Depuis plus de trois décennies, Florent Pagny et Azucena Caamaño avancent main dans la main, comme deux âmes qui se sont trouvées au milieu du tumulte de la vie. Leur histoire n’a rien d’un conte de fées lisse et aseptisé : elle a connu des débuts improbables, des instants de bonheur lumineux, mais aussi des tempêtes, dont certaines auraient pu tout balayer. Pourtant, à chaque épreuve, ils ont choisi de rester ensemble, avec cette complicité intacte qui fait dire à Florent Pagny : « Le destin a bien fait les choses. »


Photo : Florent Pagny et sa compagne Azucena Caamaño à Paris en 1993.

Au début des années 1990, le chanteur sort d’une relation médiatisée et passionnelle avec Vanessa Paradis. Trois ans d’une idylle qui, en 1991, se termine dans la douleur. À 30 ans, l’artiste traverse une période de désarroi. Les projecteurs continuent de briller sur lui, mais dans l’ombre, il se cherche, vacille.

 

C’est en 1993, lors d’une soirée sur une péniche parisienne, qu’il croise pour la première fois le regard d’Azucena Caamaño, jeune artiste-peintre argentine, à la chevelure brune et au regard profond. Elle ne parle pas français, n’est pas célibataire, et rien, a priori, ne laissait présager un début de romance. Pourtant, Florent Pagny le sait déjà : « S’il se passe quelque chose avec cette femme, je pense que j’essaye de m’installer. Pour moi, elle a un truc au-dessus. »

 

Les mois qui suivent sont ceux d’une reconstruction. Azucena, par sa présence, sa manière d’être, redonne au chanteur le goût de sourire. Il confiera plus tard à Michel Drucker : « On s’est rencontrés à un moment de ma vie où j’avais justement besoin de rencontrer d’autres personnes… Le destin a bien fait les choses. » Six mois après cette soirée, ils emménagent ensemble, d’abord à Issy-les-Moulineaux, puis en Patagonie, cette terre sauvage et chère au cœur de l’Argentine. Là-bas, loin des bruissements parisiens, ils inventent leur propre rythme, celui d’une vie simple, rythmée par les voyages et les projets artistiques.

 

En 1996, leur premier enfant, Inca, voit le jour. Trois ans plus tard, en 1999, c’est Aël qui vient compléter la famille. Tandis que Florent Pagny enchaîne les succès, Azucena s’épanouit dans son rôle de mère, mais aussi dans ses propres passions. Elle se tourne vers les plantes et leurs vertus, jusqu’à créer sa marque de cosmétiques bio, Rosazucena. Pendant ce temps, leurs enfants grandissent entre la France, la Patagonie et les États-Unis, loin des caméras, protégés de la voracité médiatique. En mai 2006, après plus de dix ans de vie commune, ils officialisent leur union lors d’un mariage civil.


Florent Pagny : découvrez les images de son mariage avec Azucena (2006)

Tout semble sourire au couple. Mais en janvier 2022, une nouvelle vient frapper de plein fouet leur équilibre : Florent Pagny annonce publiquement qu’il est atteint d’un cancer du poumon. Pour beaucoup, cette annonce résonne comme un choc. Pour lui, c’est un combat qui s’annonce, avec ses incertitudes et ses peurs. Dans son autobiographie Pagny par Florent, il raconte ce moment d’abattement : « Je devrais sombrer. Pourtant je ne le fais pas. Car c’est mon Azu qui plonge. Ce faisant, elle me protège encore. Elle est en larmes : “Nous avons perdu notre chance.” C’est grâce à elle que je trouve ma force : “Non, non, mon amour, nous n’avons pas perdu notre chance, tu vas voir, je vais m’en sortir, surtout avec toi à mes côtés.” »

 

Azucena, cette femme qu’il décrit comme celle qui lui convient « sur tous les plans », n’a jamais quitté son poste de vigie. Elle encaisse, elle soutient, elle veille, parfois plus atteinte que lui par la peur de perdre. Et lui, galvanisé par ce soutien, s’accroche. En novembre 2024, dans les colonnes de Paris Match, il confie : « Je crois qu’on est partis pour aller au bout. » Une phrase qui sonne comme une promesse, pas seulement face à la maladie, mais pour l’ensemble de leur vie.

 

En janvier 2025, sur le plateau de 50’ Inside, il apparaît apaisé, toujours sous le charme de celle qu’il aime depuis 32 ans. Il raconte sans fard leurs débuts, leurs voyages, leur quotidien, et cette façon qu’ils ont de vivre ensemble sans jamais tomber dans la lassitude : « C’est quand même paradoxal de rester trente ans avec une femme, c’est de plus en plus rare aujourd’hui, tout en n’aimant pas la routine. Tous les deux, ce n’est pas de la routine. » Un aveu qui illustre la singularité de leur lien : ni monotonie, ni usure, mais une évolution constante, où chacun reste curieux de l’autre.


