L’ÉCRASANTE RIPOSTE : Bardella Pulvérise le Dogme de l’Âge et Défie l’État sur l’Accord Algérien de 1968.

Le débat politique français vient de connaître un de ces moments de bascule, une séquence télévisée où la confrontation, loin de s’enliser dans l’échange habituel de formules, a permis de cristalliser deux visions du monde qui s’opposent avec une virulence croissante. Face aux caméras, Jordan Bardella, le jeune président du Rassemblement National, s’est retrouvé au cœur d’un duel qui a transcendé les simples questions d’actualité pour s’attaquer aux fondations mêmes de l’identité politique française : la souveraineté migratoire, la légitimité par l’âge, et le divorce entre les élites et le peuple. Ce que beaucoup ont qualifié de “pulvérisation” n’était pas seulement une victoire oratoire, mais une déclaration de guerre au conformisme politique qui, selon lui, a mené la France dans une situation “extrêmement difficile”.
Le point de friction initial, et le plus explosif, fut sans conteste la question algérienne. Pour la première fois, le Rassemblement National est parvenu à faire voter à l’Assemblée nationale, à une voix près, une résolution pour dénoncer l’accord franco-algérien de 1968. Bardella, bien qu’acclamant une « victoire symbolique », a pris soin de déconstruire immédiatement la portée juridique de cet acte, un point essentiel pour éviter toute désinformation. Il a rappelé avec fermeté qu’une résolution parlementaire est un acte non normatif, une simple expression politique de l’Assemblée nationale, dépourvue de force juridique contraignante pour le gouvernement.
L’Accord de 68 : Le Symbole d’une Souveraineté Perdue
Toutefois, si l’acte est symbolique, le fond du sujet, lui, est explosif. L’accord de 1968, passé entre l’État français et l’État algérien, est la clé de voûte qui facilite l’immigration algérienne en France, favorisant l’octroi de visas, l’installation de ressortissants et, surtout, une immigration de peuplement et de regroupement familial. Pour le leader du RN, cette facilité est désormais perçue comme un fardeau, une épine dans le pied de la souveraineté française, d’autant plus que le « régime algérien multiplie les provocations ».
Le fer de lance de cette provocation est le chantage sur les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). La France émet des ordres d’expulsion, mais Alger « ne souhaite pas récupérer » ses ressortissants en situation irrégulière. L’analyse des chiffres dévoilée pendant l’échange est sans appel et illustre l’ampleur du dysfonctionnement. Avec environ 140 000 OQTF délivrées en 2024, le taux d’exécution globale plafonne à un misérable 14 %, soit seulement 20 000 retours effectués. Plus alarmant encore, les Algériens se classent au premier rang des interpellations de clandestins, représentant 33 700 individus sur un total de 147 154, devant les Tunisiens et les Marocains.
Face à ce qu’il qualifie de « chantage », l’impératif de Bardella est clair : « La France doit reprendre le contrôle de sa politique d’immigration et les Français doivent reprendre le contrôle de leur destin ». La résolution votée, même sans effet immédiat, devient ainsi le cri d’alarme du Parlement, la « maison du peuple français », sommant le gouvernement de prendre acte et de rompre ces facilitations accordées aux ressortissants algériens.
L’Expertise Contre l’Expérience : La Compétence n’Attend pas 50 ans

Mais c’est sur le terrain de sa propre légitimité que Jordan Bardella a livré l’échange le plus mémorable. Interrogé sur les doutes qui planent sur sa capacité à diriger une puissance mondiale en étant si jeune – « 30 ans pour diriger une puissance mondiale comme la France » – la réplique du président du RN a été un véritable coup de semonce.
Il a d’abord méthodiquement différencié deux notions que l’establishment aime confondre : la compétence et l’expérience. Selon sa doctrine, la compétence « ne dépend pas uniquement du temps passé dans un poste ou d’une accumulation d’années ». Elle est, au contraire, la capacité à mobiliser efficacement des savoirs et des savoir-faire dans une situation donnée. Il est tout à fait possible d’être compétent sans être expérimenté, et inversement, de posséder de l’expérience sans être réellement compétent.
Pour étayer son propos, le jeune homme politique a puisé dans des exemples aussi bien techniques que sportifs. Il a opposé l’ingénieur fraîchement diplômé maîtrisant les technologies les plus récentes à l’ancien collaborateur dont les « connaissances sont devenues aujourd’hui obsolètes ». Il a cité le cas de Kylian Mbappé, « plus compétent sur le plan technique, stratégique et mental » à 19 ans que des joueurs de 30 ans. Pour Bardella, l’expérience peut certes enrichir la compétence, mais elle ne la crée pas automatiquement.
Son argumentaire s’est ensuite mué en une critique acerbe de la technocratie : « Je pense que les Français sont un petit peu revenus de cette expertisation de la vie publique. Depuis 30 ans, les gens qui s’autoproclamaient comme experts se partagent le pouvoir ». Le résultat, selon lui, est une France fragilisée. La maturité politique n’a, selon les mots de Bardella, « rien à voir avec l’âge biologique ».
Il a achevé son assaut par une plongée dans l’histoire monarchique et politique française, rappelant que la grandeur de la nation s’est souvent bâtie sur de jeunes souverains ou des hommes d’action précoces. De Saint-Louis, couronné roi à 12 ans, à Louis XIV qui gouverna à 23 ans, en passant par Napoléon Bonaparte qui prit le pouvoir à 30 ans et « réforma tout l’État, le droit, l’éducation, l’armée, la diplomatie ». L’âge n’a jamais été un critère de grandeur ; seule comptent la vision, la culture et la capacité à décider.
« Si un individu de 30 ans comprend les enjeux du monde, a une vision claire du pays et le courage de l’incarner, il est aussi légitime, voir plus, qu’un dirigeant vieillissant qui n’a que pour seul intérêt la volonté de se faire réélire ». Le défi est lancé : l’âge biologique n’est qu’une coquetterie journalistique face à l’urgence de l’action.
Le Livre et la Voix de la « Vraie Vie »

