral. On ne peut pas rester indifférent à sa protection. »

Il évoque les pêcheurs qu’il a côtoyés, les agriculteurs qu’il a vus travailler dur, les associations locales qui œuvrent à préserver la biodiversité. « C’est une culture de l’engagement, souvent modeste, mais réelle. »

Un retour toujours possible

Quand on lui demande s’il pourrait un jour revenir s’installer en Bretagne, la réponse est immédiate : « Bien sûr. Je m’y vois très bien. Ce serait comme boucler la boucle. »

Pour l’instant, ses obligations professionnelles le tiennent loin du Finistère, mais il revient dès qu’il peut, souvent incognito, pour marcher sur la plage de Larmor, naviguer dans la rade de Brest ou simplement s’asseoir sur un muret face à la mer. « C’est dans ces moments-là que je me dis que je suis vraiment chez moi. »

Une gratitude intacte

Au fil de la conversation, un mot revient sans cesse : gratitude. Gratitude pour les paysages, pour les rencontres, pour cette adolescence vécue « dans une terre de liberté et d’aventure » qui lui a donné un socle solide.

« On ne choisit pas toujours où l’on grandit, mais moi, j’ai eu de la chance. La Bretagne m’a donné le goût de l’horizon, le courage d’aller voir plus loin, et en même temps l’envie de toujours revenir. »

Le dernier mot : la mer

S’il fallait résumer la Bretagne de Samuel Le Bihan en une image, ce serait celle de la mer, changeante, imprévisible, parfois rude mais toujours magnifique. « La mer, c’est un peu comme la vie. On ne la contrôle pas, mais on apprend à naviguer avec. Et en Bretagne, on apprend ça très tôt. »

Ce soir-là, en quittant Plougastel-Daoulas, le vent souffle fort et les lumières du port scintillent au loin. On comprend alors que pour Samuel Le Bihan, la Bretagne n’est pas seulement un souvenir. C’est une maison, une source et une force. Et que, quel que soit l’endroit du monde où il se trouve, un morceau de Finistère voyage toujours avec lui.