Car si Florent Pagny n’a jamais cessé de se renouveler dans sa carrière — alternant entre variété, opéra et projets plus intimistes —, son couple avec Azucena suit la même logique : ne jamais se figer. En Patagonie, ils ont appris à s’adapter à un environnement rude, parfois isolé, mais toujours grandiose. En France, ils naviguent entre les obligations professionnelles et les moments de repli. Aux États-Unis, ils ont goûté à un anonymat rare pour un artiste de cette stature. Partout, ils s’inventent un quotidien où la complicité prime.

 

Ce lien si fort, pourtant, aurait pu ne jamais voir le jour. Si Florent Pagny s’était arrêté à la barrière de la langue, au fait qu’Azucena n’était pas libre lors de leur rencontre, ou s’il avait cédé au confort des histoires plus simples, il n’y aurait pas eu cette trajectoire commune. Mais lui parle souvent de « destin ». Et il semble bien que ce mot ait trouvé son incarnation dans leur duo.

 

Il ne cache pas non plus que la vie à deux est faite de confrontations, parfois intenses. Leur histoire n’est pas un long fleuve tranquille : deux personnalités fortes, des parcours différents, des choix de vie qui auraient pu diverger. Pourtant, à chaque croisée des chemins, ils ont choisi la même direction. C’est peut-être cela qui donne à leur amour cette densité : il est le fruit de décisions conscientes, pas seulement d’une attraction initiale.

Aujourd’hui, en rémission, Florent Pagny se prépare à retrouver son public.

 

Son retour sur scène — notamment dans The Voice — doit beaucoup à sa volonté de se relever, mais aussi à l’énergie insufflée par Azucena et leurs deux enfants. Inca et Aël, discrets, restent en retrait de la lumière, mais leur présence a été déterminante. L’artiste le sait : sans ce noyau dur, le combat contre la maladie aurait été autrement plus rude.


Quand il parle d’Azucena, ses mots prennent une chaleur particulière. Dans une interview télévisée, il avait déclaré : « Quand Azucena est rentrée dans ma vie, je peux quand même admettre qu’il y a un astre qui est rentré, qui m’a éclairé, qui m’a dirigé et qui fait que le chemin est devenu vachement plus beau. À un moment, j’ai compris pourquoi j’existais. » Peu d’hommes, surtout dans le milieu médiatique, livrent ce genre de confession avec une telle sincérité. C’est peut-être là aussi l’une des forces de leur couple : cette absence de filtre lorsqu’il s’agit de dire l’essentiel.

 

Leur histoire, vue de l’extérieur, a tout d’un roman : un chanteur au sommet de sa carrière, une artiste argentine venue d’ailleurs, une rencontre improbable sur une péniche, des enfants élevés loin du tumulte, des séjours dans une Patagonie presque mythique, puis un combat contre la maladie qui aurait pu briser l’édifice… mais qui, au contraire, l’a renforcé. Florent et Azucena ne sont pas de ceux qui s’accrochent par habitude ou par peur de l’inconnu ; ils s’accrochent par choix, parce que, malgré les années, ils se plaisent encore à se surprendre.

 

Lorsqu’il évoque leur avenir, Florent Pagny ne parle pas en termes de projet figé, mais d’envie de continuer à écrire cette histoire, jour après jour. « S’entendre comme on s’entend et passer le temps qu’on passe ensemble, avec les évolutions que cela implique… C’est vrai que le destin a bien fait les choses. » Cette phrase, il l’a répétée à plusieurs reprises, comme un mantra. Et l’on comprend que, pour lui, l’amour n’est pas une chance qui tombe du ciel : c’est un travail, une vigilance, un élan, et surtout, une reconnaissance mutuelle.

 

Au fil des ans, ils ont appris à conjuguer leurs différences. Elle, ancrée dans une sensibilité artistique tournée vers la nature, les plantes, la création manuelle. Lui, nomade dans l’âme, capable de remplir des stades mais toujours prêt à se retirer dans un coin reculé du globe. Ensemble, ils ont construit une vie qui leur ressemble, faite de contrastes assumés : un pied dans la lumière, l’autre dans l’ombre protectrice.


Et si leur histoire fascine autant, c’est peut-être parce qu’elle échappe aux formats habituels du couple de célébrités. Pas de séparations publiques suivies de réconciliations orchestrées, pas de confidences tapageuses dans les magazines. Ils choisissent ce qu’ils montrent, et, lorsqu’ils se livrent, c’est sans calcul. De la première rencontre sur les quais parisiens à la rémission après des mois de traitement, tout se tisse dans un récit où le spectaculaire le dispute à l’intime.

 

Aujourd’hui, alors que Florent Pagny s’apprête à reprendre le micro, l’image qui reste est celle d’un homme qui, au-delà de sa carrière, mesure la chance qu’il a eue dans sa vie privée. Trente-deux ans après cette fameuse soirée sur la péniche, il continue de regarder Azucena comme au premier jour, avec cette étincelle qui ne s’est jamais éteinte. Et, à l’écouter, on comprend que, dans leur histoire, le plus beau reste peut-être encore à venir.