Quelques semaines après avoir présenté son ultime journal de 20 heures, Anne-Sophie Lapix fait son grand retour médiatique. La journaliste de 53 ans, qui avait incarné pendant huit années le rendez-vous phare de l’information sur France 2, a accepté de se confier sans détour. À la veille d’une nouvelle aventure sur RTL et M6, elle lève enfin le voile sur les raisons de son départ, et sur ce qu’elle considère désormais comme un nouveau souffle.

Huit ans de 20 Heures : la fin d’une ère


Depuis 2017, Anne-Sophie Lapix faisait partie du quotidien de millions de téléspectateurs français. Avec son style sobre, ferme mais chaleureux, elle avait su s’imposer comme une figure incontournable de l’actualité nationale. Pourtant, à l’été 2025, un changement radical est annoncé : c’est Léa Salamé, autre visage emblématique de France Télévisions, qui prendra sa place à la rentrée.

 

Dans un entretien exclusif accordé à TV Magazine, Lapix est revenue sur cette transition délicate. Elle se souvient avec franchise du moment où Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, l’a convoquée :« Je n’avais absolument pas prévu de quitter le 20 Heures. Quand on vous écarte, ce n’est jamais agréable. Mais Delphine m’a dit qu’elle voulait du changement. Voilà pourquoi elle m’a annoncé cette décision. »

 

Un coup dur pour la journaliste, qui reconnaît avoir traversé des moments difficiles. Mais avec le recul, elle dit voir les choses autrement :« Aujourd’hui, je considère que c’était sans doute le bon moment pour tourner la page. Je découvre une énergie nouvelle, une excitation que je n’avais plus ressentie depuis longtemps. Finalement, c’est presque une chance. »

 

Une transition assumée, un avenir réinventé

Anne-Sophie Lapix tient à préciser qu’elle n’a pas été « licenciée ». France Télévisions lui avait proposé d’autres projets au sein du groupe. Pourtant, c’est une offre venue d’ailleurs qui a retenu son attention :« Très vite, j’ai été contactée par RTL. Et je dois dire que leur proposition m’a immédiatement enthousiasmée. L’idée de me réinventer, de toucher un autre public, de renouer avec une parole plus libre m’a séduite. »

 

Ce nouvel élan ne se limite pas à la radio. La journaliste rejoint également M6, où elle animera un grand rendez-vous dominical dès le 7 septembre prochain. Un virage spectaculaire, qui marque son passage du service public au secteur privé.

 

Dans ces moments de bascule, le soutien de ses proches a compté. Son mari, l’homme d’affaires Arthur Sadoun – surnommé le « Roi Arthur » de la publicité – s’est montré, selon elle, « déterminant » :« Il m’a encouragée à ne pas subir les choses, mais à les transformer en opportunité. J’ai beaucoup de chance de l’avoir à mes côtés. »

 

Ce socle familial, solide et discret, a permis à Lapix d’assumer sereinement ce changement de cap.

 


 

Léa Salamé, l’héritière du 20 Heures

Le départ d’Anne-Sophie Lapix a ouvert la voie à Léa Salamé. Connue pour ses interviews musclées, son ton parfois incisif mais toujours franc, Salamé s’est imposée comme l’une des journalistes les plus en vue de sa génération. Courtisée par BFMTV, elle a pourtant choisi de rester fidèle à France 2, malgré un salaire inférieur.

 

Comment Lapix perçoit-elle cette succession ? Avec élégance et bienveillance :« Je ne me permettrais jamais de juger les choix de France Télévisions. Ce que je peux dire, c’est que j’apprécie énormément Léa. Elle est passionnée, investie, drôle et attachante. Je ne peux que lui souhaiter le meilleur, ainsi qu’à toute l’équipe de la rédaction. L’important, c’est que le 20 Heures reste un rendez-vous sérieux, ambitieux, respectueux des téléspectateurs. »

 

En prononçant ces mots, elle balaie toute idée de rivalité ou d’amertume. Loin d’une guerre de succession, Lapix préfère parler de continuité, même si elle sait que le style Salamé sera très différent du sien.

 

La fin d’un cycle, le début d’un autre


Le lundi 25 août marquera donc un double événement : d’un côté, Léa Salamé fera ses grands débuts à la tête du 20 Heures ; de l’autre, Anne-Sophie Lapix prendra les rênes d’une nouvelle tranche sur RTL. Deux trajectoires qui se croisent et qui traduisent le dynamisme d’un paysage médiatique en perpétuelle mutation.

 

Pour Lapix, c’est une nouvelle aventure qui commence. Elle le répète : ce départ, qu’elle avait d’abord vécu comme une mise à l’écart, est en train de devenir « la plus belle des opportunités ».

 

« Huit ans au 20 Heures, c’était formidable, intense, parfois épuisant. J’ai adoré chaque instant, mais je sens que je peux désormais explorer autre chose. Revenir à la radio, c’est retrouver une forme de liberté, d’intimité avec le public. Et puis, le projet dominical sur M6 m’ouvre une autre dimension. Je suis prête. »

 

Une page d’histoire de France Télévisions

Ce départ ne concerne pas seulement une journaliste : il marque la fin d’une époque pour France 2. Le 20 Heures est un symbole, une institution, et chaque changement de présentateur est un séisme médiatique. Après David Pujadas, puis Laurent Delahousse, Lapix avait su imposer sa marque. Aujourd’hui, c’est au tour de Léa Salamé d’écrire une nouvelle page.

 

Quant à Lapix, elle ne quitte pas la scène médiatique : elle la réinvente. Avec RTL et M6, elle s’apprête à montrer une autre facette d’elle-même. En somme, ce qui aurait pu ressembler à une mise à l’écart se transforme en rebond spectaculaire. Anne-Sophie Lapix, forte de son expérience et de son aplomb, refuse de se présenter en victime. Elle choisit, au contraire, d’y voir un « cadeau déguisé », une invitation à se réinventer.

 

Et au fond, n’est-ce pas là le secret des grandes carrières ? Savoir fermer une porte avec élégance, pour en ouvrir une autre avec enthousiasme.