Il y a des douleurs si intimes qu’elles semblent défier les mots. Des chagrins qui se vivent dans le silence des foyers, loin des regards, protégés par un mur de pudeur. Le deuil périnatal est de ceux-là. Pourtant, parfois, une parole courageuse émerge, non pas pour étaler sa souffrance, mais pour la nommer, la partager, et ainsi, briser un tabou dévastateur. C’est ce chemin difficile qu’ont choisi d’emprunter Émilie Tran Nguyen, visage familier des journaux de France 3 et de l’émission « C à vous », et son mari, le journaliste Maxime Darquier. Dans un message d’une sobriété bouleversante, le couple a annoncé avoir perdu un bébé, laissant entrevoir la profondeur de leur peine et la force de leur amour face à l’épreuve.

Leur annonce a été faite via Instagram, sur le compte de Maxime Darquier, une plateforme habituellement réservée aux instants de bonheur et de légèreté. Le contraste n’en est que plus saisissant. La publication montre une photo d’Émilie, le regard tourné vers l’horizon, sur une plage baignée d’une lumière douce et mélancolique. L’image est accompagnée d’un texte court, mais dont chaque mot pèse une tonne. « Difficile de trouver les mots et la forme. Pour dire que la vie peut décider de basculer. Pour dire que la vie s’est installée puis s’en est allée. Pour dire que nous étions trois et que nous sommes désormais deux. Pour dire que notre petite fille est partie rejoindre les étoiles. »

En quelques phrases, tout est dit. L’espoir immense, la joie de l’attente, puis le choc brutal de la perte. Le couple, déjà parents de deux enfants, Ava, née en 2019, et Pio, né en 2022, attendait son troisième enfant. Une petite fille. En choisissant de la nommer, de lui donner une place parmi les étoiles, ils lui offrent une existence par-delà l’absence. C’est un acte d’une portée symbolique immense pour tous les parents qui ont traversé cette épreuve, souvent confrontés à l’injonction terrible de « passer à autre chose », comme si cet enfant à naître n’avait jamais existé.

Leur démarche est d’un courage immense. En tant que personnalités publiques, ils auraient pu choisir de garder cette épreuve pour eux, de la vivre à l’abri des commentaires et de la curiosité. Mais en prenant la parole, Émilie Tran Nguyen et Maxime Darquier offrent une visibilité nécessaire à un drame qui touche une famille sur quatre en France. Ils donnent une voix à la douleur silencieuse de milliers de parents, une douleur souvent minimisée, incomprise par l’entourage et la société.

La suite de leur message est une ode à la résilience et à l’amour. « Pour dire comme nous sommes reconnaissants d’avoir pu l’aimer le temps d’une grossesse. Pour dire comme nous l’aimons et comme nous l’aimerons toujours. Pour dire comme elle nous manquera toute notre vie. Pour dire que nous sommes aujourd’hui un couple en deuil. Et des parents endeuillés. » Ils ne nient pas la souffrance, ils l’embrassent. Ils affirment leur statut de parents, même si leur enfant n’est plus là. C’est une revendication essentielle, une manière de légitimer leur peine et leur besoin de faire le deuil.

Le message se termine sur une note d’espoir fragile, mais puissant. « Pour dire que nous devons maintenant apprendre à vivre avec ce manque. Et à continuer à être les parents de nos deux merveilleux enfants. Qui sont notre force et nos couleurs. » C’est le paradoxe terrible du deuil périnatal : la vie doit continuer, pour les aînés, pour soi-même. Il faut trouver la force de se relever alors que l’on se sent anéanti, de sourire à nouveau alors que le cœur est en miettes.

En partageant leur histoire, Émilie Tran Nguyen et Maxime Darquier ne cherchent pas la pitié, mais l’empathie. Ils transforment leur drame personnel en un acte militant, presque politique. Ils nous forcent à regarder en face une réalité que notre société préfère souvent ignorer. Leur prise de parole a été saluée par une vague de soutien et de bienveillance, de la part d’anonymes comme de personnalités, prouvant à quel point ce sujet est universel et combien la parole est libératrice.

Derrière les sourires professionnels et l’assurance que requiert leur métier, ce couple de journalistes nous rappelle qu’ils sont, avant tout, des êtres humains, avec leurs joies, leurs espoirs et leurs failles. Leur dignité dans l’épreuve est une leçon. Leur courage de « trouver les mots et la forme » est une main tendue à tous ceux qui, dans l’ombre, cherchent encore les leurs. Leur petite fille est peut-être partie rejoindre les étoiles, mais sa courte existence aura permis d’allumer une lumière sur un sujet qui en a désespérément besoin.