Il y a des lieux qui sont plus que de simples adresses ; ce sont des ancrages, des refuges pour l’âme où les racines plongent profondément dans une terre chargée de souvenirs. Pour Thomas Dutronc, ce lieu a un nom qui chante et qui sent le maquis : la Corse. L’Île de Beauté, décor de ses enfances, havre de paix de son père Jacques, est depuis toujours sa “région de cœur”. Mais aujourd’hui, ce lien prend une nouvelle dimension. À 52 ans, le musicien au swing manouche et au regard pétillant l’affirme avec une conviction sereine : le tumulte parisien, c’est bientôt fini. L’avenir, il le voit et le veut sur cette île qui est l’autre moitié de son ADN.

“Je pense que je vais m’installer là-bas”, a-t-il confié récemment, une phrase simple qui sonne comme une évidence, l’aboutissement d’un long cheminement intérieur. Car si Thomas Dutronc est né et a grandi à Paris, une partie de lui a toujours vécu au rythme de la Corse. C’est là que son père, l’iconique Jacques Dutronc, a posé ses valises il y a des décennies, dans sa fameuse maison de Monticello, devenant l’une des figures les plus illustres et respectées de l’île.

Pour Thomas, la Corse n’est pas une carte postale estivale, c’est le territoire de l’intime. C’est le souvenir des étés infinis, des retrouvailles familiales, des premières notes de guitare grattées sur une terrasse face à la mer. C’est le souvenir, aussi, de sa mère, l’inoubliable Françoise Hardy, qui, bien que plus casanière, aimait profondément ce lieu qui rendait heureux les hommes de sa vie. Chaque pierre, chaque sentier, chaque crique semble lui raconter une histoire, un fragment de sa propre généalogie.

Aujourd’hui, alors qu’il continue de faire vivre la mémoire de sa mère à travers la musique et les souvenirs, ce besoin de se rapprocher de son père et de ses racines se fait plus pressant. La vie parisienne, trépidante et exigeante, semble avoir perdu de son attrait face à l’appel d’une existence plus authentique, plus connectée à la nature et à l’essentiel. “Paris, c’est super pour le travail, pour voir les copains, mais la vraie vie, pour moi, elle est ailleurs”, glisse-t-il.

Cet “ailleurs”, c’est donc la Balagne, cette région bénie des dieux où il possède déjà un pied-à-terre, non loin de chez son père. Un lieu où il peut enfin poser sa guitare et simplement “être”. Loin de l’image du “fils de”, il y est Thomas, un homme qui aime la pêche, les discussions sur la place du village et le silence que seule la montagne corse sait offrir. C’est un retour aux sources vital, une manière de se reconnecter à lui-même, loin du personnage public.

Ce déménagement annoncé n’est pas un caprice, mais une décision mûrement réfléchie. Il symbolise un nouveau chapitre de sa vie d’homme. Celui où l’on choisit de vivre là où le cœur respire le mieux. Il s’agira de trouver un nouvel équilibre entre sa carrière, qui l’appellera souvent sur le continent, et cette nouvelle vie insulaire. Mais l’idée de se réveiller face à la Méditerranée, de partager un café avec son père sans avoir à prendre un avion, et de trouver l’inspiration dans la beauté brute de l’île est un moteur suffisamment puissant pour réorganiser toute une existence.

En choisissant la Corse, Thomas Dutronc ne fait pas que se rapprocher de son père ; il choisit de préserver un héritage, une certaine philosophie de vie faite de liberté, de simplicité et d’une pointe de nonchalance élégante. Un art de vivre “à la Dutronc”, qui ne trouve son plein épanouissement que sous le soleil exactement. Paris peut garder ses lumières, Thomas, lui, a choisi le phare. Celui qui, depuis son enfance, guide ses pas vers son véritable port d’attache.