Au-delà de ces deux fronts majeurs, la présence de Jordan Bardella était aussi l’occasion de présenter son livre, « Ce que veulent les Français ». Il le décrit comme le « journal intime d’un pays » mêlant « colère sourde, lassitude et incompréhension ». Le cœur de l’ouvrage est un constat sévère : le « divorce entre le monde politique et la vraie vie, la vie des Français ».
Le livre est un recueil de confidences de Français choisis – agriculteurs, boulangers, magistrats, policiers – qui, selon lui, représentent cette « France qui est travailleuse, cette France qui se lève tôt » mais que les dirigeants politiques « entendent mais n’écoutent pas ».
Ce sentiment de déconnexion est d’ailleurs étayé par des chiffres. L’évolution de l’abstention sous la Cinquième République montre une tendance générale à la hausse, avec un taux au premier tour de l’élection présidentielle atteignant 26,3 % en 2022. Plus grave encore, le vote systématique aux élections législatives a chuté de 47,6 % en 2002 à 37 % en 2022, tandis que l’abstention systématique progressait. La démocratie s’essouffle.
Face à la critique qui lui a été adressée, à savoir que les 20 portraits choisis sont tous proches des thèses du Rassemblement National, Bardella a sorti l’artillerie lourde statistique. Il a rétabli une vérité qui, selon lui, est masquée par le prisme médiatique : le RN est aujourd’hui en tête dans toutes les catégories socio-professionnelles. S’appuyant sur une étude ELAB sur les élections européennes de 2024, il a démontré la domination du RN : 18 % chez les cadres, 30 % chez les professions intermédiaires, 41 % chez les employés, et 52 % chez les ouvriers, distançant son plus proche concurrent de 2 à 41 points.
« Autrement dit, le Rassemblement National domine dans toutes les couches de la société », une affirmation qui rend la critique de la représentativité de son livre obsolète.
L’Hypocrisie Numérique et la Fracture Générationnelle
Enfin, le débat a brièvement touché à la question de la régulation des réseaux sociaux, soulevant une apparente contradiction entre sa proposition de donner le Prix Sakharov (équivalent du Prix Nobel du Parlement européen) à Elon Musk – au nom de la défense de la liberté d’expression – et sa volonté d’encadrer l’usage de ces mêmes réseaux pour les plus jeunes, allant jusqu’à proposer une interdiction aux moins de 15 ans.
Si Bardella a défendu son choix pour Musk comme un « goût pour l’esprit critique et la liberté d’expression », le contre-argument sur l’interdiction aux moins de 15 ans, développé par l’animateur, fut un plaidoyer puissant contre l’hypocrisie numérique. Bannir l’accès serait une « absurdité » sur les plans éducatif, social, économique et culturel.
En effet, interdire revient à priver une génération d’un outil qui structure la communication, la créativité et l’information. Les réseaux sociaux sont devenus un immense terrain d’apprentissage où des millions de jeunes développent des compétences essentielles en graphisme, musique, commerce ou montage vidéo via des plateformes comme TikTok ou YouTube. D’un point de vue économique et géopolitique, une telle interdiction est qualifiée de « suicidaire », alors que des pays comme les États-Unis, la Chine ou la Corée du Sud encouragent la maîtrise précoce du numérique comme un levier stratégique.
Le débat s’est conclu sur une note de fermeté et d’ambition. Jordan Bardella a non seulement tenu tête sur l’épineuse question algérienne et celle de son inexpérience, mais il a réussi à transformer les attaques en preuves de sa maturité politique et de sa capacité à rompre avec un système usé. En affirmant qu’il fait à 30 ans ce qu’il devrait faire à 50, il lance un message fort : l’heure n’est plus à l’attente, mais à l’action. Son passage laissera une trace durable, non seulement par la nature des sujets abordés, mais par la manière dont il a su défendre la légitimité de la jeunesse face au dogme sclérosé de l’expérience.
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