Mort de Jacques Charrier, l’homme qui a survécu à l’ouragan Bardot
Il restera à jamais figé dans l’imaginaire collectif comme le “deuxième mari de Brigitte Bardot”. Une étiquette réductrice, presque cruelle, qu’il a portée toute sa vie comme un vêtement trop lourd. Jacques Charrier, qui s’est éteint ce jeudi 4 septembre 2025 à l’âge de 88 ans dans sa retraite de Saint-Briac-sur-Mer, fut pourtant bien plus que cela. Il fut un jeune premier prometteur du cinéma français, un père aimant qui a mené un combat rare pour son époque, et enfin un artiste peintre qui a trouvé dans le silence de son atelier la paix que le tumulte du show-business lui avait volée. Sa vie fut un roman, une tragédie grecque sous les flashs des paparazzis, l’histoire d’un homme qui a connu la lumière la plus aveuglante avant de choisir délibérément l’ombre pour se reconstruire.
Né à Metz en 1936, Jacques Charrier a d’abord la beauté insolente des jeunes dieux du cinéma. Un regard bleu perçant, des traits fins, un charisme ténébreux. Formé aux arts décoratifs puis au conservatoire, il est rapidement repéré. Marcel Carné le lance en 1958 dans “Les Tricheurs” aux côtés d’une jeunesse dorée et talentueuse. Son ascension est fulgurante. Il incarne une nouvelle vague d’acteurs, moins lisses, plus intellectuels. Mais sa carrière et sa vie vont basculer sur un tournage, celui de “Babette s’en va-t-en guerre” en 1959. Sur le plateau, il rencontre une tornade blonde, une icône planétaire : Brigitte Bardot.
Le coup de foudre est immédiat, absolu, destructeur. BB, qui se remet à peine de son divorce avec Roger Vadim, tombe éperdument amoureuse de ce jeune acteur de 23 ans. Lui est fasciné, happé par ce phénomène qui dévore tout sur son passage. Leur mariage, le 18 juin 1959, à Louveciennes, est le paroxysme de la folie médiatique. Assiégés par des centaines de photographes, les fiancés vivent un cauchemar. La cérémonie vire à l’émeute. C’est le début d’une passion qui sera entièrement vécue sous l’œil insatiable du public. Bardot dira plus tard que la presse a tué leur amour. Elle n’avait sans doute pas tort.
Très vite, l’idylle se fissure. Bardot tombe enceinte, une grossesse qu’elle ne désire pas et qu’elle qualifiera plus tard dans ses mémoires de “tumeur”. Jacques Charrier, lui, est dépassé par le statut de son épouse. Il est “Monsieur Bardot”, un accessoire de la star. Sa carrière d’acteur, pourtant prometteuse, est éclipsée. La naissance de leur fils, Nicolas-Jacques, le 11 janvier 1960, est un événement planétaire mais ne parvient pas à souder le couple. La pression est trop forte, leurs natures trop différentes. Jacques Charrier, décrit comme un homme sensible et angoissé, fait une tentative de suicide. Le couple explose. Le divorce est prononcé en 1962, après seulement trois ans d’une union vécue comme un sprint infernal.
C’est ici que Jacques Charrier va mener le combat de sa vie, un combat qui le définit bien plus que ses films ou son mariage. Dans la France des années 60, il demande et obtient la garde exclusive de son fils. Un fait rarissime pour un père. Il décide d’élever Nicolas loin du tourbillon médiatique et de l’influence d’une mère qui peine à assumer son rôle. Il se remarie, fonde un foyer stable, et se consacre à ce fils qu’il veut protéger à tout prix. Ce choix courageux lui vaudra le respect de certains, mais aussi une longue et douloureuse brouille avec son ex-épouse.
Le conflit atteindra son paroxysme en 1996, lors de la publication des mémoires de Brigitte Bardot, “Initiales B.B.”. Les mots crus de l’actrice sur sa grossesse et son fils sont d’une violence inouïe. Blessés au plus profond d’eux-mêmes, Jacques et Nicolas Charrier attaquent en justice et obtiennent la condamnation de Bardot pour “violation de l’intimité de la vie privée”. C’est une victoire judiciaire et morale, mais elle laisse des cicatrices indélébiles.
Parallèlement, la carrière de Jacques Charrier au cinéma s’essouffle. Il tourne encore quelques films dans les années 70, fonde une société de production, mais le cœur n’y est plus. Le cinéma, c’est le monde qui l’a broyé, qui l’a dépossédé de son identité. Il décide de tourner la page, radicalement. Il quitte Paris, ce théâtre des vanités, et s’installe en Bretagne. Là-bas, il renoue avec sa première passion : la peinture.
Cette seconde vie sera sa véritable résurrection. Loin des caméras, il trouve enfin l’apaisement. Dans son atelier, face à ses toiles, il n’est plus l’ex-mari, l’acteur déchu. Il est un créateur. Ses œuvres, inspirées par ses voyages et les civilisations antiques, connaissent un succès d’estime, puis une reconnaissance solide. Il expose, il vend. Il a réussi sa reconversion, prouvant qu’il existait une vie après Bardot, une vie choisie, sereine et créative.
La mort de Jacques Charrier clôt le chapitre d’un homme au destin singulier. Il aura connu la gloire la plus éclatante et la plus toxique, l’amour le plus médiatisé et le plus douloureux. Il aura été un jeune premier éblouissant avant de devenir un père-courage discret, puis un artiste accompli. Il aura passé une grande partie de son existence à fuir une image qui lui collait à la peau, celle d’un prince consort sacrifié sur l’autel de la célébrité. Son histoire est un avertissement sur la puissance dévastatrice de la gloire, mais aussi un formidable exemple de résilience. En choisissant la peinture et le silence, Jacques Charrier a finalement réussi à peindre son propre portrait, celui d’un homme libre.
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