Jean Imbert face aux accusations de violences : quand les témoignages brisent le silence

Depuis plusieurs mois, le nom de Jean Imbert, chef cuisinier star révélé par Top Chef et aujourd’hui aux commandes de prestigieuses cuisines, est éclaboussé par des accusations graves. Ce qui n’était au départ que des rumeurs et des confidences anonymes a pris une toute autre ampleur en août 2025, lorsque l’ancienne Miss France Alexandra Rosenfeld a décidé de témoigner à visage découvert. Sa prise de parole a ouvert une brèche, libérant d’autres récits, tout aussi inquiétants, de femmes qui affirment avoir partagé la vie du chef.

 


 

Quand une ancienne Miss France sort de l’ombre

Dans les colonnes du Parisien, Alexandra Rosenfeld a confirmé qu’elle était bien “Éléonore”, ce prénom d’emprunt utilisé il y a quelques mois par le magazine ELLE pour publier un témoignage anonyme. Cette fois, elle a choisi d’assumer publiquement ses accusations. La révélation est d’autant plus marquante qu’Alexandra n’est pas une personnalité anonyme : ancienne reine de beauté, compagne actuelle du journaliste Hugo Clément, elle bénéficie d’une notoriété qui rend son récit difficile à étouffer.

 

Elle affirme que Jean Imbert lui a cassé le nez lors d’une dispute, en lui assénant un coup de tête. Un geste brutal qui, selon elle, s’est produit devant témoins. Pour appuyer sa version, elle a publié sur Instagram la radiographie de son nez fracturé. Cette image, froide et clinique, a eu l’effet d’un électrochoc. Le témoignage ne repose plus seulement sur des mots, mais aussi sur une preuve tangible.

 

La riposte de Jean Imbert et de son entourage


 

Confronté à ces accusations, le camp du chef n’a pas tardé à réagir. Son équipe de communication reconnaît le coup de tête, mais en donne une lecture différente. D’après eux, il s’agissait d’un geste involontaire, survenu alors que Jean Imbert tentait de se dégager d’Alexandra qui l’aurait empoigné. “Il en regrette profondément les conséquences pour elle”, ont-ils ajouté, avant de qualifier leur relation d’”insoutenable”, marquée par des insultes et des crises récurrentes.

 

Cette stratégie de défense n’a pas suffi à calmer la tempête. Bien au contraire : le fait même de reconnaître l’incident, même avec une version atténuée, donne du poids au récit d’Alexandra Rosenfeld. Et surtout, son témoignage a ouvert la voie à d’autres.

 

Une ex-compagne brise à son tour le silence

Parmi celles qui ont décidé de parler, il y a Lila Salet, qui affirme avoir fréquenté Jean Imbert en 2012. Son récit est glaçant : “Moi, j’ai été séquestrée, il m’a frappée et jeté du champagne dans les yeux. À chaque fois que je partais, il entrait dans des folies furieuses. J’avais peur de mourir quand il était dans cette folie.” Ces mots traduisent une détresse profonde et laissent entrevoir un climat de violence psychologique et physique extrême.

 

Elle insiste aussi sur le caractère manipulateur du chef : “Il n’a aucune compassion, tout ce qu’il fait est calculé et il est toujours la victime des autres.” Une description qui renvoie à la figure classique du pervers narcissique, concept souvent évoqué dans les affaires de violences conjugales.

 

La question de l’image et des responsabilités


 

Au-delà des récits individuels, se pose désormais une question plus large : comment réagiront les employeurs et partenaires de Jean Imbert face à ces accusations ? Le chef est aujourd’hui l’un des visages les plus médiatisés de la gastronomie française, associé à des établissements prestigieux et à des marques de luxe. “Comment continuer à le protéger après ce nouveau témoignage ?”, interroge Lila Salet. Cette question, posée publiquement, met directement la pression sur les enseignes qui misent sur son image.

 

Le monde de la gastronomie, souvent perçu comme un univers de prestige, n’échappe pas à cette réalité : l’image des chefs n’est pas seulement culinaire, elle est aussi commerciale. Or, les révélations qui s’accumulent risquent de rendre son maintien en vitrine difficilement tenable.

