Soprano : de la misère à la transmission, le chanteur dévoile ses valeurs de père

Dans le paysage musical français, peu d’artistes incarnent aussi bien la résilience et la générosité que Soprano. Derrière ses refrains fédérateurs et son sourire lumineux, Saïd M’Roumbaba, de son vrai nom, cache une histoire marquée par la précarité et les difficultés financières. Aujourd’hui devenu une figure incontournable de la chanson, il a choisi de mettre cette expérience au service d’une mission : transmettre à ses enfants des valeurs de solidarité et de partage, celles-là mêmes qui l’ont façonné. À l’occasion de sa nomination en tant que parrain de la 35ᵉ édition du Téléthon, l’artiste de 42 ans s’est confié avec sincérité sur son parcours et son rôle de père.

Une enfance et une jeunesse marquées par le manque

Grandir à Marseille, dans une famille modeste originaire des Comores, n’a pas toujours été facile. Soprano n’a jamais caché que ses jeunes années furent rythmées par l’absence d’argent et par des situations d’une grande fragilité. À une époque, lui et son cousin ont même pu se nourrir grâce aux Restos du cœur, l’association créée par Coluche. Une expérience qui a profondément marqué l’homme qu’il est devenu. « Je sais ce que représente un repas offert quand on n’a rien », confie-t-il souvent, rappelant combien la solidarité peut changer une vie.

Ce rapport à la précarité ne l’a pas enfermé dans l’amertume. Au contraire, il en a tiré une leçon : celle de tendre la main, dès que l’occasion se présente. Un modèle qu’il a avant tout reçu de sa mère, restée aux Comores. « Je l’ai toujours vue accueillir des orphelins à la maison », explique-t-il. « Quand je lui demandais pourquoi, elle me répondait simplement : “Je les ai vus dans la rue, ils n’avaient rien, je ne pouvais pas rester sans rien faire.” » Cette générosité maternelle, discrète et naturelle, a nourri son engagement artistique et personnel.

Père de famille et passeur de valeurs

Aujourd’hui, Soprano est le père comblé de trois enfants – Inaya, Lenny et Luna – âgés respectivement de 14, 12 et 9 ans. Et c’est avec eux qu’il souhaite partager l’héritage moral qu’il a reçu. « Je leur ai toujours dit : si on avance ensemble, on est plus fort. Je crois vraiment à la force du collectif », assure-t-il. Dans une société où l’individualisme gagne du terrain, le chanteur tient à rappeler à ses enfants que l’union et la solidarité sont des richesses bien plus précieuses que l’argent.

Au-delà des mots, il tente de leur montrer, par l’exemple, ce qu’implique l’entraide. Soprano veut qu’ils comprennent que son succès actuel est une chance, mais aussi une responsabilité. « J’ai eu la chance de connaître une ascension, mais je n’oublie pas d’où je viens », confie-t-il régulièrement.

En 2021, une nouvelle étape s’est ouverte dans son parcours humain : il a été choisi comme parrain de la 35ᵉ édition du Téléthon, succédant à son ami M. Pokora. Pour lui, cet honneur dépasse le cadre symbolique. « Être le visage d’un tel événement, c’est porter la voix de ceux qui souffrent, et rappeler que la recherche a besoin de chacun de nous », explique-t-il.

Durant les 30 heures de direct organisées les 3 et 4 décembre sur France Télévisions, il a partagé l’affiche avec Nagui et Sophie Davant, appelant les téléspectateurs à donner. La mission n’était pas anodine : l’année précédente, près de 58 millions d’euros avaient été récoltés. Une somme impressionnante qui témoigne de la générosité des Français, mais qui doit sans cesse être renouvelée pour financer les avancées médicales.

Rencontrer des malades et leurs proches a profondément bouleversé le chanteur. Lui qui a connu la misère financière a pris conscience d’une autre forme de souffrance : celle de la maladie. « Quand on est face à ces familles, on mesure combien la solidarité est vitale. Je ne pouvais pas refuser un tel rôle », a-t-il confié.

L’influence des réseaux sociaux, un outil au service du bien

Soprano a connu la pauvreté au point de devoir vivre grâce aux repas offerts par les Restos du cœur.

Conscient de sa notoriété, Soprano a également misé sur ses réseaux sociaux pour amplifier le message. Avec des millions d’abonnés qui suivent ses publications, il s’est engagé à « inonder » Internet d’informations autour du Téléthon. « Avant, pendant, après : je vais tout partager. Si les gens m’apprécient, alors je veux utiliser ce lien pour leur faire prendre conscience qu’un don peut tout changer », expliquait-il à Télé-Loisirs.

Dans un monde où les influenceurs usent parfois de leur visibilité à des fins futiles, l’artiste marseillais fait figure d’exception en orientant sa popularité vers une cause universelle.

Soprano n’est pas seulement une star de la chanson française. Depuis 2016, il fait partie des Enfoirés, ce collectif d’artistes qui se mobilise chaque année pour les Restos du cœur. Une manière pour lui de rendre ce qu’il a lui-même reçu dans sa jeunesse. Sa carrière, jalonnée de tubes comme Clown ou Hiro, ne l’a jamais détourné de cette conviction : la musique doit rassembler, mais l’action concrète est tout aussi essentielle.

Ce mélange d’humilité et d’engagement explique sans doute pourquoi il reste l’un des artistes préférés des Français. Là où d’autres se contentent de briller sous les projecteurs, Soprano a choisi d’incarner la solidarité au quotidien, que ce soit sur scène, dans les médias ou au sein de sa propre famille.

La transmission comme héritage

En retraçant son parcours, on comprend que la plus grande victoire de Soprano ne se mesure pas en disques vendus ni en trophées récoltés, mais dans sa capacité à transmettre. Transmettre à ses enfants d’abord, qui grandissent avec l’idée que la richesse se compte en liens et en générosité. Transmettre à ses fans ensuite, à travers des paroles qui parlent d’unité, d’amour et de dépassement collectif. Enfin, transmettre à la société, en prêtant son image à des causes qui dépassent le cadre de la musique.

De la misère de son enfance à la reconnaissance publique, le chemin parcouru est immense. Mais à écouter Soprano, on sent qu’il n’a rien perdu de sa simplicité. « Je n’ai pas le droit d’oublier d’où je viens », répète-t-il souvent. Cette fidélité à son histoire personnelle, loin d’être un poids, est devenue une force – celle qui guide chacun de ses choix.

Soprano, l’enfant de Marseille devenu star, rappelle que la notoriété ne prend tout son sens que lorsqu’elle se met au service des autres. De ses années de galère financière, il a tiré une philosophie de vie : on ne se construit pas seul, mais ensemble. Aujourd’hui, il s’efforce de transmettre cette conviction à ses enfants comme à ses fans, avec la même énergie qu’il met dans ses chansons. Un artiste engagé, un père attentif, un homme fidèle à ses racines : telle est sans doute la véritable définition de son succès.