Kendji Girac : Le cri de la vie à 30 mètres du sol – Comment des vacances à Antibes scellent sa renaissance

Le son est un mélange assourdissant de musique pop, de cris stridents et du vrombissement mécanique des attractions. Une odeur de barbe à papa et de pop-corn flotte dans l’air chaud d’une fin de journée d’août sur la Côte d’Azur. Au milieu de cette cacophonie joyeuse, une silhouette s’élève dans le ciel, de plus en plus haut, jusqu’à n’être qu’un point suspendu entre le bleu du firmament et les lumières scintillantes du parc d’attractions. Dans cette nacelle, un homme crie. Mais ce n’est pas un cri de peur. C’est un cri de libération, un cri de vie. Cet homme, c’est Kendji Girac. Et ce moment, bien plus qu’une simple montée d’adrénaline, est le symbole puissant d’une renaissance inespérée.

Quelques mois à peine après avoir traversé la plus sombre période de son existence, le chanteur a choisi le soleil d’Antibes pour se reconstruire, littéralement, sous les yeux des siens. Accompagné de sa compagne Soraya et de leur fille, la petite Eva Alba, Kendji s’est offert une parenthèse enchantée, une bulle de normalité après le chaos. Les vacances en famille, un rituel estival pour des millions de personnes, ont pris pour lui une dimension quasi sacrée. Chaque rire de sa fille, chaque promenade main dans la main avec sa femme sur le sable chaud, chaque instant de quiétude est une victoire sur les démons du passé. Mais Kendji n’est pas homme à se contenter de la tranquillité. Pour prouver, à lui-même avant tout, qu’il était de retour, il lui fallait affronter une peur, se jeter dans le vide pour mieux se sentir vivant.

C’est ainsi qu’il s’est retrouvé au cœur d’Antibes Land, attiré par une de ces machines infernales conçues pour tester les limites des plus téméraires. Le choix n’est pas anodin. Grimper, être projeté, ressentir cette peur primaire et délicieuse à la fois, ces “sueurs froides” comme le décrivent les témoins, c’est une manière de reprendre le contrôle. Les sueurs froides, il les a connues dans une chambre d’hôpital, dans l’incertitude et la douleur. Aujourd’hui, il choisit de les provoquer, de les maîtriser, de les transformer en un souvenir de joie et de courage partagé en famille. C’est une métaphore saisissante de son parcours : après être tombé au plus bas, il s’élève, porté par l’amour et une volonté de fer.

Pour comprendre la portée de ce geste, il faut revenir en arrière. En avril 2024, la France apprenait avec stupeur la nouvelle de sa blessure par balle. Un drame intime, violent, qui a fait basculer la vie de l’artiste adulé. S’en sont suivies des semaines de convalescence, de silence, de rééducation physique et psychologique. Une épreuve terrible durant laquelle son roc, son ancre, fut ce qu’il appelle tendrement “sa meute” : sa famille. Soraya, sa discrète mais infaillible compagne, et leur fille Eva Alba, sont devenues sa raison de se battre. Dans la solitude de sa chambre, il s’est fait une promesse : celle de revivre, plus intensément, plus consciemment, pour elles.

Ces vacances à Antibes sont l’aboutissement de cette promesse. Ce n’est pas une fuite en avant, mais une affirmation sereine de son retour. Les témoins le décrivent comme aminci, mais le visage éclairé d’un sourire sincère. Loin de se cacher, il a profité de la douceur de vivre azuréenne, s’attablant dans des restaurants amis, savourant une normalité qui lui a tant manqué. Voir cet homme, qui a frôlé la mort, s’amuser comme un enfant, chercher le frisson au sommet d’un manège, est un message d’espoir bouleversant. C’est la preuve que même les blessures les plus profondes peuvent cicatriser, et que la lumière finit toujours par percer l’obscurité.

La présence de sa fille Eva Alba à ses côtés donne une dimension encore plus poignante à cette scène. C’est pour elle qu’il a écrit l’une de ses plus belles chansons, “Eva”, bien avant le drame. Aujourd’hui, chaque parole résonne avec une force nouvelle. C’est dans ses yeux qu’il puise sa force, pour elle qu’il veut être un exemple de résilience. En l’emmenant dans ce parc d’attractions, il ne lui offre pas seulement un souvenir de vacances ; il lui montre, par l’action, que la vie est faite pour être embrassée, que la peur peut être surmontée et que son père est de retour, plus fort qu’avant.

Cette escapade estivale est aussi une étape cruciale avant son grand retour sur scène. Car Kendji, l’artiste, renaît en même temps que l’homme. Il prépare activement une tournée événement pour célébrer ses dix ans de carrière, une décennie de succès fulgurants qu’il a failli ne jamais pouvoir fêter. Ces moments de joie pure emmagasinés sous le soleil d’Antibes sont le carburant dont il a besoin pour remonter sur scène et retrouver son public. Un public qui ne l’a jamais abandonné, lui envoyant des milliers de messages de soutien durant sa convalescence. Ce retour sera sans aucun doute chargé d’une émotion nouvelle, d’une authenticité brute. Le chanteur à la voix dorée aura désormais des fêlures, et c’est peut-être ce qui le rendra encore plus grand.

En définitive, cette attraction à sensations fortes à Antibes est bien plus qu’une anecdote de vacances de star. C’est un acte fondateur. Le point final d’un chapitre douloureux et la première page d’un nouveau livre. L’homme qui est monté dans cette nacelle n’est plus tout à fait le même que celui qui est entré à l’hôpital quelques mois plus tôt. Il est un survivant qui a choisi de ne pas seulement survivre, mais de vivre pleinement. En criant au sommet, face au vide, Kendji Girac n’a pas seulement défié la gravité ; il a crié son amour pour la vie, pour sa famille, et a scellé sa spectaculaire et inspirante renaissance.