 

Des témoignages qui se recoupent

Un autre élément frappe les observateurs : la similitude des récits, malgré les années qui les séparent. “On a toutes des profils différents, mais on témoigne des mêmes procédés à douze ans d’intervalle”, explique une ancienne compagne. Ces témoignages, posés bout à bout, dessinent le portrait d’un schéma répétitif : violences, manipulations, crises de rage au moment des ruptures, et un besoin constant de salir l’image des femmes qui s’éloignent de lui.

Pour les victimes, l’espoir est désormais que la justice s’empare de l’affaire. “Qu’attend la justice pour ouvrir une enquête ? Qu’une femme se suicide ou soit tuée ?”, s’interroge une ex-compagne. Ce cri d’alarme révèle l’urgence ressentie par celles qui ont vécu ces situations.

Le contraste d’un témoignage à contre-courant

Toutefois, il serait réducteur de dire que toutes les femmes passées par la vie de Jean Imbert décrivent la même réalité. Sa compagne la plus récente a, au contraire, défendu son image. En mai 2025, dans Le Parisien, elle affirmait : “Jamais, en quatre années passées à vivre à ses côtés, je n’ai été victime ou témoin de quelconque comportement qui pourrait s’apparenter à de la violence physique, psychologique ou verbale.” Ce témoignage, minoritaire, ne peut effacer les autres, mais il ajoute une complexité supplémentaire à l’affaire.

Faut-il y voir une évolution du comportement du chef ? Une différence de dynamique dans la relation ? Ou un simple hasard ? Ces questions restent sans réponse, mais elles nourrissent le débat autour de la fiabilité des témoignages et de la multiplicité des vécus.

L’impact de ces révélations sur la carrière de Jean Imbert pourrait être considérable. Dans un univers où l’image publique est centrale, les accusations de violences conjugales représentent un séisme. Les grandes maisons de luxe, partenaires de longue date, vont-elles maintenir leur confiance ? Les émissions de télévision vont-elles continuer à lui offrir une tribune ?

 

Ce qui se joue dépasse le cas individuel : il s’agit aussi de la manière dont la société française choisit de traiter les accusations de violences faites aux femmes, notamment quand elles concernent des personnalités influentes. La vague #MeToo a déjà montré à quel point ces affaires peuvent redessiner des carrières du jour au lendemain.

 

Entre déni, défense et appel à la justice

Jean Imbert, de son côté, continue de nier toute intention violente. Sa défense repose sur l’idée que ses gestes seraient des réactions, des maladresses, des conséquences d’une relation explosive. Mais pour ses anciennes compagnes, ces explications ne sont qu’un écran de fumée. Elles dénoncent un système de domination, une violence installée, et surtout un refus constant de reconnaître la gravité de ses actes.

 

Aujourd’hui, le dossier se retrouve à la croisée des chemins. Les témoignages se multiplient, les preuves commencent à circuler, et la pression médiatique monte. L’opinion publique s’interroge : combien de temps encore la justice restera silencieuse ?

 


 

Le poids du silence brisé

Si l’affaire Jean Imbert fait tant de bruit, c’est aussi parce qu’elle met en lumière un sujet encore trop souvent enfoui : la difficulté des victimes à parler, à être crues, à obtenir réparation. En choisissant de dévoiler son identité, Alexandra Rosenfeld a fait un pas symbolique qui a permis à d’autres de suivre. Son geste est devenu un déclencheur, une façon de dire que le silence n’est plus une option.

 

Mais ce courage individuel ne suffit pas. La suite dépendra des institutions, de la justice, et de la capacité des milieux professionnels à ne pas fermer les yeux. Car derrière les paillettes de la gastronomie et les projecteurs des émissions de télévision, ce sont des histoires de femmes, de souffrances et de survie qui se racontent.

 

Au final, l’affaire dépasse largement le seul cadre de la vie privée de Jean Imbert. Elle interroge notre rapport collectif à la violence conjugale, notre tolérance sociale face aux comportements destructeurs, et la responsabilité des marques et institutions qui choisissent leurs ambassadeurs. La question est simple, mais brutale : que vaut la réputation d’un chef face à la souffrance de celles qui l’accusent ?

 

À l’heure où les témoignages continuent de s’accumuler, une certitude s’impose : cette affaire ne disparaîtra pas par le simple jeu des communiqués de presse. Elle exige des réponses claires, de la transparence, et surtout, la reconnaissance de la parole des victimes. Car si le silence a longtemps protégé certains, il semble bien qu’il soit en train de se briser, morceau par morceau.