Jean-Marie Bigard : entre chute, courage et renaissance à 70 ans

À soixante-dix ans, Jean-Marie Bigard n’a rien perdu de son énergie, de son franc-parler ni de son goût pour la scène. Depuis plusieurs mois, l’humoriste parcourt la France avec son nouveau spectacle au titre évocateur : J’arrête les conneries. Un nom qui, à lui seul, résume tout le paradoxe du personnage : provocateur, excessif parfois, mais profondément attaché à la sincérité et à la vérité du rire. Pour ses fans, cette tournée devait marquer le grand retour d’un Bigard en pleine forme, fidèle à lui-même, après des années marquées par des polémiques, des prises de position publiques et quelques ennuis de santé.

Mais voilà que le destin en a décidé autrement. Il y a quelques jours, l’artiste a été victime d’un malaise soudain. Selon son entourage, il aurait chuté lourdement avant d’être transporté d’urgence à l’hôpital dans la nuit. L’incident, sans gravité vitale heureusement, a néanmoins forcé l’humoriste à suspendre temporairement sa tournée. Plusieurs dates prévues dans les semaines à venir ont dû être reportées, au grand regret de ses admirateurs qui avaient déjà réservé leurs places depuis des mois.

La nouvelle, annoncée par son équipe de production, a provoqué une vague d’émotion sur les réseaux sociaux. Les messages de soutien se sont multipliés : « Repose-toi Jean-Marie, on t’attend sur scène », « Le public sera là quand tu seras prêt », pouvait-on lire en commentaires. Car, malgré les controverses qui ont souvent entouré sa carrière, Bigard conserve un lien indéfectible avec son public, un lien fait de fidélité et de respect mutuel.

Dans une courte vidéo publiée depuis sa chambre d’hôpital, l’humoriste est apparu affaibli mais souriant. « Bon, les amis, j’ai fait un petit malaise. Rien de grave, mais j’ai pris une bonne gamelle. Je vais me retaper, et je reviens très vite. Promis ! », a-t-il déclaré d’une voix légèrement tremblante mais pleine d’humour. Fidèle à sa réputation, il n’a pas pu s’empêcher de conclure sur une note ironique : « On dit que les vieux ne tombent pas amoureux, moi je tombe tout court ! »

Cette autodérision, typiquement bigardienne, illustre parfaitement la philosophie de vie de l’artiste : ne jamais se laisser abattre, même dans l’adversité. Car Jean-Marie Bigard est de ceux qui avancent coûte que coûte, même lorsque le corps commence à rappeler que le temps passe.

Né à Troyes en 1954, Bigard a connu une ascension fulgurante dans les années 1990. Ses sketchs cultes — Le Lâcher de salopes, La Chauve-souris, Le Dictionnaire médical — sont devenus des classiques de l’humour populaire français. Derrière le comédien à la verve provocante, il y a toujours eu un observateur lucide de la société, capable de mêler la grossièreté à la tendresse, la moquerie à l’humanité.

Mais cette carrière hors normes n’a pas été un long fleuve tranquille. Les dernières années ont parfois été plus sombres : des ennuis de santé, des polémiques politiques, une hyperexposition médiatique que certains ont jugée excessive. Pourtant, chaque fois, Jean-Marie s’est relevé, fidèle à sa devise : « On ne tombe jamais pour rien. Ce qui compte, c’est de se relever. »

Aujourd’hui, après ce nouvel accident, il semble plus déterminé que jamais à revenir sur scène. Son épouse, la comédienne et humoriste Lola Marois, veille attentivement sur lui. Très présente sur les réseaux sociaux, elle a remercié le public pour ses messages d’affection : « Jean-Marie se repose, il a besoin de récupérer. Mais il est déjà en train d’écrire des blagues sur les infirmières… C’est bon signe ! »

Selon les proches du couple, l’humoriste devrait pouvoir reprendre sa tournée dans quelques semaines, le temps de retrouver la pleine forme. En attendant, il profite de cette pause forcée pour revoir certains détails de son spectacle. « Il veut que chaque mot soit juste, chaque passage ait du sens », confie un collaborateur. J’arrête les conneries n’est pas seulement une série de sketchs : c’est aussi une réflexion sur l’âge, sur la société et sur le regard qu’on porte sur soi quand on a vécu mille vies.

Car Bigard, malgré son image de trublion, n’a jamais cessé de se remettre en question. Ses proches décrivent un homme profondément sensible, souvent blessé par les critiques, mais toujours animé par une passion viscérale pour le public. « Le jour où je ne ferai plus rire personne, je raccroche », a-t-il souvent répété. Et visiblement, ce jour n’est pas encore arrivé.

Ce nouvel épisode rappelle simplement que même les plus forts ont parfois besoin de lever le pied. À 70 ans, Jean-Marie Bigard n’a plus rien à prouver, ni comme artiste ni comme homme. Il a fait rire plusieurs générations, parfois choqué, souvent ému, mais toujours marqué les esprits. Son parcours est celui d’un résistant, d’un homme libre dans ses mots et dans ses choix.

Lorsqu’il reprendra la route, il y a fort à parier que son public l’accueillera avec une ovation particulière. Non pas seulement pour le comédien, mais pour l’homme debout, celui qui, malgré les chutes, continue d’avancer. « J’ai encore des conneries à arrêter, mais pas le rire », disait-il récemment.

Et c’est peut-être cela, au fond, le vrai message de Jean-Marie Bigard : tant qu’on peut rire, on est vivant. Et tant que lui est vivant, il fera rire.