“J’ai accepté parce que j’avais peur” : dans un entretien exclusif, Samuel Le Bihan lève le voile sur son tout nouveau défi, un tournage intense et hors normes qui bouleverse ses repères. L’acteur se confie sans filtre sur les raisons qui l’ont poussé à sortir de sa zone de confort, les conditions physiques extrêmes, et l’implication émotionnelle inattendue que ce rôle lui demande. Que cache ce projet si secret ? Quel personnage incarnera-t-il cette fois ? Et pourquoi parle-t-il d’un tournage “éprouvant” ? — Cliquez sur le lien pour découvrir les révélations surprenantes d’un acteur prêt à tout donner.

C’est un Samuel Le Bihan fatigué mais rayonnant que nous avons rencontré entre deux prises. En plein tournage de son nouveau projet, dont le nom est encore tenu secret par la production, l’acteur a accepté de nous accorder un moment pour évoquer ce rôle qu’il qualifie lui-même de “défi le plus éprouvant de [sa] carrière depuis longtemps”.

Le rendez-vous a lieu dans une vallée reculée des Alpes françaises, à plus de 1 800 mètres d’altitude. L’équipe tourne depuis trois semaines dans des conditions météorologiques imprévisibles, alternant chaleur sèche, vents violents et températures glaciales dès la tombée de la nuit. L’environnement est rude, mais correspond parfaitement à l’ambiance du film : un drame psychologique en pleine nature, centré sur un homme solitaire confronté à une disparition inexpliquée.

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“C’est un tournage très physique. On est dehors toute la journée, parfois de nuit, avec peu de confort. Mais ce n’est pas seulement la fatigue corporelle. Le rôle, lui aussi, est usant émotionnellement. Il me demande d’aller chercher des choses que je ne pensais pas avoir en moi, des zones d’ombre, des souvenirs que je croyais enfouis”, confie-t-il en regardant les montagnes qui l’entourent.

L’acteur incarne un ancien militaire reclus dans un chalet, qui se retrouve mêlé malgré lui à une enquête après la disparition d’un enfant dans une forêt voisine. Le personnage est hanté par un passé qu’il tente de fuir, rongé par la culpabilité et l’isolement. “C’est un homme brisé, mais qui refuse de l’admettre. Il pense se protéger en se coupant du monde, mais il va être forcé de se confronter à lui-même. Et ça, c’est épuisant à jouer.”

Si le rôle est exigeant, c’est aussi ce qui a attiré Le Bihan vers le projet. “Quand j’ai lu le scénario, j’ai eu peur. Et c’est exactement pour ça que j’ai dit oui. Quand un rôle vous met mal à l’aise, vous bouscule, c’est qu’il a quelque chose d’important à dire. Je ne veux plus faire des choses tièdes. Je veux être secoué.”

Ce besoin d’intensité traverse toute la carrière de l’acteur. Depuis ses débuts au théâtre jusqu’à ses rôles au cinéma, Samuel Le Bihan a toujours choisi des personnages en tension, souvent habités, rarement faciles. “Je ne suis pas attiré par les gens lisses. Ce qui m’intéresse, ce sont les failles, les contradictions, ce qui est enfoui. Et ce personnage-là… il est en miettes, mais il tient debout. Il résiste.”

Le tournage, prévu sur huit semaines, alterne scènes en forêt, en montagne et dans un ancien hôpital psychiatrique désaffecté transformé en décor. Les conditions sont parfois extrêmes. “On tourne à 4h du matin, dans le brouillard, au bord d’un ravin. Le moindre plan demande une énergie folle. Mais je suis entouré d’une équipe passionnée, et on sait pourquoi on est là.”

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Il évoque aussi la collaboration étroite avec la réalisatrice, dont c’est le premier long-métrage. “Elle a une vision très forte. Elle veut aller au bout des choses. Elle ne me laisse jamais me reposer sur mes acquis. Chaque prise est un test. Elle me pousse à ne pas tricher, à rester au plus près du vrai. C’est parfois inconfortable, mais c’est ce que j’attendais.”

Le film, encore sans titre définitif, est produit par une société indépendante et sera destiné à une sortie en festival avant une diffusion en salle. Pour Le Bihan, c’est un retour à un cinéma d’auteur plus épuré, plus engagé. “On est loin des grosses productions. Ici, chaque plan compte, chaque mot est pesé. Ce genre de projet vous recentre. Il vous rappelle pourquoi vous faites ce métier.”

L’acteur, père d’une fille atteinte d’autisme, évoque aussi comment cette expérience vient résonner avec sa propre vie. “Quand vous avez vécu l’incompréhension, le silence, la peur du jugement, vous avez des clés pour comprendre des personnages cabossés. Ce rôle me parle parce qu’il dit quelque chose de la douleur qu’on cache. Et j’essaie de lui donner une vérité.”

Lorsqu’on l’interroge sur la suite, il sourit : “Je vais avoir besoin de repos, c’est certain. Mais j’aimerais que ce film trouve un écho. Ce n’est pas un film facile, mais c’est un film nécessaire. Il parle de solitude, de rédemption, de résilience. Il n’offre pas de réponses faciles, mais il pose les bonnes questions.”

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Et à ceux qui pourraient douter de sa motivation à près de 60 ans, il répond avec franchise : “Je me sens plus vivant que jamais. Ce métier, je l’aime parce qu’il ne me laisse jamais tranquille. Tant que j’aurai la peur au ventre avant une scène, je continuerai.”

Samuel Le Bihan repart, appelé sur le plateau. Dans son dos, les montagnes se couvrent lentement de brume. Il ajuste sa veste, échange un mot avec un technicien, puis disparaît entre les arbres, prêt à plonger de nouveau dans la peau d’un homme qu’il ne connaît que depuis quelques semaines, mais dont les blessures résonnent déjà en lui.