Un an après le drame, Kendji Girac se confie : “Je me sens apaisé”, la confession d’un survivant

Il y a des dates qui marquent une vie au fer rouge, des anniversaires dont on se passerait volontiers. Pour Kendji Girac, le 22 avril en est une. Il y a un an, la France découvrait avec effroi la chute de son idole, blessé par balle dans des circonstances troubles sur une aire d’accueil de gens du voyage à Biscarrosse. Après le chaos, la peur et les gros titres, un long silence a suivi, nécessaire à la reconstruction. Aujourd’hui, un an plus tard, ce silence est rompu par quelques mots, simples mais d’une résonance immense : “Je me sens apaisé”. Cette phrase, confiée à Paris Match, n’est pas une simple déclaration ; c’est le point final d’un chapitre sombre et le début d’une nouvelle vie.

L’homme qui s’exprime aujourd’hui n’est plus tout à fait le même. La blessure physique a cicatrisé, mais c’est la guérison de l’âme qui est la plus spectaculaire. Le Kendji d’avant, celui qui avouera aux enquêteurs avoir “simulé un suicide” dans un geste désespéré pour retenir sa compagne, semble loin. Il a laissé place à un homme plus mûr, introspectif, qui a regardé la mort en face et a décidé de choisir la vie, pour de bon.

Cet apaisement, il l’a puisé loin du tumulte, dans un retour aux sources et à l’essentiel. Conscient d’être passé “à côté de la catastrophe”, il a opéré une transformation radicale. Fini les excès, l’alcool, les addictions qui l’avaient rongé et isolé, le poussant à commettre l’irréparable. Le chanteur a compris que son pire ennemi n’était pas la pression médiatique ou les tourments amoureux, mais bien lui-même. Ce combat intérieur, il l’a mené avec une détermination féroce, soutenu par le pilier indéfectible de sa famille.

Au cœur de cette renaissance, il y a, bien sûr, sa fille, Eva Alba. Si, au moment du drame, la peur de la perdre a paradoxalement nourri son geste insensé, c’est aujourd’hui pour elle, et par elle, qu’il vit. Chaque moment passé à ses côtés est un rappel de ce qu’il a failli anéantir. Elle est son “deuxième souffle”, son ancre dans le réel. C’est en se voyant dans ses yeux d’enfant qu’il a compris qu’il n’avait plus le droit de flancher. La paternité est devenue sa rédemption, le sens ultime d’une existence qui en avait cruellement manqué.

Revivre le drame, un an après, n’est pas chose aisée. Mais Kendji l’aborde avec une lucidité nouvelle. Il ne cherche plus à se cacher derrière des excuses. Il assume sa part de responsabilité dans cet engrenage toxique. Cette honnêteté est la clé de son apaisement. En acceptant ses failles, il s’est donné la permission de se pardonner et d’avancer. La thérapie n’a pas été que psychologique, elle a été existentielle. Il a dû réapprendre à s’aimer, à gérer la dualité entre l’immense star adulée et l’homme simple issu de la culture gitane, un équilibre qu’il avait perdu.

Cet apaisement se reflète aussi dans ses projets. La célébration de ses dix ans de carrière, avec une autobiographie et une tournée à venir, a pris une tout autre dimension. Ce ne sera pas seulement une fête, mais le témoignage d’une survie. Chaque note chantée sur scène aura la saveur d’une victoire. Chaque mot écrit dans son livre, “Mi Vida”, sera une confession pour aider, peut-être, ceux qui traversent les mêmes ténèbres. Il ne s’agit plus seulement de divertir, mais de partager une expérience, de transformer la douleur en un message d’espoir.

Le chemin a été long. Les premiers mois ont été marqués par une convalescence stricte, des soins pour son poumon perforé, mais surtout par la nécessité de se sevrer et de faire le vide. Il a dû réapprendre à vivre sans les béquilles artificielles qui le maintenaient debout tout en le détruisant de l’intérieur. Ce processus, invisible pour le public, a été sa plus grande bataille. Une bataille gagnée grâce à une discipline de fer et à l’amour des siens.

Aujourd’hui, quand Kendji Girac dit “Je me sens apaisé”, il faut entendre tout le poids du chemin parcouru. C’est l’apaisement du survivant qui a compris la valeur de chaque instant. C’est la sérénité de celui qui a touché le fond et qui a trouvé la force de remonter, non pas indemne, mais plus fort. La cicatrice sur son thorax lui rappellera à jamais la folie d’une nuit d’avril. Mais elle est désormais le symbole, non pas de sa faiblesse, mais de son incroyable résilience. Un an après, l’idole blessée a laissé place à un homme debout, prêt à écrire le deuxième chapitre de sa vie. Le plus important.