Oubliez tout ce que vous pensiez savoir sur la pop star moderne. Une nouvelle icône queer est en train de prendre le monde d’assaut, et son nom est Chappell Roan. Avec son style théâtral, ses performances électriques et son message de pure authenticité, elle est bien plus qu’une simple chanteuse. Elle est la voix d’une génération, un phare d’espoir pour la communauté LGBTQ+ et un phénomène que l’on ne peut plus ignorer. Ses concerts sont des espaces de célébration totale, où l’on peut être soi-même sans peur. Découvrez comment cette étoile montante est en train de redéfinir le genre et de briser tous les codes. Le récit complet de cette ascension fulgurante est dans l’article.

L’année dernière, elle nous avait posé un lapin. Alors, cette fois, Chappell Roan était attendue au tournant pour son unique date en France. Après Lana Del Rey et Billie Eilish – rien que ça -, la nouvelle sensation de la pop américaine ouvre l’édition 2025 du festival Rock en Seine ce mercredi 20 août.

Il n’aura suffi que d’un an et demi pour que la chanteuse de 27 ans – qui a choisi son nom en hommage à son grand-père mort d’un cancer – s’impose comme une icône pop et queer. À la faveur d’un single Good Luck, Babe!, sorti en avril 2024, celle qui est originaire du Missouri, connaît un immense succès populaire – 4e au classement Billboard Hot 100. Son album The Rise and Fall of a Midwest Princess (2023), dévoilé six mois plus tôt, est ainsi redécouvert par le public de Rock en Seine, quand la critique l’avait déjà encensé lors de sa sortie.

Dans un décor tout droit sorti d’un long-métrage de Disney, à la croisée d’un château féerique et d’une église gothique, Chappell Roan ouvre son show en corset en satin vert, papillons en tissu collés sur les fesses, comme une fée clochette version drag – un univers qui imprègne toute sa discographie, et qui permet de réaffirmer son identité queer.

Figure phare de la pop queer

Avec sa musique, l’autoproclamée “super graphic ultra modern girl” – du nom de sa chanson d’ouverture – s’érige comme l’une des figures phares de la renaissance d’une pop lesbienne, aux côtés d’une Billie Eilish avec son titre Lunch ou d’une Girl in Red. Tout son album est une ode aux relations (et déceptions) amoureuses et à la sexualité libre et décomplexée, alors que Chappell Roan se revendique ouvertement comme lesbienne.

Femininomenon, deuxième titre du concert, évoque la préférence de la chanteuse pour les femmes. Good Luck, Babe!, chanson phare de sa discographie, traite de la norme de l’homosexualité dans les relations amoureuses. The Subway, dernier single en date de l’artiste et déjà un carton sur TikTok – parle de peine de cœur après une rupture amoureuse.

Tant de thématiques qui contrastent avec son enfance dans le Missouri. L’histoire de Chappell Roan commence à Willard, petite ville de 6.500 habitants. Kayleigh Rose Amstutz, de son vrai nom, naît un 19 février 1998, dans une famille conservatrice et chrétienne, entourée d’une sœur et de deux frères. L’église, elle la fréquente trois fois par semaine. Les camps chrétiens, tous les étés. On lui enseigne, entre autres, que l’homosexualité est un pêché.

Ainsi, quand résonnent les premières notes de Hot to go!, sorte d’hymne de cheerleading queer, difficile de ne pas reconnaître le statut d’icône LGBTQ+ de Chappell Roan. Tout le public de Rock en Seine – dont beaucoup de mini Chappell Roan, tantôt avec un chapeau de cow-boy, tantôt des chevelures rousses flamboyantes et des visages peints en blanc – reprend la chorégraphie, formant les lettres H-O-T-T-O-GO avec leurs bras. Une pratique qui rappelle un autre titre symbolique de la culture gay, celui des Village People. Chappell Roan, elle-même, a décrit cette chanson comme un “Y.M.C.A., mais encore plus gay”.

Encensée par le public

Elle enchaîne avec Barracuda, reprise de Heart, célèbre groupe de rock américain des années 1980 porté par deux figures féminines, les sœurs Ann et Nancy Wilson. Un moment intense, ponctué par des lance-flammes, des headbangs à gogo et des solos de guitares aux sonorités heavy metal, qui prouve que Chappell Roan a bien sa place en ouverture de Rock en Seine.

Tout le concert alterne entre une pop héritée de Lady Gaga ou Katy Perry et d’un rock inspiré des années 2000 et des teenmovies comme Freaky Friday. Le tout porté par une certaine théâtralité de l’artiste, qui joue avec une esthétique burlesque, voire “camp”, exagérant certaines paroles, certains gestes et costumes jusqu’au grotesque. Ironique et provocateur.

Rarement un concert d’une rookie de l’industrie musicale aura donné lieu à un engouement si fort – il n’y a qu’à entendre l’assistance de Rock en Seine reprendre en chœur chaque chanson pour le comprendre – et autant de hits enchaînés en une heure vingt de concert.

Une belle revanche pour Chappell Roan, dont la carrière aurait pourtant pu ne jamais voir le jour. Avant ses récents succès, la jeune femme a connu une audition ratée à America’s Got Talent, quelques reprises sur Youtube, et une première maison de disque qui l’a virée en pleine pandémie du covid.

Pour conclure, la toute jeune icône choisit ainsi Pink Pony Club – un de ses titres cultes, évidemment entonné par tout le public. L’artiste fait ses au revoir – et laisse déjà entrevoir une suite grandiose. Un véritable Féminomenon.