Bardella comparé à Hitler par le service public : “On doit rire ou pleurer ?” (Pascal Praud)

La scène politique et médiatique française traverse une crise de légitimité sans précédent. Tandis que l’actualité est rythmée par des outrages médiatiques frôlant l’absurde, la réalité du terrain se cogne au mur d’un laxisme judiciaire systémique, payé par le prix du sang. Deux réalités, apparemment distinctes, se rejoignent pour dessiner un même tableau : celui d’une élite déconnectée qui, par idéologie ou par incurie, refuse de voir la réalité en face, laissant les citoyens aux prises avec un sentiment d’injustice et d’insécurité croissant.
L’onde de choc vient d’un plateau de service public, où une émission prétendument d’analyse a osé le parallèle, la comparaison nauséabonde entre Jordan Bardella et Adolf Hitler. La séquence, d’une nullité d’inculture sidérante, a soulevé une question que l’éditorialiste Pascal Praud a posée avec une fatigue palpable : « On doit rire ou pleurer ? ».
L’Anathème de la Diabolisation : L’Ombre d’Hitler Invoquée pour Éviter le Débat
L’émission incriminée s’est aventurée sur le terrain glissant de l’« effet Von Papen », suggérant que le patronat se rapprocherait de Bardella dans l’idée de « contrôler son cerveau » parce qu’il est « jeune » et « n’y connaît rien ». Le parallèle historique, bien que non explicitement formulé par les mots, renvoie implicitement à l’accession au pouvoir d’Hitler. C’est le syndrome de la réduction à Hitler, un procédé rhétorique usé jusqu’à la corde, qui vise à diaboliser l’adversaire plutôt qu’à analyser son succès.
Comme l’a justement souligné Joseph Macé-Scaron, l’analogie est historiquement erronée : Hitler n’est pas arrivé au pouvoir par les urnes, mais par un coup d’État. Plus encore, l’argumentaire s’écroule devant l’histoire elle-même, rappelant que même le prince Louis-Napoléon, qualifié de « crétin » par Thiers, est resté au pouvoir pendant dix-huit ans, devenant Napoléon III. Ces tentatives de manipulation intellectuelle ne font que souligner une chose : l’incapacité, voire le refus, d’une partie de l’élite médiatique et politique de comprendre le « pourquoi » du succès grandissant du Rassemblement National (RN).
« Est-ce qu’on peut arrêter de faire ce qu’on appelle la réduction à Hitler ? », s’est insurgée Charlotte Dornelas. En refusant d’aborder les sujets qui font le succès du RN, on ne fait que « bloquer la situation politique ». Il y a là une stratégie consciente d’« idéologie » et une « volonté de contrôler le récit », de « définir le périmètre de la respectabilité démocratique », comme l’a analysé Joachim Gatti. Une stratégie qui, ironiquement, mène le RN à des scores records, contredisant un récit qui ne tient plus face à la réalité.
Cette diabolisation prend même un tour personnel et malsain, comme en témoigne la croisade idéologique du financier Mathieu Pigasse contre le RN, et par extension contre les médias qui donnent la parole aux questions qu’il préférerait voir invisibilisées. Le fait qu’il finance des médias qui préparent des portraits à charge, se demandant si Pascal Praud est un « fachaud », et que l’émission C’est dans l’air soit produite par une filiale qui lui appartient, montre une dérive où l’influence et l’idéologie se substituent à la neutralité et au journalisme objectif. Marine Le Pen, dénonçant un « combat revendiqué et obsessionnel » qui n’a pas sa place sur le service public, a mis le doigt sur une évidence : il y a là un mépris profond, non seulement pour le leader du RN, mais pour les millions d’électeurs qu’il représente.
Mathis, la Tragédie de l’Ordinaire et la Lenteur Indécente des Médias

