Problème de prompteur, alerte info tombant à la dernière minute, chronique annulée en direct : pour son tout premier JT de 13 heures, Isabelle Ithurburu savait qu’elle ne serait pas à l’abri des imprévus. Alors, dans l’ombre du plateau, elle a minutieusement préparé chaque scénario possible, entre entraînements intensifs, simulations de chaos technique et coaching ciblé sur la gestion de crise à l’antenne… Quels incidents redoutait-elle le plus ? Quels secrets de préparation utilise-t-elle pour rester imperturbable face à des millions de téléspectateurs ? Une immersion dans la mécanique invisible du direct. Cliquez sur le lien pour en savoir plus.

Le direct est un art, une performance, une forme de théâtre sous pression constante. Et lorsqu’on s’apprête à incarner le JT de 13 heures de TF1 pour la première fois, la moindre seconde d’hésitation peut devenir un moment de solitude capté par des millions de regards. Isabelle Ithurburu le savait. Elle ne s’est pas contentée de relire des fiches ou de mémoriser des lancements. Pour ses débuts, elle a choisi de se former à la dure, en anticipant les pires scénarios que peut offrir un journal en direct.

Dès l’annonce de sa nomination, une équipe restreinte s’est constituée autour d’elle pour préparer cette transition aussi risquée que symbolique. À la tête de ce groupe : un ancien rédacteur en chef du 20 heures, deux techniciens aguerris du plateau et un coach vocal spécialisé dans les environnements stressants. Ensemble, ils ont bâti un programme sur mesure.

Au cœur de ce programme : la gestion des imprévus. Car Isabelle, venue du journalisme sportif, savait ce que signifie l’adrénaline de l’antenne, mais elle devait désormais s’habituer à l’exigence du format « hard news », où l’erreur est immédiatement visible, amplifiée, décortiquée. Elle a donc répété en conditions réelles, plusieurs fois par jour, pendant près de trois semaines. Un faux prompteur tombant en panne en plein milieu d’un sujet délicat, une alerte info interrompant brutalement le conducteur, une connexion satellite qui ne fonctionne pas… tout était testé, dans le but de la faire sortir de ses repères.

« L’objectif n’était pas de lui faire peur, explique un membre de l’équipe, mais de la confronter à ce qui pourrait vraiment arriver. Car au 13H, il ne s’agit pas seulement de lire un texte. Il faut être capable de réagir, d’improviser, de maintenir un fil narratif malgré le bruit. » Isabelle a pris l’exercice très au sérieux. Chaque simulation était suivie d’un debrief complet : ton de la voix, posture, regard caméra, transitions improvisées. Rien n’était laissé au hasard.

La journaliste a également tenu à assister aux conférences de rédaction dès 7 heures du matin, pour comprendre la mécanique de sélection des sujets, les arbitrages de dernière minute, et les tensions qui peuvent apparaître entre les services image, son, montage et rédaction. « Elle voulait tout voir, tout entendre. Elle a cette soif de comprendre que peu de gens ont à ce niveau », confie un cadre technique.

Mais l’aspect le plus impressionnant de sa préparation reste sans doute sa discipline mentale. Elle a travaillé avec un coach venu du théâtre, spécialiste de la concentration sous contrainte. Exercice de respiration, visualisation mentale du plateau, gestion du regard dans le silence entre deux sujets : chaque détail de la présence à l’antenne a été décortiqué, affiné. « Quand vous êtes seule face à la caméra, pendant que toute une rédaction court derrière une brève tombée trente secondes avant, votre calme devient une ancre pour l’émission. Isabelle l’a compris très vite », affirme son coach.

Au fil des répétitions, des automatismes se sont installés. Elle a appris à gérer les “silences parasites” – ces secondes flottantes qui surgissent quand un micro de terrain ne se déclenche pas. Elle sait désormais meubler avec précision, en insérant une phrase de contexte, ou en reformulant un point clé sans dévier du sujet. Elle sait aussi comment relancer un duplex capricieux sans paniquer, ou passer à un sujet suivant en cas de plantage irréversible. Ce sont ces savoir-faire, invisibles pour le public, qui font la différence entre un journal fluide et un naufrage technique.

Lors de sa dernière répétition générale, l’équipe technique lui a réservé une surprise : une fausse alerte info, ajoutée sans qu’elle en soit avertie, simulant un événement majeur tombé à 12h59. Isabelle a pris une inspiration, jeté un œil rapide au texte réécrit à la hâte sur son pupitre, et a improvisé un lancement clair, précis, sobre. Aucune hésitation, aucun regard de panique. Juste cette voix posée, devenue familière au fil des semaines, mais qui allait désormais devoir tenir en direct.

Le jour de sa première, tout le monde était en place dès 10 heures. En régie, certains avaient encore en tête les tensions des jours précédents. Mais sur le plateau, Isabelle semblait calme, presque détachée. Son maquillage était terminé. Son oreillette testée. Le générique se lançait dans deux minutes. Elle a jeté un coup d’œil au conducteur, puis a fermé les yeux un instant. Personne ne parlait. Quand elle a rouvert les yeux, elle a dit : « On y va. »

Le journal a commencé. Quelques petits couacs techniques se sont glissés : un léger retard dans l’enchaînement des sujets, un retour plateau un peu abrupt. Mais Isabelle a tenu bon. Elle a assuré, gardé le rythme, et maîtrisé son ton. Elle n’a pas lu un journal, elle l’a incarné. Et c’est peut-être là la clé de sa réussite : ne pas chercher à contrôler le direct, mais à l’habiter.

Après l’émission, les retours ont été unanimes. La rédaction, un peu surprise, a reconnu sa maîtrise. Les réseaux sociaux ont salué sa fraîcheur et son calme. Les téléspectateurs, eux, n’ont pas vu les simulations, les sueurs froides, les nuits blanches. Ils ont vu une femme qui, pour la première fois à ce poste, semblait y être depuis toujours.