C’était un mercredi, au cœur d’un hiver déjà sombre. Le 20 décembre 2023, à l’aube, Vitaa — de son vrai nom Charlotte Gonin — se réveille en sursaut dans sa maison de Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine. Il est environ 6 h 30 du matin. Quelques secondes suffisent pour comprendre : elle et sa famille sont en train de vivre l’un de ces cauchemars qu’on imagine toujours lointains, jusqu’au jour où ils s’invitent brutalement dans votre vie. Un home-jacking. Des hommes cagoulés, violents, déterminés, ont décidé de forcer l’entrée.


Les faits sont précis et glaçants : trois individus, interpellés par la suite, réussissent à pénétrer dans le domicile et à repartir avec plusieurs bijoux, un sac Hermès et un iPhone. Valeur estimée : 20 000 euros. Mais l’argent et les objets volés ne sont qu’une partie du drame. Car ce que Vitaa raconte aujourd’hui, un an et demi plus tard, ce sont surtout les secondes de terreur pure, la sensation d’impuissance totale, et le traumatisme qui s’installe bien après que la police ait quitté les lieux.

 

Invitée de l’émission Legend de Guillaume Pley en août 2025, la chanteuse revient, avec une voix toujours marquée par l’émotion, sur cette nuit qui a changé sa vie. Elle n’élude rien : le bruit sourd des coups frappés contre la porte, la certitude glaciale que « quelque chose va se passer », et cette alarme qui, heureusement, se déclenche juste à temps.

 

« Mon mari m’a toujours dit : “Ils vont rentrer un jour dans la nuit”. Il me l’a toujours répété », confie-t-elle. Son époux, Hicham Bendaoud, avec qui elle partage sa vie depuis 2010 et dont elle a trois enfants — Liham, Adam et Noa —, est connu pour sa prudence presque obsessionnelle. Alarmes partout, vigilance constante. Cette « paranoïa », comme elle le dit avec un sourire amer, leur a sans doute sauvé la vie.


La scène se déroule à une vitesse vertigineuse. Vitaa entend les premiers coups. Ils ne sont pas encore entrés, mais chaque impact rapproche l’inévitable. Le dressing, situé au même étage que la chambre, devient la première cible.

 

Deux coups, elle est déjà debout. Hicham lui ordonne de monter à l’étage supérieur, de s’enfermer avec les enfants, pendant qu’il descend chercher de quoi se défendre. Mais le plan vole en éclats : au quatrième coup, la porte cède, l’alarme hurle. L’un des intrus descend, un autre monte et attrape sa belle-fille. Un troisième, cagoulé, surgit devant Vitaa, batte à la main. « Là, le temps s’arrête », se souvient-elle.

 

Les mots qu’il crache sont secs, brutaux : « Donne-moi les bijoux, donne-moi l’argent. » Mais l’esprit de la chanteuse est ailleurs. Elle pense aux étages supérieurs, à ses enfants, à sa belle-fille. Les images qui traversent son esprit sont insoutenables. Pendant ce temps, Hicham se bat en bas avec l’un des agresseurs. Le chaos est total, irrationnel, comme un film d’action qui aurait basculé dans le réel, sauf qu’ici, il n’y a ni doublures, ni caméra pour dire « Coupez ! ».

 

La police arrivera vite, mais pas assez pour empêcher les malfaiteurs de repartir avec leur butin. « Ils ont pris ce qu’ils pouvaient prendre et sont ressortis », résume-t-elle. Ce qui s’ensuit, pourtant, est encore plus difficile à vivre. L’après. « Le plus dur, ce n’est pas cette scène, c’est après cette scène. C’est un traumatisme qui reste dans ta tête. Tu ne vis plus pareil », confie-t-elle.

 

Ce traumatisme est tel qu’elle décide, avec sa famille, de quitter la maison. « Tu ne pouvais pas rester », lui lance Guillaume Pley pendant l’entretien. Elle acquiesce. « J’ai eu beaucoup de mal. C’est terrible à vivre », répète-t-elle. Les murs, les pièces, chaque recoin portent désormais l’empreinte invisible de cette nuit-là. Et même en changeant d’adresse, les réflexes demeurent : vigilance constante, méfiance, observation de chaque détail autour de soi. « Moi, je fais attention à tout ce que je fais maintenant », dit-elle, presque fataliste.


Derrière les mots, on devine une femme marquée, mais aussi lucide sur ce que cet épisode a révélé : la fragilité de la sécurité, même lorsque l’on pense avoir tout prévu. Les alarmes ont joué leur rôle, mais elles n’empêchent pas la peur de s’ancrer profondément. La chanteuse, qui menait alors la promotion de son album Charlotte sorti à l’automne 2023, jonglait entre concerts et vie familiale. Rien ne laissait présager que la tournée se trouverait éclipsée par une scène d’une telle violence.

 

Vitaa insiste sur un point : cette nuit a tout bouleversé. La sensation d’être chez soi, protégée, a disparu. Et c’est là, sans doute, la plus grande perte : celle de la paix intérieure. « C’est un traumatisme qui reste », répète-t-elle, consciente que la vie « d’avant » ne reviendra pas vraiment. Aujourd’hui encore, elle choisit ses mots avec soin, mais ne cherche pas à minimiser la violence de ce qui s’est passé. Parce que raconter, c’est aussi, peut-être, exorciser.