Pourtant, pendant que l’élite s’épuise dans des comparaisons historiques fallacieuses, la réalité frappe à la porte avec une brutalité implacable. L’histoire de Mathis, un étudiant de dix-neuf ans fauché mortellement à Lille, est le symbole tragique des failles criantes du système judiciaire français.
Mathis, né en Haïti et adopté par une famille aimante, travaillait pour financer ses études. Il avait échappé à la « barbarie généralisée » de son pays natal pour se confronter à la « barbarie ordinaire » de la France, comme l’a si bien formulé Joseph Macé-Scaron. Le chauffard qui l’a tué était un multirécidiviste de trente-et-un ans, connu des services de police pour seize antécédents, incluant séquestration et torture. Il était en liberté, conduisait sans permis, et sous protoxyde d’azote au moment du drame, après un refus d’obtempérer et un délit de fuite.
C’est là que le discours s’emballe et se fait le plus percutant. Face à l’horreur, la mère de Mathis, d’une dignité extrême, implore l’État : « Pourquoi ce type est encore en liberté ? ». La question est simple, mais elle déchire le voile de la complexité politicienne : « À partir de quel moment on dit à quelqu’un tu ne sors plus ? ».
Pour Pascal Praud, la réponse est claire : Mathis serait vivant si ce multirécidiviste n’avait pas été remis en liberté. C’est l’essence même du débat sur le laxisme judiciaire et l’« hyperpermissivité » qui mine le pays, un manque de « volonté politique » pour les « politiques de rupture dont le pays a besoin ».
L’autre scandale, c’est celui du silence médiatique. Alors que CNews est la seule chaîne à ouvrir sur ce drame dès le dimanche matin, les grandes chaînes comme TF et France Deux n’en parlent qu’à partir du lundi, l’AFP n’envoyant sa première dépêche que le lundi en fin d’après-midi. Ce silence n’est pas un oubli, il est la preuve d’une sélection idéologique des « bonnes » et des « mauvaises » victimes, une volonté d’« invisibiliser » une réalité qui dérange. Le drame de Mathis, comme celui de tant d’autres, révèle la peur de nommer la délinquance et la récidive, par crainte de « faire le jeu » du RN. La dignité des familles de victimes, à l’image d’Harmonie Commun qui, lors des obsèques de son mari gendarme, avait clamé : « La France a tué mon mari », est la seule force capable de briser cette omerta.
Le Crève-Cœur de Patricia Perez : La Justice Défaite par la Loi

Le cas de Mathis, loin d’être un incident isolé, fait écho à la douleur de Patricia Perez, mère d’Adrien, assassiné en deux-mille-dix-huit. Le meurtrier de son fils, initialement condamné à quinze ans de réclusion criminelle pour des coups mortels ayant entraîné la mort sans intention de la donner avec armes, vient d’être libéré après seulement sept ans d’incarcération, grâce à des remises de peine et des aménagements pour « bonne conduite ».
Le choc est total. Patricia Perez a dû supporter que le meurtrier de son fils accumule les permissions de sortie pour « aller faire du sport » ou se « marier » et « attendre un enfant », des chances que son fils n’aura jamais. Elle résume le drame du laxisme avec une question qui se passe de commentaires : « Est-ce que mon fils est moins mort ? ». Son désarroi est d’autant plus grand qu’elle et son mari ont entendu, lors des écoutes, les criminels eux-mêmes s’attendre à ne faire que « sept ou huit ans » de prison. L’impensable : les délinquants connaissent le système, ses failles et ses réductions de peines mieux que les victimes.
Ce n’est pas la personne du magistrat qui est en cause, comme le soulignent les intervenants. Le problème est structurel : c’est la loi qui permet au Juge d’Application des Peines (JAP) de défaire ce que la Cour d’Assises a décidé. Une loi qui crée une « illisibilité de bout en bout » et une suspicion légitime. Il est urgent de changer ces lois, de mettre fin au JAP et de « protéger la société » contre les multirécidivistes, sans quoi le sentiment de peur et d’insécurité ne fera que croître.
Selon une étude, moins de la moitié des Français font confiance à l’institution judiciaire, un chiffre en baisse constant. Plus des deux tiers estiment qu’elle n’est pas assez sévère. Ces chiffres ne sont pas le fruit du hasard, mais la conséquence directe de la multiplication des drames comme ceux de Mathis et d’Adrien, où la justice, par ses mécanismes d’indulgence, renvoie trop rapidement à l’impunité ceux qui sont irrécupérables.
En conclusion, la France est à un carrefour critique. D’un côté, une frange des élites s’accroche à la diabolisation d’un adversaire politique en usant de comparaisons grotesques pour masquer son propre échec. De l’autre, l’institution judiciaire, par son laxisme légalement encadré, offre un boulevard à la multirécidive, mettant en danger la vie de citoyens innocents. Le silence et la sélection médiatique ne font qu’aggraver cette fracture. Seule la « dignité » et le « courage » des familles de victimes, qui refusent de « baisser les yeux » et rappellent le politique à ses responsabilités, sont aujourd’hui capables de forcer la réalité sur la place publique. L’urgence n’est pas au débat idéologique stérile sur la sémantique historique, mais à la protection concrète des Français.
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